De la violence comme langage politique

 Dans Christ Seul, Explorer

Le CPE a occupé l’espace médiatique, les universités et les rues pendant plusieurs semaines en France. Retour sur un événement à la marge de ces manifestations.

Paris, la mi-mars : les manifestations estudiantines ont déferlé sur la capitale charriant leur lot de destructions. Les caméras tournent, les étudiants défilent tentant de maîtriser ceux qui, dans leurs rangs, ont opté pour le vandalisme, plutôt que pour la présence militante. L’enjeu est de taille, il s’agit de faire fléchir le gouvernement sur le Contrat Première Embauche (CPE). Jusque-là, le premier ministre s’est montré inflexible, refusant les demandes des syndicats de retirer la proposition de loi avant d’entamer des négociations.
Voilà pour le cadre, celui que nous ont rapporté les médias. Qu’en est-il des coulisses, de ces éléments qui ne font guère la « une » de la presse, non parce qu’ils ne comptent pas, mais simplement parce qu’ils ne promettent pas une audience record ? Il est en un qu’il me semble important de rappeler, de par la signification qu’il charrie.

ABSENCE DE POLICE

Aux alentours du 21 mars, dans le sillage des manifestations, une centaine d’individus prennent possession des locaux de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, en plein centre de Paris. Ils s’y installent pour s’y livrer à des déprédations. Ces gens se présentent comme des anarchistes luttant contre la démocratie et le travail. Pendant trois jours, malgré les appels incessants de la présidente de l’École, aucune force de police ne se déplacera sur les lieux. La sécurité sera assurée par des enseignants, puis par des vigiles privés engagés par la présidente. Ce n’est qu’au terme des trois jours que les forces de l’ordre interviendront pour déloger les occupants.

POURQUOI ?

L’incident soulève plusieurs questions. Comment a-t-on pu laisser un bâtiment public être saccagé de la sorte ? Pourquoi la police n’est-elle pas intervenue plus tôt ? Sûrement pas parce qu’elle était débordée, ou encore parce que l’occupation se déroulait de manière pacifique. Les occupants étaient armés de barres de fer et déterminés à en découdre ; les cars de CRS abondaient sur Raspail – j’y étais – avec leurs hommes en tenue attendant les ordres du ministère, alors que la situation était plutôt calme.

A QUI PROFITENT LA VIOLENCE ET LE DÉSORDRE ?

Certains évoquent les bisbilles entre le préfet de Paris et le ministre de l’intérieur. Peut-être. Il est toutefois un élément qui mérite réflexion, à savoir : à qui profitent la violence et le désordre ? À ceux qui en usent comme d’un argument politique, à ceux qui ont les « moyens » d’y mettre un terme en mobilisant une escouade de caméramans pour couvrir une intervention policière musclée ? Les dégradations de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales n’ont fait que nuire aux étudiants mobilisés contre le CPE et non à ceux qui se sont payés le luxe de retarder l’intervention policière.

NE PAS CONFONDRE DÉMONSTRATION DE FORCE ET JUSTICE

En tant que chrétiens, ne prenons pas la démonstration de force pour le langage de la justice. Le Symbole des Apôtres accole le nom d’un dirigeant politique à la mention de la passion du Christ pour nous rappeler le caractère souvent arbitraire et opportuniste du rapport que certains politiciens entretiennent à la force. « … il a souffert sous Ponce Pilate… »

 

Cet article est publié conjointement dans « Construire ensemble » (Fédération des Églises évangéliques baptistes), « Pour la Vérité » (Union des Églises évangéliques libres) et « Christ seul ». Un auteur de chaque union d’église s’exprime chaque mois à tour de rôle. Témoignage d’unité…

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