De l’image à la Parole
Plus que toute autre, la fête de Noël semble être une source inépuisable d’inspiration pour les artistes. Je vous entends fredonner Voici Noël, Minuit chrétien ou un autre chant du riche répertoire de nos Églises ! Ce thème évoque peut-être aussi pour vous les tableaux de la Nativité. Ces œuvres-là ornent habituellement les églises catholiques.
Car si la musique et le chant occupent traditionnellement une place importante dans la vie de nos assemblées (cf. p. 8), les arts visuels y ont été, jusqu’à une période récente, beaucoup plus discrets. Les mennonites partageaient en effet la réticence du protestantisme à l’égard des images, celles-ci étant associées au risque de l’idolâtrie par les réformateurs.
Mais les temps changent. Le monde protestant et évangélique s’ouvre de plus en plus à l’expression visuelle, qu’il s’agisse de peinture, de photo, de vidéo ou de bande dessinée. Ici et là, des expositions d’oeuvres d’artistes chrétiens, des expériences de live painting ou des méditations faisant dialoguer oeuvre d’art et récit biblique (p. 10) sont proposées, et appréciées. Les Éditions Mennonites participent à ce mouvement, d’abord avec Christ Seul qui s’est progressivement enrichi d’images, puis avec la publication d’un manga en 2021 et d’une BD en 2025.
Cette évolution semble naturelle : nous vivons aujourd’hui dans un monde d’images, alors pourquoi pas à l’Église ? Communiquer, prêcher ou évangéliser à l’aide de visuels est devenu la norme. L’intérêt pour ces formes d’expression répond aussi à la redécouverte et à la valorisation de la dimension incarnée, sensible, émotionnelle de la foi. Comme la musique, la peinture ou le cinéma peuvent toucher des coeurs bien plus profondément qu’un discours. L’émotion suscitée prépare le terrain où la Parole peut germer. Les artistes chrétiens sont, à leur manière, des témoins de l’Évangile.
L’apport indéniable des œuvres visuelles ne doit cependant pas faire oublier les raisons des anciennes réticences. Les images ont, plus que jamais, le pouvoir de séduire et de manipuler. Aussi sont-elles à recevoir et à utiliser avec discernement, en veillant à la finalité de leur usage : servir la Parole, et non la masquer
