Les mennonites congolais écrivent l’histoire de leur Église

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Á l’initiative d’Anicka Fast, un atelier d’écriture était organisé du 20 au 24 mars 2023 à l’intention des mennonites congolais, afin de les sensibiliser et les former à mettre par écrit l’histoire de leur Église.

Article de Charly Ntumba Malembe, écrivain, enseignante et membre de l’Église mennonite du Congo.

Initié par Anicka Fast, docteure en théologie, l’atelier d’écriture de l’histoire de l’Église à l’intention des mennonites congolais, tenu du 20 au 24 mars 2023 au Centre universitaire Missiologique à Kinshasa, est la toute première initiative de ce genre en République Démocratique du Congo.

La sélection des seize participants (dont deux assistants) était basée sur un système de points selon lequel les meilleurs candidats — parmi un total de 40 demandes — étaient choisis. Pour ma part, quand j’ai reçu les formulaires d’inscription, j’ai hésité à postuler. Mais une voix intérieure ne cessait de me rappeler chaque jour : « Vas-y, Charly, qui sait ? Peut-être que tu seras sélectionnée. » J’étais parmi les derniers, peut-être même la dernière, à envoyer ma candidature. Le jour où Dr. Anicka m’a contactée pour me dire la bonne nouvelle, j’ai pleuré des larmes de joie.

Anicka Fast intervient lors de l’atelier. Photo par Flore Kabeya

Le but de cet atelier était de développer les talents d’écrivains et d’historiens congolais en les équipant avec les outils nécessaires pour écrire les biographies des mennonites (hommes et femmes) qui ont contribué à l’émergence de l’Église mennonite en RD Congo. Réalisé par deux éminentes enseignantes, Dr. Anicka Fast (ouvrière avec Mennonite Mission Network) et Dr. Michèle Sigg (directrice exécutive du Dictionnaire Biographique des Chrétiens d’Afrique ou DIBICA, www.DACB.org), en collaboration avec Maurice Matsitsa du Ministère Laïc Protestant (MILAPRO) de la CEFMC, l’atelier a bénéficié d’un soutien financier et logistique de plusieurs organisations dont la Fondation Schowalter, le CUM, Mama Makeka House of Hope (MMHH), le Comité central mennonite (MCC) et Africa Inter-Mennonite Mission (AIMM). Le résultat a été une collaboration entre Églises mennonites congolaises (CMCo, CEFMC, et CEM).

L’atelier a commencé avec un culte d’ouverture où le révérend Matwala a officié. L’orateur, le Rév. Mupepe, représentant provincial de la CEFMC pour la ville de Kinshasa, a prononcé le mot d’ouverture et a loué l’initiative. Il était précédé par le Rév. Vunda Michel, représentant provincial de la CMCo. Monsieur Maurice Matsitsa, coordinateur et l’un des participants, a présenté les autorités ecclésiastiques.

Pour commencer le programme, Dr. Michèle nous a raconté l’histoire de Lydie Mengwelune (1886-1966, Cameroun) — un témoignage puissant dans le DIBICA qui nous a inspiré à prêter attention aux autres pionniers dans notre manuel. Sa présentation sur l’Église primitive et médiévale en Afrique a jeté de la lumière sur un chapitre peu connu de notre histoire. C’était la toute première fois qu’on apprenait qu’il y avait aussi des pionniers noirs, hommes et femmes, dans l’implantation du christianisme en Afrique.

Temps d’échanges entre les participants de la CEFMC. Photo par un des participants

L’histoire de l’Église mennonite au Congo enseignée par Dr Anicka Fast a beaucoup attiré l’attention des participants dont la majorité savaient toujours que la première mission a débuté à Djoko-Punda. Grâce à son enseignement, nous avons appris les détails de cette histoire. Nous sommes capables maintenant de tenir même des conférences dans nos communautés sur l’histoire de l’Église.

L’atelier a présenté plusieurs points forts. D’abord, le fait de réunir les membres des trois communautés mennonites parmi lesquelles il y avait une diversité de langues (groupes ethniques), d’âges, et de provinces de provenance (Kasai, Kasai Oriental, Sud-Kivu, Kwilu, Kinshasa) nous a réellement prouvé que nous sommes un seul corps en Jésus-Christ.  L’amour et l’unité du groupe étaient formidables. L’humoriste Papa Mihala nous faisait éclater de rire à tout moment surtout lors de nos travaux pratiques.

Deuxièmement, la candidature des femmes était très encouragée par les organisatrices. Nous avons vu la considération de ce projet envers les femmes : il y avait deux femmes enseignantes, une cheftaine du village[1], cinq femmes sur seize participants, et la cuisine était coordonnée par les femmes. C’est la toute première fois qu’une femme était cheftaine du village dans un atelier mixte où il y avait des autorités ecclésiastiques dans le groupe. C’est un très bon souvenir pour moi, la cheftaine, de diriger même nos autorités ! Les femmes se sont senties très valorisées dans cet atelier et sont sorties du complexe d’infériorité qui nous ronge quotidiennement. Inspirées par cette première expérience, les femmes se sentent capables d’assumer n’importe quelle responsabilité dans nos communautés mennonites en particulier et la société en général.

Le culte matinal était un autre moment fantastique. L’esprit du Seigneur était présent durant notre atelier et dans les merveilleux chants de chaque jour. Parfois, j’interrompais mes enseignantes pour animer les participants fatigués. Dieu était au rendez-vous durant notre formation.

En conclusion, les différentes leçons dispensées par nos deux enseignantes nous ont encouragé à demeurer toujours des chrétiens mennonites au service du Seigneur Jésus-Christ. Nos autorités ecclésiastiques ont beaucoup apprécié l’initiative et souhaitent la continuité de ce projet d’atelier sur l’écriture de l’histoire de l’église. Nous, les participants, nous avons bien maîtrisé les normes scientifiques de cette formation et nous sommes déjà à l’œuvre sur le terrain. Nous anticipons avec impatience de voir nos œuvres publiées par la maison d’édition Langham et dans DIBICA.

Que Dieu bénisse le travail de nos mains!

 

[1] Le “chef du village” est le représentant de la classe qui aide les enseignants à être ponctuels.

Photo de couverture : « Charly Malembe se réjouit de recevoir son diplôme. » Photo par Flore Kabeya

La version originelle de cet article a paru dans le numéro d’avril 2023 du Journal biographique des chrétiens d’Afrique.

Les participants à l’issue de l’atelier

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