La mission, de celle à papa à celle de la génération Z…

 Dans Christ Seul

Engagé dans la mission depuis les années 1980, Paul Solomiac dépeint les mutations générationnelles survenues dans le champ missionnaire. L’arrivée des « zoomers » est porteuse de défis, mais aussi de l’espoir d’un nouveau souffle.

Tu connais la génération Z ? Les médias les appellent aussi « les zoomeurs ». Il s’agit des jeunes qui sont nés entre la fin des années 1990 et le début des années 2010. La génération Z suit la génération Y. Quand ces jeunes sont nés, la communication numérique s’était déjà imposée dans notre monde. Ce sont de véritables « autochtones du numérique » : ils ont été exposés à Internet et aux médias sociaux dès leur plus jeune âge. On dit de la génération Z que c’est la première génération véritablement mondiale, c’est-à-dire qu’ils ont plus en commun avec leurs pairs dans le monde entier qu’avec les générations précédentes dans leur propre pays. Certains spécialistes de la mission estiment que cette connectivité mondiale peut être l’occasion pour l’Église de trouver un nouveau souffle pour la mission. La question est bien sûr de savoir comment les équiper et les guider pour répondre à l’appel de Dieu à s’engager dans un contexte de collaboration mondiale et durable.

L’ENGAGEMENT À L’ÉPREUVE D’ASPIRATIONS NOUVELLES

Crédit photo : Nicolas Lobos

Martine et moi appartenons à la génération des baby-boomeurs qui a suivi la « génération silencieuse » et précédé la « génération X ». Lorsque nous sommes arrivés sur le champ missionnaire au Burkina Faso en 1986, nous n’avions pas encore 30 ans et la plupart de nos collègues appartenaient à la même génération. Les plus anciens représentaient certainement les moins silencieux de leur génération. Leur foi et leur engagement ont été pour nous une source d’inspiration dans notre cheminement. Mais il est vrai aussi que les mutations que la mission a connues dans les années 1990 ont été pour eux sources de malaises et de frustrations, en particulier lorsque les positions de leadership sont de plus en plus passées entre les mains de Burkinabè.

Lorsque nous nous sommes installés au village, nous avons un peu galéré, mais persévéré, avec les conditions de vie que nous nous étions imposées, sans eau courante, sans électricité, avec peu de loisirs. Mais lorsque les collègues de la génération X sont arrivés, ils n’ont même pas cherché à se démarquer du mode de vie de leur génération. La vie au village était trop compliquée, ils ont accumulé les changements d’affectation jusqu’à des affectations à distance, plus confortables… Peu sont encore sur le champ aujourd’hui.

LES MILLÉNIAUX ENTRE CONTINUITÉ ET INNOVATION

Puis la génération de nos enfants est arrivée, la « génération Y ». Aujourd’hui, alors que nous nous retirons, nous observons que l’équipe missionnaire de SIL au Burkina est principalement constituée de baby-boomeurs de notre génération et de milléniaux de la génération Y, la génération X ayant déserté depuis longtemps. Les baby-boomeurs comme nous auront tous quitté le bateau avant 10 ans. Je prie pour les collègues de ma génération encore actifs au Burkina et je remercie Dieu pour les milléniaux comme ma collègue Pamela à Ouaga, Joy et sa famille à Bamako et Hannah à Bobo. Comme le travail de traduction de la Bible exige une formation conséquente dans les sciences humaines et bibliques, nous n’avons pas encore croisé beaucoup de jeunes missionnaires de la génération Z, même si nous en connaissons plusieurs qui ont sincèrement la mission à cœur. Certain(e)s sont de jeunes adultes, d’autres sont en train de le devenir.

PROMESSES ET FRAGILITÉS D’UNE GÉNÉRATION CONNECTÉE

Certains chercheurs comme James Choung de InterVarsity Christian Fellowship (les groupes bibliques universitaires internationaux) se sont intéressés à la théorie générationnelle de Strauss-Howe¹qui étudie l’histoire américaine (avant de l’appliquer à tout le monde occidental) comme un cycle récurrent de quatre générations.

Ainsi, la génération silencieuse, celle des baby-boomeurs, les générations X, Y et Z se succèdent et présentent chacune des traits communs avec ses points forts, un appel pour certains types d’engagement et des idéaux bien spécifiques. Choung² valide l’aspect récurrent du cycle de quatre générations. Il reconnaît par exemple dans la génération Z des traits communs à la génération silencieuse : leur critique d’un christianisme qui manque de beauté, leur sensibilité aux questions d’injustice et d’exclusion à la manière des défenseurs des droits civiques issus de la génération silencieuse. C’est aussi la génération la plus sécularisée, la plus apte à être « évangélisée » par le monde.

Selon Choung, inviter cette génération à s’engager dans l’entreprise missionnaire exige de comprendre leur culture et de bien les accompagner au travers des turbulences morales du monde d’aujourd’hui.

¹William Strauss et Neil Howe, Generations: The History of America’s Future, 1584 to 2069, New York, 1991.
² James Choung, Bringing Open Hearts to Engage Generation Z, Evangelical Mission Quarterly, volume 58, n°4, 2022.

 

Pour aller plus loin…

Qu’est-ce qui caractérise les chrétiens de la génération Z ? Découvrez les résultats d’une enquête menée auprès de 8304 jeunes de 20 pays : enquete-genz-emq

 

 

 

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