Vu de ma fenêtre…

 Dans Christ Seul

Quel regard jetons-nous sur le monde qui nous entoure ? Je suis touché, pour ma part, par ce que j’entends, à l’occasion, dans cette poésie urbaine qu’on appelle le slam. Un des « slameurs » les plus connus, Grand Corps Malade, a écrit un texte qui s’appelle : « Vu de ma fenêtre ». Il y raconte ce qu’il voit depuis un logement dans une cité. Le tableau n’a rien d’idyllique. J’en cite quelques extraits :

« Y’a des petits qui font du skate, ça fait un bruit, t’as mal à la tête […]. Je suis aux premières loges pour les arrachages de portables, j’ai une vue très stratégique. […] Vu de ma fenêtre, celui que je vois le plus souvent, c’est Ludo, il est gentil mais quand tu le croises, c’est pas forcément un cadeau […]. C’est le mec qu’on appelle la cerise sur le ghetto ».

Il y a, pourtant, beaucoup de chaleur dans ce regard. On devine, au travers des mots que l’on lit, un monde en plein mouvement. Et tout n’y est pas négatif.

« Parce que oui, vu de ma fenêtre, je vois pas mal d’espoir, quand je vois le petit blond jouer au foot avec le petit noir, quand je vois des gens qui se bougent […] pour sortir de la zone rouge, et pour que la vie vaille le coup d’être vécue. Quand je vois ces deux hommes qui boivent un coup en riant, alors qu’ils sont soi-disant différents, parce que l’un dit « Shalom » et l’autre dit « Salam », mais ils se serrent la main, c’est ça l’âme de mon slam ».

Vision contrastée

Grand Corps Malade

Grand Corps Malade

C’est un monde que je ne connais pas directement. Le premier quartier qui ressemble un peu à ce tableau se situe à un kilomètre de chez moi. Je ne le vois pas de ma fenêtre. Mais cette vision contrastée, qui ne se voile pas les yeux, mais qui n’abdique pas son rêve de fraternité, qui est sensible aussi aux événements positifs, me lance un défi . Savons- nous faire écho, dans notre manière de parler de Dieu, à cette attente d’une vie sociale réconciliée ? Savons-nous rejoindre ce monde de la pauvreté, proche de chez nous ? Savons-nous adopter ce regard bienveillant à l’égard de ces pans de la société qui s’éloignent, inexorablement, de l’abondance qui nous étouffe ?

Broutilles

Vu de ma fenêtre, dans le quartier résidentiel où j’habite, je vois beaucoup de gens qui se rendent malheureux pour des broutilles : parce qu’un arbre dépasse un peu trop, parce qu’un voisin met la radio un peu trop fort, parce que les poubelles sont mal rangées, parce que la ligne téléphonique est en dérangement. Il m’est au moins aussi diff icile de leur parler de Dieu qu’à ceux qui sont reclus dans la pauvreté et dont je ne suis pas familier.

Mais il y a aussi des personnes qui voient plus loin, qui sont sensibles aux autres, y compris à ceux qui n’habitent pas directement sous leur fenêtre. Ceux-là, en général, vont mieux que les autres. Ils sont moins torturés par des soucis futiles. Ils ne sont pas si nombreux, sans doute, mais comme Grand Corps Malade, « je prends ça comme un bon signe, c’est peut-être un espoir infi me […mais je suis] un grand optimiste, c’est une philosophie qui me suit, […]. J’espère donc je suis ».

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