Génération maison de retraite

 Dans Christ Seul, Stimuler

Comment se vit le passage vers la maison de retraite ? Mini-dossier à partir du point de vue des personnes âgées. Le contentement passe par le consentement…

Détachement, déprise, renoncement sont des spécificités de la vieillesse. Lorsque les forces baissent et que les gestes quotidiens deviennent pesants, lorsque le décès d’un conjoint nous confronte à une solitude difficilement vécue, lorsque la maladie nous fragilise et nous laisse entrevoir que le besoin d’aide et d’accompagnement se fait plus pressant, alors la question d’une prise en charge en maison de retraite peut se poser.
Comment gérer le plus sereinement possible une telle décision et faire face à une souffrance psychique bien réelle chez le parent âgé mais aussi dans sa famille proche ?

PREMIÈRE GÉNÉRATION

Le concept de maison de retraite est encore récent et ceux qui aujourd’hui en franchissent les portes doivent faire face non seulement à la peur de l’inconnu et à de nombreuses pertes, mais aussi à un bouleversement et à un remaniement important de l’image qu’ils avaient de la famille. En effet, ils font partie de cette première génération à ne pas finir leur vie chez leurs enfants, alors que la plupart d’entre eux ont accueilli leurs parents dans leur propre foyer et s’en sont occupés jusqu’à la fin de leurs jours. Enfants déjà, ils ont souvent cohabité avec les grands-parents.
Ces cohabitations successives, vues quelques fois à travers le prisme des années comme bienfaisantes et idéales, étaient néanmoins souvent source de conflits et de difficultés, certains aïeux estimant que leur grand âge leur octroyait beaucoup de droits et peu de devoirs.

INJUSTICE OU CADRE RASSURANT ?

Aujourd’hui, l’entrée en maison de retraite peut être vécue par les parents âgés comme une injustice, un abandon, un non respect des valeurs morales, religieuses et du devoir filial.
Les silences et les non-dits dans les familles autour de ces questions pratiques peuvent être le ferment de conflits et de règlements de compte lorsque la prise en charge des parents âgés devient trop lourde. Laisser aux enfants la charge de décider du placement en maison de retraite des parents âgés ne peut générer que violence intérieure chez les uns et culpabilité chez les autres.
Être entouré et honoré par ses enfants peut pourtant se conjuguer sous différentes figures. L’amour et le respect peuvent être aussi au rendez-vous dans un accompagnement en maison de retraite. Des jours paisibles peuvent être vécus dans un cadre rassurant et étayant.

SE PRÉPARER ET EN PARLER

Notre vie est une succession d’acquisitions et de pertes et les pertes s’intensifient avec le grand âge. Le renoncement, l’acceptation, démarches douloureuses mais libératrices, ouvrent la perspective de nouveaux aménagements et investissements, la découverte d’une vie intérieure qui peut être riche en promesses.
Chacun d’entre nous est invité à se préparer, à penser à ce qu’il souhaiterait pour la fin de sa vie et à en parler avec ses proches.
« Par amour, soyez plein d’affection les uns pour les autres, par honneur, usez de prévenances réciproques » (Rm 12,10).

 

ENTRER EN MAISON DE RETRAITE – TÉMOIGNAGE
Lâcher prise. Nous étions bien dans notre appartement, cependant, les forces diminuant, il nous a fallu envisager la maison de retraite, c’est-à-dire une fois encore, lâcher prise.
« A plusieurs reprises déjà, il m’a fallu vivre cela : au moment de quitter ma fonction de directeur de l’École Biblique du Bienenberg, puis plus tard, sur l’avis des médecins, j’ai dû renoncer à prendre l’avion pour des séminaires d’enseignement en Afrique francophone, puis cesser de conduire ma voiture, laisser mes responsabilités dans l’assemblée, ne plus prêcher… et maintenant… déménager en maison de retraite. Pas facile ! Cela signifie, vivre avec mon épouse dans une seule pièce, ne plus avoir aucune responsabilité, ni petite ni grande, sinon la prière et l’intercession. » (Samuel)
Ici, tous nos besoins matériels sont pris en compte, les repas, les soins, les médicaments… Nous avons bien des sujets de reconnaissance envers Dieu qui nous a bénis pendant les années passées. Notre Dieu est bon, il est généreux. Notre vie a été heureuse, malgré les soucis et les épreuves. Nos enfants nous ont aidés avec efficacité et amour pour le déménagement. C’est à présent le temps du repos, nous apprécions de pouvoir encore marcher, parler, manger seuls, réfléchir, chanter, goûter la beauté autour de nous. Nous tournons nos regards vers la patrie céleste, nous savons que bientôt nous irons là-bas, sur l’autre rive. Le plus beau reste à venir !
IRMA ET SAMUEL GERBER–OESTER, ÉGLISE DU SCHÄNZLI, BÂLE.
Article paru dans Perspective, N° 23, 2005. Traduit et adapté par Louise Nussbaumer, avec autorisation.

 

MAISON DE RETRAITE OU MAISON TOUT COURT ?
498 471 personnes résidaient dans les établissements pour personnes âgées en France en 2002. Parmi ces personnes âgées hébergées, 412 000, soit près de 83 %, vivent en maison de retraite et 68 000 dans les unités de soins de longue durée des établissements hospitaliers. Actuellement, les deux tiers des personnes dépendantes de plus de 80 ans résident à domicile et dans quatre cas sur dix, elles ne bénéficient que de l’aide que leur apporte leur famille.

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POUR ALLER PLUS LOIN…
La vie en maison de retraite : Comprendre les résidents, leurs proches et les soignants, de Claudine Badey- Rodriguez, préface de Marie de Hennezel, Albin Michel, Paris, 2003

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