Côte d’Ivoire : une église se construit chaque dimanche après le culte
Une assemblée membre de l’Eglise Protestante Anabaptiste de Côte d’Ivoire est en train de construire un lieu de culte. Histoire pas ordinaire de l’origine de cette Eglise et de cette construction.
L’ouvrier de chantier en chaussures à talons et portant une blouse en dentelle relève sa robe pour passer par-dessus une pile de planches. Elle s’approche de son mari également habillé de manière élégante afin de tenir l’échelle rudimentaire sur laquelle il est debout. Avec d’autres, il est en train de fixer un chevron sur un des deux murs de ce qui sera leur église. Ce genre de scène est fréquente à Yopougon : chaque dimanche après le culte, plus de 300 hommes, femmes et enfants s’emparent de marteaux, de truelles et de pelles et mettent ainsi leur foi en oeuvre.
DES BÂCHES DE FORTUNE…
L’assemblée de Yopougon, qui appartient à l’Eglise Protestante Anabaptiste de Côte d’Ivoire, a pris la décision ces derniers mois de construire un bâtiment. Cette assemblée a connu une croissance spirituelle importante ces 10 dernières années, pendant lesquelles elle s’est réunie sous des bâches de fortune pour se protéger un peu du soleil ou de la pluie…
La législation complexe et changeante du gouvernement ivoirien n’a pas refroidi l’enthousiasme de ces anabaptistes qui vivent dans les environs de Yopougon, dans la banlieue d’Abidjan. Par exemple : la législation exigeant qu’une construction débute dans les six mois après l’achat d’un terrain au risque d’en être exproprié, l’assemblée a commencé à fabriquer des blocs de ciment alors même que peu d’argent était disponible… …
…À UN BÂTIMENT EN COURS DE CONSTRUCTION…
Peu à peu, les membres de l’assemblée ont acheté du fer pour les piliers. Ils ont posé les fondations et commencé à élever les murs. Chaque semaine, les murs se sont élevés un peu plus…
Tout en travaillant de leurs mains, les membres de cette assemblée ont aussi prié en posant leurs mains sur les murs et les tiges de fer, pour demander à Dieu les finances nécessaires à la poursuite de la construction la semaine suivante : « Seigneur, accorde-nous le ciment pour finir ce pilier. »
ORIGINE
En 1994, Raymond Affouka Eba a fondé l’Eglise Protestante Anabaptiste de Côte d’Ivoire. Avec d’autres chrétiens, il cherchait à vivre une théologie qui inclut le baptême d’adultes, la non-violence, la paix, la justice et l’importance de la communauté. « Nous ne voulions pas mettre seulement l’accent sur le salut, mais aussi sur le fait de suivre Jésus ; nous ne voulions pas forcément avoir une grande Eglise, mais croître en Jésus », dit le pasteur Eba.
UN RÊVE POUR TROUVER UN NOM D’ÉGLISE !
L’Eglise existait, mais n’avait pas de nom ! Une nuit, Raymond Eba a vu en rêve le mot « anabaptiste » écrit sur un rouleau. Eba connaissait les anabaptistes du XVIème siècle par l’enseignement qu’il donnait en histoire de l’Eglise ; mais il ne savait pas que des anabaptistes ou des descendants d’anabaptistes existaient aujourd’hui.
CONVICTIONS ANABAPTISTES
Après avoir ré-étudié les convictions anabaptistes, il s’est rendu compte qu’elles rejoignaient les siennes. Une année après la création de l’Eglise, Raymond Eba a rencontré James Krabill, alors missionnaire mennonite en Côte d’Ivoire. James Krabill a permis à Raymond Eba d’entrer en contact avec d’autres responsables des Eglises mennonites et d’accéder à de la littérature de conviction anabaptiste.
« Les anabaptistes se préoccupent du style de vie et de vivre la foi chrétienne », dit Raymond Eba. « Deux des plus grands défis en Côte d’Ivoire sont l’influence de l’islam et la violence. J’essaie d’enseigner qu’on ne peut espérer de vrais changements par la violence. Grâce aux relations développées avec les mennonites, j’ai l’impression d’avoir toute une communauté derrière moi. »
CROISSANCE
En 1994, l’Eglise Protestante Anabaptiste de Côte d’Ivoire comptait 200 membres et trois assemblées. Elle comprend aujourd’hui 1 500 membres répartis dans une douzaine d’assemblées.
CET ARTICLE ET LE RÉSEAU MENNONITE FRANCOPHONE
Cet article paraît conjointement dans quatre publications mennonites : « Perspective » pour les Eglises mennonites de Suisse ; « Le Lien » pour les Eglises de Frères mennonites au Québec ; « Courrier », le journal de la Conférence Mennonite Mondiale, distribué entre autres dans les pays francophones d’Afrique et finalement CHRIST SEUL. L’Eglise Protestante Anabaptiste de Côte d’Ivoire n’est pas membre de la Conférence Mennonite Mondiale et ne fait pas partie à proprement parler du Réseau mennonite francophone. Mais la Côte d’Ivoire étant un pays francophone, il est intéressant d’apprendre à connaître des « anabaptistes » de ce pays.