L’Édito : Cécité
Deux ouragans, Katrina et Rita, ont semé la destruction aux Etats-Unis. Colère de Dieu ? Hasard malheureux ? Certains cherchent une cause divine ou tombent dans le fatalisme. Peutêtre faudrait-il ouvrir les yeux… et appeler le prochain ouragan Kyoto, du nom du protocole visant à réduire l’effet de serre et que le gouvernement étasunien refuse de signer… Premiers concernés par les conséquences de nos actes, il nous arrive de ne pas les voir ou de refuser de les voir… A l’heure où les couples sont mis à rude épreuve par des attentes individuelles élevées ou un mode de vie stressant, peut-être faudrait-il ouvrir les yeux… et voir que la carrière professionnelle peut parfois casser un couple ou que la famille peut casser une identité… (pages 4-5).
Il y a des dépendances malsaines, et qui aujourd’hui prennent des formes nouvelles. Internet et ses attraits, la tyrannie du look, peuvent devenir de véritables esclavages si l’on n’y prend garde. Plus classiques, les jeux d’argent continuent à attirer (voir page 12). Peut-être faudrait-il ouvrir les yeux à temps… avant que la dépendance ne s’installe… En Eglise, et sous l’influence d’une compréhension hiérarchique des ministères, l’apport concret et réel du plus grand nombre de personnes à la vie et à la mission de l’Eglise est parfois limité à la portion congrue… Peut-être faudrait-il ouvrir les yeux… et voir le potentiel énorme mais caché de l’ensemble des membres de nos communautés (pages 6-7).
Ce numéro évoque aussi des besoins criants dans le monde : Laos (p. 26-27), République Démocratique du Congo (p.28), dette de pays pauvres (p.29) ou plus près de chez nous, personnes handicapées (pages 32-33 et 36). Nous sommes invités à ouvrir les yeux… pour voir les besoins réels près de nous ou loin de nous. Ouvrir les yeux… Jésus l’a fait pour un homme aveugle de naissance (Jn 9,1-41). Dans un sens, nous sommes tous aveugles de naissance : nous ne voyons pas la pollution que nous causons, ce qui met nos vies en danger, le potentiel de nos Eglises ou les besoins autour de nous.
Cette cécité nous étonne chez les autres : ne voit-il pas qu’il coupe la branche sur laquelle il est assis ? Ne voit-elle pas qu’elle fait fausse route ? Le plus grave selon Jésus n’est pas la cécité. Car elle peut être guérie. Le plus grave, c’est de croire que l’on voit, sans se rendre compte qu’en réalité l’on est aveugle (Jn 9,41). Heureux ceux qui sont aveugles, car Dieu peut leur ouvrir les yeux !