Dietrich Bonhoeffer : l’espérance de la résurrection comme force de résistance

 Dans Christ Seul

Dietrich Bonhoeffer – Images de sa vie © Gütersloher Verlagshaus, Gütersloh

Dietrich Bonhoeffer est né le 4 février 1906 à Breslau, dans une famille de huit enfants. Il a grandi dans un milieu privilégié, instruit et libéral. Il obtient son baccalauréat à 17 ans et sa thèse de doctorat en théologie à 21 ans sur le thème « Communion des saints ». Au cours de son travail, il est arrivé à la conclusion suivante : Dieu veut une histoire de la communauté des hommes, et pas seulement l’histoire d’individus. Pour lui, il est clair que Jésus est l’homme pour les autres, et pour l’Église, il s’agit de participer à la souffrance du monde. Le royaume de Dieu n’est pas seulement présent dans la foi, mais dans la vision.

À 24 ans, il est nommé maître de conférences à Berlin et consacré pasteur. S’ensuivent un temps de service à Barcelone, puis un séjour à New York. C’est là qu’il découvre la théologie sociale, la prière, l’importance de la Bible – et en particulier le Sermon sur la montagne. Il écrit à son frère : « Je crois qu’en fait, je ne serais sincère intérieurement que si je commençais vraiment à prendre le Sermon sur la montagne au sérieux. C’est là que se trouve la seule source de force. » Il est également très impressionné par les cultes gospel des Églises afro-américaines.

RÉSISTANCE ACTIVE

Très tôt, Bonhoeffer exprime des critiques à l’égard du national-socialisme. En 1933, il publie l’essai Die Kirche vor der Judenfrage (L’Église face à la question juive), dans lequel il exige de son Église une prise de position claire : se distancer de la haine et de la persécution des juifs et opposer une résistance active. En 1935, il adhère à l’Église confessante. On connaît sa célèbre déclaration après la nuit de pogrom du Reich : « Seul celui qui crie pour les juifs peut chanter en grégorien. » Bonhoeffer utilise ses nombreux contacts internationaux pour informer sur les conflits internes à l’Église en Allemagne et pour mettre en garde contre la politique nationale-socialiste.

Lors de la conférence œcuménique sur la paix à Fanø (Danemark) en 1934, il prononce dans une méditation des paroles qui ne pourraient pas être plus actuelles : « Comment se fait la paix ? Qui appelle à la paix pour que le monde l’entende, soit obligé de l’entendre, que tous les peuples doivent s’en réjouir ? (…) Seul l’unique grand concile œcuménique de la sainte Église du Christ du monde entier peut le dire de telle sorte que le monde doive entendre, en grinçant des dents, la parole de paix et que les peuples se réjouissent parce que cette Église du Christ, au nom du Christ, prend les armes des mains de ses fils, leur interdit la guerre et proclame la paix du Christ sur le monde en furie. »

En 1936, son autorisation d’enseigner à l’Université de Berlin lui est retirée. Trois ans plus tard, il part aux États-Unis afin d’échapper à la menace d’une mobilisation militaire. Contre l’avis de nombreux amis, il retourne en Allemagne en juillet 1939. Dans une lettre, il explique : « J’en suis arrivé à la conclusion que j’ai fait une erreur en venant en Amérique. Je dois vivre la période difficile de notre histoire nationale avec les chrétiens d’Allemagne. Je n’aurai pas le droit de participer à la restauration de la vie chrétienne en Allemagne après la guerre si je ne partage pas les épreuves de cette période avec mon peuple. »

ARRESTATION ET EXÉCUTION

Début avril 1943, Bonhoeffer est arrêté et incarcéré à la prison de Berlin-Tegel. Ici, il est encore relativement privilégié : les visites sont possibles, il peut écrire. C’est là que sont rédigés ses impressionnants témoignages d’un devenir chrétien « d’ici-bas ». Sous le titre Résistance et soumission seront publiées dès 1951 des lettres et des notes. Peu d’autres livres théologiques contenant des témoignages personnels ont eu un impact plus durable sur les lecteurs du monde entier.

Après l’échec de l’attentat contre Hitler le 20 juillet 1944, Bonhoeffer est transféré début octobre dans la tristement célèbre cave de la Gestapo de la Prinz-Albrecht-Strasse, presque sans aucun contact avec le monde extérieur, avant d’être emmené au camp de concentration de Buchenwald et finalement exécuté par pendaison le 9 avril 1945 au camp de concentration de Flossenbürg.

UNE « PIÉTÉ VERS LE MONDE  »

Pendant mes études, j’ai eu le privilège de dé couvrir certains de ses écrits. La confiance inébranlable de Dietrich Bonhoeffer en Dieu et sa piété profonde m’ont impressionné et durablement marqué. Par exemple, l’idée que ce n’est pas l’acte religieux qui fait le chrétien, « mais la participation à la souffrance de Dieu dans la vie séculière ». En découvrant la vie et la pensée de Bonhoeffer, je suis devenu pieux autrement – « pieux dans le monde » !

Le 19 décembre 1944, dans sa lettre de Noël adressée à sa fiancée depuis la prison, il lui dédie le poème suivant : « Protégé merveilleusement par les forces du bien… » Les mots de ce poème peuvent être compris comme une synthèse de sa vie. Ce texte a été mis en musique par plus de 70 compositeurs. Dans notre livre de cantiques mennonites, le chant se trouve sous le numéro 272 avec la mélodie d’Otto Abel. Il devient la boussole de l’espérance pascale. Dans notre situation mondiale brisée et incertaine, les paroles des sept strophes nous encouragent à ne pas abandonner l’espoir et l’engagement pour le monde : « Nous le savons, ta lumière brille dans la nuit. » Les paroles de ce chant peuvent nous encourager, en cette année jubilaire, à vivre l’amour inconditionnel et illimité de Dieu – à la suite du Juif de Nazareth, dans la force de celui qui est ressuscité de la mort – dans et pour notre monde. « Dieu est avec nous le soir et le matin, et certainement à chaque nouveau jour. »

 

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