Une réalité incontournable

 Dans Christ Seul, Explorer

Il existe en France et en Europe un nombre important d’Églises évangéliques issues de l’immigration, africaine ou asiatique. Coup de projecteur sur les Églises africaines.

La présence en France et à travers l’Union Européenne de chrétiens originaires de l’Afrique n’est plus à démontrer. Ils s’organisent en France depuis 1986 pour devenir aujourd’hui de véritables communautés chrétiennes avec leurs propres dirigeants. En Belgique, ces assemblées comptent le plus grand nombre de chrétiens de tout le pays…

8000 À PARIS !

A Paris et dans sa banlieue, le phénomène des communautés ou Églises issues de l’immigration est en évolution continue. Elles y sont maintenant plus de 200 ! Une croissance d’Églises remarquable en peu de temps, jamais observée en France depuis des dizaines d’années. Elles rassemblent plus de 8 000 fidèles tous les dimanches à Paris.
Le problème des locaux pour la célébration des cultes se pose un peu partout pour ces Églises. Elles ne construisent pas de bâtiments, elles sont locataires de salles de conférences, de salons d’hôtels et de locaux situés dans les zones industrielles. Certaines communautés veulent acheter des lieux de culte, mais les garanties exigées par les banques sont souvent l’occasion de blocage.
Les responsables africains de ces Églises n’aiment pas que l’on les considère comme des Églises « ethniques ». En effet, dans leur grande majorité, on trouve plusieurs nationalités parmi l’assistance. De façon générale, la langue française est utilisée par les prédicateurs pour prêcher, mais les chrétiens chantent aussi en langues d’origine africaine.
Ces croyants de la diaspora viennent grossir le tableau déjà contrasté du protestantisme en Europe. Un grand nombre de chrétiens africains se sont convertis au sein du mouvement du réveil pentecôtiste des années 1960 et 1970 en Afrique centrale et occidentale. La célébration de leurs cultes est marquée par des accents pentecôtistes ou charismatiques.

POURQUOI DES ÉGLISES AFRICAINES EN EUROPE ?

Il y a en France des Églises évangéliques et pentecôtistes dans lesquelles ces Africains auraient pu s’intégrer. Beaucoup l’ont fait, mais plusieurs avancent un certain nombre de raisons qui ont motivé la création d’Églises africaines en Europe : désir de se retrouver entre Africains, avec facilité de communication en langue vernaculaire ; manque d’accueil et de communion fraternels dans les Églises européennes ; cultes moins animés qu’en Afrique…
Par exemple : l’Africain aime saluer, recevoir aussi des salutations, une façon de communiquer l’amour fraternel. De nombreux témoignages d’Africains montrent des situations dans lesquelles ces pratiques ont été ressenties comme des agressions de la part de certains Européens. Pour les Africains, le comportement des missionnaires venus du vieux continent était parfois plus courtois. Un autre exemple concerne les attitudes pendant le culte : dans la culture africaine, rares sont les chants sans danse ! L’addition de ces différents facteurs sans modération conduit à une nuisance insupportable pour l’Européen. Il faut en discuter… !
Mentionnons aussi la durée du culte le dimanche. Dans les Églises évangéliques en France, le culte dure entre une heure et une heure et 30, ce qui paraît trop court aux Africains. Dans leurs communautés, le culte dure trois ou quatre heures. L’on ne se presse pas pour arriver à l’heure indiquée sur le programme, ni pour rentrer à la maison. L’on prend son temps pour se saluer et échanger des nouvelles.

QUEL AVENIR ?

Ces Églises apportent-elles une certaine stimulation à la famille des évangéliques dont elles font partie ? Vont-elles exister durablement ? J’ai entendu certains dire que « les Africains viendront évangéliser l’Europe ». Les décisions concernant l’avenir appartiennent à Dieu. Il y a tant d’autres interrogations qui se greffent sur ces deux questions. Les Africains de la première génération, dans les années 1980, ont créé ces Églises avec une grande spontanéité. L’immigration se poursuit malgré les restrictions administratives. C’est aujourd’hui l’émergence de la deuxième et de la troisième génération. Ce sont de jeunes Français. Leurs parents vivent l’intégration sociale, eux sont intéressés par les questions d’identité.
La France est un champ de mission dit-on. Les Africains se retrouvent encore entre eux. Il est souhaitable qu’ils soient missionnaires parmi les Français. On parle beaucoup ces derniers temps du succès des évangéliques. S’agit-il pour la France des signes de réveil tant attendu ? Dieu seul le sait.

RÉFLÉCHIR AUX RELATIONS INTERCULTURELLES

Il me semble que nos Églises françaises doivent réfléchir aujourd’hui davantage aux questions que pose l’interculturalité dans les assemblées. Quels regards peut-on porter sur les manières de faire des Églises africaines en matière de louange et d’adoration, de jeûne et de prière, de veillées de prière, de séances de guérison avec ou sans parler en langues, d’offrande et de dîme, sans oublier la dimension sociale (solidarité) ? Un observateur a remarqué qu’une large part de l’essor de ces communautés chrétiennes tient à la place centrale donnée au vécu et à l’émotionnel ; c’est vrai. Mais pourra-t-on essayer de le comprendre, si la méfiance en a déjà préjugé ?
Je crois que le moment est venu pour les chrétiens européens et africains en Europe de se rencontrer et de dialoguer à propos de la foi et de la rencontre des cultures, à la lumière de la Bible, et de vivre une vie sainte selon ce que Jésus nous enseigne.

 

BESOINS DE FORMATION
Les pasteurs africains en Europe sont souvent autoproclamés et se basent sur leurs seules expériences spirituelles, sans formation biblique ou théologique. En France, les choses sont en train de changer. À Paris, l’Institut biblique de Nogent a créé en 1997 le département africain de théologie pastorale (dépaf). Les cours ont eu lieu deux samedis par mois pendant trois ans. La Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine organise depuis quelques années des cours groupés pour les pasteurs de la Communauté des églises africaines en France (CÉAF).

 

POUR ALLER PLUS LOIN…

* Bernard Coyault, « Les Églises issues de l’immigration dans le paysage protestant français », Information-Évangélisation 2004/5, octobre 2004, p.3ss.

* Mas Félicien Miangu, «La Mission des Églises africaines en France » dans : Perspectives Missionnaires – Revue Protestante De Missiologie, n° 48, 2004-2. Le site de la revue Perspectives missionnaires

 

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