Artisans de paix dans un monde violent

 Dans Christ Seul

En Matthieu 24.4-8, Jésus décrit ainsi le monde dans lequel les disciples vont vivre : « Vous allez entendre des bruits de guerres proches et des nouvelles sur les guerres lointaines… » et il ajoute qu’ « un peuple combattra contre un autre peuple et un royaume attaquera un autre royaume ». En donnant une telle description, Jésus ne banalise pas la guerre, mais il la décrit comme une expression de la violence qui se vit dans les rapports entre peuples et entités politiques. Cette violence caractérise l’expérience humaine à tous les niveaux. Dans le récit biblique, elle est l’expression d’un bris de relation avec Dieu – le Dieu qui donne la vie et invite à vivre en paix avec lui, les uns avec les autres, et en harmonie avec la création. La violence est liée à ce refus de vivre dans la paix avec Dieu.

LE CHOIX DE LA GUERRE

La guerre en Ukraine dure depuis cinq mois. Un récit évoque les tensions qui préexistaient entre l’Ukraine et la Russie. Ces tensions et ces circonstances n’ont pas conduit inévitablement à la guerre. Une décision a été prise de faire la guerre et de la poursuivre. Parmi les conséquences de cette décision : 4,8 millions de réfugiés déplacés de leurs foyers, des familles séparées, des destructions et des effets économiques touchant le monde entier.

Si nous examinons les guerres et les conflits survenus en Afghanistan, au Yémen et sur le continent africain, nous voyons que chaque guerre a sa propre histoire de tensions, de revendications et d’injustices. Nous affirmons que ce n’est pas le récit – les circonstances – qui conduit inévitablement à la guerre, mais que la guerre est le fruit de la décision d’un État ou d’un groupe d’introduire la violence dans ces circonstances.

LA VIOLENCE, PARTOUT

Nous voyons partout dans le monde des manifestations de violence. Cette violence, expression de notre besoin de réconciliation avec Dieu et les uns avec les autres, touche tous les niveaux de la vie humaine, les relations entre États, la société, nos relations personnelles, même l’Église. Nous pouvons parler de la guerre en Ukraine ou ailleurs comme d’une situation injuste et destructrice qui se passe en dehors de notre contexte, mais cette guerre doit aussi nous rappeler le besoin de répondre à la violence qui s’exprime autour de nous et qui nous habite. Ainsi, vivre comme artisans de paix dans un monde violent est un engagement qui touche les situations loin de nous et qui nous transforme dans notre façon de vivre là où nous nous trouvons.

LA BONNE NOUVELLE DE LA RÉCONCILIATION

Crédit image : Nowshad Arefin

Si nous portons notre attention sur le message biblique, nous voyons que, si nous sommes appelés à vivre comme artisans de paix, c’est parce que Dieu est l’Artisan de paix. Dans un monde marqué profondément par la violence, Dieu prend l’initiative de construire la paix. Paul écrit en Romains 5.10 : « Nous étions les ennemis de Dieu, mais il nous a réconciliés avec lui par la mort de son Fils ». Dans son amour, Dieu nous ramène à la paix avec lui, couvrant nos fautes et notre violence.

Nous sommes appelés à entrer dans la paix établie à la croix. Dans sa lettre aux croyants d’Éphèse, Paul dit : « Par sa mort sur la croix, le Christ les a tous réunis en un seul corps et les a réconciliés avec Dieu ; par la croix, il a détruit la haine » (2.16). Paul s’adresse à une communauté qui cherche à saisir de quelle façon les chrétiens d’arrière-plan juif et ceux d’arrière-plan non-juif peuvent former un seul peuple dans l’amour et dans la paix. En Jésus-Christ ils sont rassemblés et tout mépris motivé par l’arrière-plan est défait. Dans notre contexte, nous pouvons comprendre que Jésus-Christ, par son œuvre de réconciliation, défait toute expression de mépris pouvant nous séparer, quel que soit son fondement. Cette vérité est simple, mais puissante, nous appelant tous et toutes à un changement d’attitude et de comportement.

AGIR EN ARTISANS DE PAIX

En Matthieu 5.9, Jésus parle de ceux « qui répandent la paix autour d’eux ». Il s’agit clairement d’une action, d’une façon de vivre qui a comme effet de répandre la paix que Dieu donne dans un monde marqué par la violence. Ceux et celles qui vivent de cette manière démontrent qu’ils sont les enfants de Dieu. Jésus n’a pas dit que ceux qui avaient la bonne théologie concernant la paix seraient appelés enfants de Dieu (même si une théologie de la paix peut nous guider et nous motiver dans notre façon de vivre). Il n’a pas dit que ceux qui saisissaient tous les éléments socio-politiques liés aux conflits seraient appelés enfants de Dieu (même si cette compréhension peut nous guider dans notre manière d’aider). Au-delà des commentaires ou discussions sur des situations de guerre, nous sommes appelés à construire la paix. Comme le dit Hauerwas, « on ne peut pas dissocier l’œuvre de la théologie de la vie et des pratiques de l’Église »¹.

Laissons le message biblique nous informer et nous transformer, continuons à construire une théologie de la paix qui soit fidèle à l’appel de Christ et qui nous inspire à vivre comme artisans de paix.

 

Note : Cet article est une adaptation d’une conférence donnée le 21 mai 2022 à Montréal dans le cadre des activités du Centre d’études Service Paix Réconciliation de l’ÉTÉQ.

¹ Stanley Hauerwas, Advice to Christian theologians, p. 234

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