Monologue ou dialogue ?

 Dans Christ Seul, Stimuler

Inclure du silence dans la prière n’est guère habituel dans nos pratiques ou fait carrément peur. Qu’en penser ?

Nous croyons que la prière est un dialogue avec le Dieu vivant. Mais notre façon de prier montre bien souvent que nous la considérons finalement uniquement comme un monologue. Dans la prière…, nous parlons à Dieu. Nous intercédons. Nous louons. Nous confessons.
« Souvent dans nos prières, remarque Timothy Radcliffe, c’est comme quand deux amis se rencontrent et l’un dit : ‘‘ Nous n’avons pas le temps de parler de nous deux. Alors parlons de moi. ’’ Nous adressons à Dieu un bavardage sur nous-mêmes, sur les autres, tout en nous demandant ce qu’il y aura à manger pour le déjeuner. » 1

ÉCHANGE ENTRE DEUX AMOURS

Dans la tradition chrétienne, prier ne veut pas dire uniquement « parler » à Dieu. La prière est une communion avec Dieu, une écoute de Dieu et le lieu où il travaille en nous. Elle est un échange entre deux amours : celui que Dieu a pour nous et celui que nous avons pour Dieu (Thérèse d’Avila). Lorsque deux personnes sont liées par une relation d’amour, il est impossible que l’une des deux ait le monopole de toutes les conservations ! Il existe des moments alternés de parole et d’écoute. Il existe aussi des moments où les deux font silence et restent simplement présents, attentifs l’un à l’autre, se réjouissant d’être simplement dans la présence de l’autre. Ces moments de silence font aussi partie intégrante de la prière et ne s’opposent pas à une vie active. « Plus nous recevons dans la prière silencieuse, plus nous pouvons donner dans notre vie active », disait mère Térésa.

LE SILENCE COMME LE CHOLESTÉROL…

Pour utiliser une image plus prosaïque, je dirais que le silence est un peu comme le cholestérol : il y en a du bon… et du mauvais. Le repli sur soi, le silence gêné ou honteux, ne sont pas de bons silences. Mais le silence accueillant, réceptif, attentif à la présence de Dieu et de l’autre nous aide à écouter Dieu. Comment alors être à l’écoute de l’Esprit dans notre prière, sans tomber dans une sorte d’illuminisme qui nous ferait prendre nos propres désirs pour la voix de l’Esprit ?

GARDE-FOUS

Nous devons, à mon avis, tenir compte de quelques « garde-fous » qui baliseront notre chemin.
• Nous imprégner des Écritures et de l’esprit de l’Évangile.
• Exposer ce que nous pensons entendre au discernement communautaire dans une attitude d’humilité et de réceptivité.
• Croître dans la connaissance de nous-mêmes. Plus nous serons lucides sur nous-mêmes, en effet, plus nous reconnaîtrons nos propres désirs, nos propres peurs et pourrons les distinguer de la voix de l’Esprit. C’est dans notre vie communautaire que nous pouvons nous encourager mutuellement à avancer sur ce chemin-là.

NOTE :
1. Timothy Radcliffe, « Je vous appelle amis », Cerf, 2000.

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