Petite introduction impertinente à l’épître de Jacques
Jacques n’a pas toujours été un grand admirateur de son frère Jésus (voir Jn 7.3-5 et Mt 13.55- 58), mais l’Esprit de Dieu a agi en lui. Il est devenu pasteur de l’Église de Jérusalem (Ac 15.13, Ga 1.19, 2.9) et un vis-à-vis de service précieux pour l’apôtre Pierre (Ac 12.17, 15) et pour l’apôtre Paul (Ac 15.13 ; 21.19, Ga 1.19).
Quand Jacques se présente, il ne se fait pourtant pas mousser en soulignant sa qualité de frère de Jésus, de pasteur de l’Église de Jérusalem ou de collaborateur de Pierre et Paul. Il se présente sobrement et intentionnellement comme un serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ, puis passe rapidement à ce qu’il souhaite transmettre. Il adresse un courrier pratique et percutant aux chrétiens d’origine juive dispersés dans le monde entier. À travers sa lettre, il s’adresse au monde entier.
UNE SPIRITUALITÉ ANCRÉE

Crédit photo : Silas Baisch
Dans son courrier, Jacques aborde un bouquet de thèmes qui concernent la foi et le contenu de la vie chrétienne : le besoin de sagesse et la maîtrise de soi dans les situations de pression, la persévérance dans l’épreuve, le contrôle de la langue, les problématiques liées aux discriminations, le juste rapport à la richesse et à la pauvreté, la relation indissociable entre la foi et les œuvres, la prière, ainsi que la repentance et l’humilité devant Dieu.
Si la lectrice ou le lecteur peut avoir l’impression d’un collier de perles sans lien solide entre elles, comme le sous-entendait Martin Luther, il devient rapidement évident que tous ces thèmes émergent d’un solide socle de spiritualité concrète et dynamique. Dans un sens, Jacques rappelle l’enseignement de Jésus dans le Sermon sur la montagne aux chrétiens éparpillés, tout en y mettant sa touche.
Jacques annonce que la foi chrétienne est avant tout une affaire de cœur et de mains, de foi et d’œuvres. Le cœur informe le corps, mais, à l’inverse aussi, le corps nourrit le cœur. Son invitation à vivre une foi qui infuse toutes les dimensions de la vie est remarquablement d’actualité. Il appelle à une vie transformée par l’amour de Dieu et sa justice. Dans un monde où les paroles sont souvent creuses, l’appel de Jacques reste aussi pertinent et provocant qu’il l’était il y a 2000 ans.
JACQUES A DIT
Si le ton est léger au départ, Jacques gagne en force d’interpellation lors de chaque passage en revue des sujets. L’auteur traite d’un thème, puis d’un autre, et encore d’un autre, puis revient au premier tout en tissant progressivement une toile qui sous-tend les aspects essentiels de la vie.
Jacques utilise de nombreuses images dont l’intemporalité surprend pour illustrer ses propos. Certaines sont issues de la nature : les vagues de la mer, les oiseaux, les reptiles, les poissons et les bêtes sauvages, les olives et les figues, l’éclipse et les variations du soleil, la langue, le corps et la respiration. D’autres issues d’éléments du quotidien : les navires, le miroir, le mors, le feu, la sécheresse, l’anneau d’or et les vêtements magnifiques.
UNE FOIS QUE TU L’AS VU,TU NE PEUX PLUS L’IGNORER
Jacques met ses lectrices et ses lecteurs au défi de vivre leur foi au quotidien, dans tous les aspects de la vie. Regarde-toi dans le miroir de la Parole, et n’oublie pas ce que tu as vu, dit-il ! Il faudrait vraiment manquer de discernement pour se regarder dans le miroir, voir quelque chose qui a besoin d’être rectifié, et ne pas le faire. Alors, oseras-tu te regarder dans le miroir de la lettre de Jacques et agir conformément à ce que tu y as vu ?
POUR ALLER PLUS LOIN…
Une série de 22 méditations suivies sur l’épître de Jacques, proposée par Marie-Noëlle Yoder, est à écouter sur le podcast biblique bibletunes : https://bibletunes.com/fr