L’Etat d’Israël accomplit-il les prophéties ?

 Dans Christ Seul, Stimuler

La réponse à cette question est évidente pour beaucoup de chrétiens évangéliques, textes bibliques à l’appui. D’autres, partant des même textes, optent pour une position différente. Présentation des arguments en présence et d’un minimum incontournable.

« L’État d’Israël est-il l’accomplissement de prophéties ? ». La question ainsi posée implique à la fois le politique et le théologique, car l’État d’Israël est une entité politique et la prophétie une dimension théologique. Nous sommes sur un terrain miné, que ce soit au niveau de la relation entre le politique et le théologique ou au niveau de l’actualité, tant les tensions entre les Palestiniens et les Israéliens sont grandes.
De plus, l’interprétation des prophéties au regard de l’actualité n’est pas aisée, surtout lorsque nous manquons de recul. Il n’est donc pas surprenant que la question de l’État d’Israël soit source de division, même parmi les chrétiens.

 

L’état d’Israël réalise les prophéties

Il y a d’un côté ceux qui voient la création de l’État d’Israël comme l’accomplissement de certaines prophéties. Par exemple Ezéchiel 37, pour ne citer que ce texte, annonce clairement un retour d’Israël et une réunification du peuple élu. Dans le Nouveau Testament, Jésus lui-même prophétise la fin de l’occupation de Jérusalem par des nations païennes (Lc 21,24). De plus, la façon dont l’État d’Israël a été créé en 1948 et tous les événements qui s’en sont suivis semblent tellement extraordinaires après coup, que les tenants de cette position y voient clairement l’œuvre de Dieu. Le récent rétablissement d’Israël éveille en ces chrétiens un profond amour pour l’État d’Israël, certains se définissant même comme des « sionistes chrétiens ». Pour eux, la réalisation de bien des prophéties se confond avec la destinée de l’État d’Israël qui est appelé à avoir un rôle particulier dans ces temps qui précèdent le retour du Christ. Certains considèrent que l’Église ne serait qu’une parenthèse dans le plan de salut, afin d’intégrer les non-juifs dans le peuple élu (Rm 11,25-26).

 

L’Eglise réalise les prophéties

De l’autre côté et à l’opposé, certains chrétiens (parmi lesquels ceux qui se réclament de l’anabaptisme pacifique) hésitent à considérer la constitution de l’État d’Israël comme une réalisation prophétique : les textes de l’Ancien Testament souvent mis en avant – comme celui d’Ezéchiel 37 – annonceraient plutôt le retour de l’exil babylonien. Ces textes intègrent aussi l’idée de repentance qui précéderait le retour d’Israël au pays, alors que lors de la création de l’État d’Israël, il n’y a eu aucun signe de repentance. De plus, on ne peut pas approuver, en tant que chrétien, toutes les formes d’injustices commises par l’Etat israélien contre le peuple palestinien (ni d’ailleurs la violence des Palestiniens à l’égard d’Israël). Les tenants de cette position affirment, sur la base de Rm 11,11-18, que l’Église, qui rassemble les croyants juifs et non-juifs, constitue le véritable Israël de Dieu, l’Israël spirituel, le rameau d’olivier sauvage qui a été greffé sur l’olivier franc, et donc l’héritière de toutes les promesses accordées à Israël. Poussée à l’extrême, une telle position peut conduire jusqu’à un « antisémitisme chrétien »…

 

Qu’en penser ?

L’Histoire nous montre qu’il est dangereux d’utiliser la Parole de Dieu afin d’exacerber le nationalisme quel qu’il soit (même sioniste) ou en vue de procéder à des génocides. L’épître aux Galates nous rappelle qu’en Christ il n’y a « ni juif ni grec, ni esclave ni libre, ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Christ Jésus » (Ga 3,28). Nous n’avons qu’effleuré le sujet qui déclenche des passions, sans prétendre percer ce « mystère » du plan de Dieu (Rm 11,25).
En conclusion, il me semble important de rappeler quelques fondements de l’Evangile. Que nous considérions l’État d’Israël comme un accomplissement des prophéties ou non, cela ne nous dispense pas :
1. de dénoncer toutes les violences commises par Israël, tout comme celles commises contre Israël, et cela sans parti-pris ;
2. d’aimer tous les hommes, qu’ils soient juifs, musulmans ou chrétiens, Israéliens ou Palestiniens ;
3. de proclamer à tous, par nos paroles et nos actes, la Bonne Nouvelle de la réconciliation en Jésus-Christ.

 

Pour aller plus loin…
Jacques Ellul, Ce Dieu injuste… ? Théologie chrétienne pour le peuple d’Israël, Ed. Arléa, 1991, 201 pages.

Alain Epp Weaver, Constantinianism, Zionism, Diaspora – Toward a Political Theology of Exile and Return, MCC Occasionnal Paper N° 28, January 2002, 35 pages.

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