Ministères des femmes, le retour…

 Dans Christ Seul, Connecter

Le premier mai 2007, les anciens, prédicateurs et diacres de nos Eglises se sont réunis comme chaque année à Valdoie. Non au « Chalet » de l’Association Fraternelle Mennonite comme d’habitude, mais à l’Ensemble Jeanne d’Arc, pour pouvoir disposer de davantage de place. Ils ont écouté Alfred Kuen traiter le thème suivant : « Hommes et femmes dans le projet de Dieu – Les ministères exercés par les femmes ». Présentation.

Pour parler du rôle de la femme dans l’Église primitive, Alfred Kuen centre ses propos sur Galates 3,26-28 : « Il n’y a plus de différence… Vous êtes tous un dans l’union avec Jésus- Christ ». Ceci traduit aussi bien la rupture avec le judaïsme qu’avec la pensée de l’époque. En effet, du temps de Paul, juifs et nonjuifs ne s’asseyaient pas l’un à côté de l’autre, maîtres et esclaves ne se côtoyaient jamais, la femme ne sortait pas et ne parlait pas aux hommes de la famille, elle n’apprenait pas la Torah, et était cloîtrée à la synagogue. Galates 3,28 n’est-il valable que pour le salut ou affecte-t-il le reste de la vie ? Paul préconisant de recevoir l’esclave Onésime comme un homme libre ; les femmes se joignant à la prière des apôtres dès avant la Pentecôte ; le don de prophétie qui leur est reconnu (filles de Philippe), tout cela répond à la question. En ce qui concerne la prophétie, remarquons que ce n’est pas celle de l’Ancien Testament dont l’autorité est absolue, mais un don destiné à l’édification et à la consolation des croyants plus qu’à la prédiction de l’avenir. Dans les rencontres dont la forme s’apparentait à celle des réunions de quartier actuelles, quelqu’un lisait et tous, hommes et femmes, intervenaient dans la discussion.

ET LE SILENCE DEMANDÉ AUX FEMMES ?

Les questions suivantes se posent alors : comment concilier ces deux ministères reconnus pour les femmes (prière et prophétie) avec « que les femmes se taisent » ? Pour Alfred Kuen, Paul exige le silence dans des cas particuliers (à rapprocher du parler en langues) et ce, pour préserver l’ordre, la discipline, la bienséance. Comment interpréter aussi « Je ne permets pas à la femme d’enseigner et de prendre autorité sur l’homme » ? Ce verset interdirait-il toute forme d’enseignement de la part d’une femme ? Non, dans la mesure où cet enseignement ne serait pas destiné à dominer et serait reconnu par les autorités ecclésiales.

QUELS RÔLES DANS L’ÉGLISE ?

Dans un second volet, l’orateur a abordé les rôles que les soeurs peuvent jouer dans l’organisation de l’Église actuelle. L’Église, dès le départ, se définit comme un corps où chacun des membres a reçu un don pour le service, chacun et chacune, à savoir juif et grec (noir et blanc), esclave et homme libre, homme et femme, à condition qu’ils soient nés de nouveau. Les dons sont-ils accordés à tous de la même manière ? Consensus général en ce qui concerne la prière, la prophétie (voir ci-dessus), le service (« les pasteurs discutent, les femmes récurent… »), l’enseignement (sans femme, où serait l’enseignement des enfants ?), l’exhortation ou cure d’âme (là, la solution homme avec homme, femme avec femme est recommandée), la libéralité, la miséricorde (les soeurs y sont souvent plus à l’aise). Le seul don qui divise est celui de la présidence (don de gouverner, de se tenir devant). Est-il exclusivement réservé aux hommes ? Si dans l’Ancien Testament l’autorité est masculine, si dans le Nouveau Testament les termes « évêque » ou « ancien » ne sont pas employés au féminin, Paul par contre cite Phoebé comme femme diacre. Quand on sait que diacres et anciens constituaient la direction collégiale de l’Église, on peut nuancer la réponse…

ET AUJOURD’HUI ?

Le rôle de la femme ayant profondément changé dans la société depuis le premier siècle, certains pensent qu’il faut suivre l’évolution, mais d’autres défendent qu’aller au-delà de ce qui est écrit est signe que l’esprit du monde pénètre dans l’Église et que la vérité en est exclue. Comme sur bien des points, les chrétiens se sont trompés cautionnant l’esclavage, l’antisémitisme, le racisme et ce jusqu’à une époque très récente, n’en serait-il pas de même en ce qui concerne les ministères féminins ? Longtemps, les responsables d’Église et les théologiens n’ont pas été sensibles à Galates 3,28, excluant les femmes et privant ainsi l’Église de la moitié de ses forces vives.

EXCUSES

Alfred Kuen lui-même s’excuse de cet ostracisme ne laissant aux soeurs que la portion congrue, ceci étant dû selon lui également à l’influence de la culture ambiante et des idées dominantes, et aussi à cette crainte diffuse déjà ressentie par Caton l’Ancien (200 av. J.-C.) : « Si les femmes deviennent nos égales, elles risquent de devenir nos supérieures. » Alfred Kuen a rappelé pour terminer quelques vérités. L’autorité réside dans la Parole de Dieu ; il faut encourager à sa connaissance. En effet, comment les Églises de demain seront-elles enseignées si on ne connaît plus la vérité transmise par la Parole ? Si des femmes du premier siècle n’étaient pas appelées à enseigner, c’est aussi parce qu’elles-mêmes étaient tenues dans l’ignorance. En résumé, cette journée a été l’occasion d’aborder un thème sur lequel nos pratiques diffèrent d’une assemblée à l’autre et de nous exposer ensemble à la Parole de Dieu apportée par un homme respectable, par son âge (85 ans), pour ses connaissances bibliques et sa sagesse pratique.

L’avis d’une femme
Des regrets : comment comprendre l’absence massive des femmes dans un débat qui les concerne ? Existe-t-il donc tant de timidités, de frustrations, de peurs et de souffrances cachées, cela malgré les changements significatifs dans la pratique des assemblées ? Aucun des anciens présents n’ a su ou voulu dire, en conclusion, une parole forte d’encouragement pour avancer dans la reconnaissance et la mise en place des ministères féminins. Faudra-t-il attendre un autre « premier mai »… d’ici quelques années ?
Louise NUSSBAUMER

Pour aller plus loin :
Alfred Kuen, « La femme dans l’église », Éditions Emmaüs, Saint-Légier, 1994,283 pages.

Georges et Dora Winston, « Les femmes dans le ministère chrétien – une théologie exégétique », Excelsis, Cléon d’Andran, 2007, 523 pages.

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