Implanter une Église : Perspectives et témoignages anabaptistes
Le nouveau Dossier de Christ Seul sur l’implantation d’Églises traite d’un paradoxe et d’un questionnement. Le paradoxe : pourquoi, en tant que mennonites, avons-nous si peu contribué à la croissance remarquable en nombre des Églises évangéliques ces 50 dernières années ?¹ Nous bénéficions pourtant de deux stimulants notables : l’héritage du mouvement anabaptiste du 16e siècle, qui s’est répandu comme une traînée de poudre dans toute l’Europe en quelques années, et, plus récemment, la redécouverte par la vision anabaptiste d’une théologie où l’Église, la communauté des disciples, est centrale dans le projet de Dieu.
AU-DELÀ DES IMPLANTATIONS HISTORIQUES
Le fait est là : les Églises mennonites de France ont de la peine à se projeter au-delà du Grand Est et de la région parisienne. Les quelques tentatives d’implantation n’ont pas toutes été couronnées de succès (Montmorillon, Lamorlaye, Champvallon-Bethoncourt). De plus, il a été longtemps « tabou » d’évoquer l’implantation de nouvelles Églises, de peur que les Églises plus petites ne bénéficient de moins de ressources. Quoi qu’il en soit, ce n’est qu’en 2012 que l’association des Églises et le comité chargé de la mission à l’étranger se sont mobilisés pour s’interroger sur leur présence en France au-delà des implantations historiques, en créant mission.fr. La contribution du chapitre 2 témoigne de cette intention sans exclure le soin aux petites Églises. L’Église de Pontarlier (chap. 3) en est directement issue. Celle de Bellegarde/Valserhône (chap. 4) indirectement, portée par une vision historique de l’Église voisine de Saint-Genis-Pouilly.
QUEL TYPE D’ÉGLISE ?
Mais c’est du Royaume-Uni que nous parvient un questionnement radical (chap. 1) : « Faut-il suivre le schéma d’implantation dominant, en Grande-Bretagne et bientôt en France ? », demande Stuart Murray. Ce schéma visant à multiplier les Églises sur un modèle unique, et dans les quartiers et les régions qui attirent, fait penser à un marché de la spiritualité à saisir. S’inspirer des anabaptistes, pour cet ex-professeur d’un séminaire baptiste à Bristol, c’est se détourner de ce marché, plutôt accompagner les formes émergentes d’expression de la foi et implanter des Églises pionnières en milieu urbain ou rural peu attractif.
Ce livre n’est donc pas une conclusion à l’implantation d’Églises, mais un défi qui se présente à la génération montante des mennonites de France.
Le livre peut être commandé ici.
¹ Globalement, le nombre des adultes baptisés se maintient à 2000 membres, mais ne grandit pas.