Devenir parents : une vocation à discerner

 Dans Christ Seul

Le désir d’enfant est une question intime et complexe, qui touche à la fois à la psychologie, à la culture et à la relation de couple. Pour les chrétiens se pose aussi la question du projet de Dieu. Avoir ou non des enfants ? Combien ? Et pourquoi ?

La question d’avoir ou pas un enfant, ou des enfants, nous invite tout premièrement à évoquer le désir d’enfant et la manière complexe dont il se construit.

• Sur le plan psychologique, le désir d’enfant est souvent lié à la construction de soi, au sentiment de maturité ou d’accomplissement. Le modèle parental reçu, les relations avec ses propres parents ou la fratrie influencent le rapport à la parentalité. L’enfant peut être perçu comme une continuité de soi, un moyen de transmettre quelque chose de soi.

• Sur le plan social et culturel, avoir des enfants peut être vu comme une étape normale de la vie adulte. On sait également que les attentes des proches ou de la société peuvent peser dans la décision d’un couple. Les questions traditionnelles : « Alors, c’est pour quand les enfants ? » peuvent mettre une certaine pression, et plus le couple avance en âge, plus la question devient difficile à recevoir.

• Sur le plan relationnel, le projet d’enfant peut naître dans une dynamique amoureuse, comme un prolongement du lien entre les partenaires. Il est donc important de se sentir prêt émotionnellement et matériellement.

• Sur le plan biologique, certaines personnes évoquent un appel naturel ou hormonal surtout à certains âges. Il est à noter que chez les femmes, la conscience du temps fertile peut influencer le désir.

L’APPEL BIBLIQUE À LA FÉCONDITÉ

La Bible aborde la fécondité comme une bénédiction : « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre » (Gn 1.28). Est-ce que cette invitation nous concerne tous ? L’apôtre Paul insiste, lui, dans 1 Corinthiens 7, sur le fait que certains sont appelés au célibat ou à d’autres formes de fécondité spirituelle. Dans un monde où le désir d’enfant se heurte aux inquiétudes matérielles, au changement climatique, à la montée de la violence – « Dans quel monde nos enfants vont-ils grandir ? » –, la question d’avoir ou pas des enfants préoccupe aussi les couples chrétiens.

Il est à rappeler que dans la vision chrétienne, un enfant n’est pas un projet ou un besoin personnel à combler, mais un don de Dieu, une bénédiction. Le psaume 127.3 nous dit : « Voici, des fils sont un héritage de l’Éternel. Le fruit des entrailles est une récompense. » Un enfant est une personne confiée à ses parents pour qu’ils l’aiment, l’éduquent et l’accompagnent vers sa propre liberté et sa relation à Dieu.

LE CHEMIN SINGULIER DE CHAQUE COUPLE

Crédit photo : Jessica Rockowitz

Mais avoir des enfants n’est pas obligatoire. Certaines personnes ou couples chrétiens peuvent ne pas pouvoir en avoir, ou ne pas se sentir appelés à cela. Ce n’est pas un échec spirituel. Ce désir mérite d’être discerné dans la prière, le dialogue avec Dieu et éventuellement avec un accompagnateur spirituel. Lorsque le désir peut se concrétiser, cela ne signifie pas avoir un nombre maximum d’enfants, mais vivre une disponibilité intérieure à accueillir un enfant si cela est possible et juste. C’est une attitude de générosité, mais aussi de réalisme. Le nombre d’enfants est une décision à prendre en conscience, en considérant les capacités physiques, émotionnelles, spirituelles et matérielles du couple. Dieu n’attend pas un quota. Il attend un amour vécu pleinement, dans la vérité et la confiance. Avoir un enfant est une mission. Le nombre d’enfants n’a de sens que s’il est enraciné dans un amour véritable entre les époux. Ce n’est pas une performance ou une norme sociale, mais un appel à faire grandir la vie dans un climat de don mutuel. Chaque couple étant différent, chaque situation est donc différente.

L’AMOUR COMME BOUSSOLE

Il est important de se méfier de deux pensées extrêmes : la logique consumériste ou individualiste qui consisterait à faire des choix d’enfant, ou du nombre d’enfants, avec la logique de ne pas trop déranger mon style de vie ; et la pression nataliste ou idéologique qui laisserait penser que pour être de « bons chrétiens », il faut avoir des enfants et si possible plusieurs. Ces deux pensées ne respectent ni la logique du couple, ni la dignité de l’enfant comme personne.

La vraie question se résume alors de la manière suivante : comment sommes-nous appelés à aimer, à accueillir la vie et à servir Dieu dans notre réalité concrète ? C’est une question à toujours porter dans la prière et le dialogue respectueux entre les époux.

 

Anabelle Meurie est psychologue et psychothérapeute.

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