La douceur

 Dans Christ Seul, Stimuler

Avant-dernière saveur du fruit de l’Esprit Saint, la douceur, à ne pas confondre avec la mièvrerie mais qui s’oppose à la dureté. Travail de l’Esprit de Dieu en nous, travail auquel consentir…

Avant même de nous réjouir de son parfum ou de son goût acidulé, n’attendons-nous pas d’un fruit qu’il nous désaltère par une douceur juteuse ? Comme le fruit trouve sa succulence au plus près de son noyau, nous recherchons tous cette « beauté de l’être intérieur, la parure impérissable d’un esprit doux et paisible, qui est d’une grande valeur aux yeux de Dieu. » (1 Pi 3,4).
Être doux : quel beau projet ! Pourtant, que d’écueils et d’échecs sur ce chemin ! La douceur est, à mon idée, le fruit de l’Esprit le plus difficile à feindre, celui avec lequel nous (cela m’évite de dire « je ») pouvons le moins « mentir », ou plutôt « nous mentir ». En effet, elle ne peut jaillir que de nos profondeurs apaisées… quand elles sont apaisées !

QUELLE DOUCEUR DIVINE ?

« Dites à la fille de Sion : Voici, ton roi vient à toi, plein de douceur, et monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse ». Avec la prophétie de Zacharie reprise par Matthieu (21,5), nous découvrons deux aspects de la douceur divine. Le mot grec du Nouveau Testament souligne une douceur en lien avec la gentillesse, l’amabilité ou la modestie ; le bébé en est l’image naturelle. Mais lorsque l’on cherche dans l’Ancien Testament, la signification possible du mot douceur paraît soudain moins simpliste ; le mot hébreu insiste sur l’humilité voire l’humiliation, décrivant le doux comme un personnage pauvre, patient, affligé, battu, faible ou misérable. Le Messie ainsi porté par l’ânon, sera rejeté, vendu, percé et tué (Za 9,9 ; 11,12 ; 12,10).
Avec Jésus de Nazareth, nous voyons ainsi tout au long des Évangiles une douceur qui n’est ni mièvre ni aisée. Tout son ministère est ponctué de scènes d’opposition et de menaces, de foules insatiables, de décisions incomprises. La douceur du Christ a un prix : elle a la valeur d’une vie offerte à servir, qui se donne sans concession. Elle a aussi la valeur du sacrifice : il est l’agneau de Dieu, mourant à Golgotha.

PROTECTIONS…

Avez-vous déjà croisé le regard d’une personne douce, réellement douce ? Cela m’est arrivé quelquefois… finalement pas si souvent. Il y a quelques personnes dans les yeux desquelles j’ai pu me noyer : brefs instants pendant lesquels j’approchais leur coeur profond. Dans ce regard furtif, je me suis sentie accueillie et comprise ; celui-ci m’a redressée dans un élan de vie transmis.
Comment à notre tour proposer cette qualité ? Force est de constater que cette douceur intérieure peut être absente ou bien cachée. A la place d’un fruit juteux, nous offrons parfois une première barrière ressemblant à une bogue de châtaigne, puis une peau bien épaisse comme celle d’une orange, sur une pulpe aussi fibreuse que celle d’une mangue médiocre ; et quiconque franchira toutes ces couches successives risquera même de se casser la dent sur un noyau de cerise !

GENS PRESSÉS, S’ABSTENIR !

J’aime cette allégorie utilisée dans le livre d’Ezéchiel : « Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un souffle nouveau ; j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair ». (11,19 ; 36,26). Rappelons que le « cœur » en hébreu n’a pas le même sens qu’en français. Il s’agit davantage du siège de nos pensées et nos désirs, de nos volontés et de nos décisions que du lieu de nos émotions. Ainsi, Dieu nous offre la possibilité d’un choix, celui d’un changement, j’oserai dire d’une profonde métamorphose. Vous et moi avons réellement besoin de cette grâce de Dieu capable de nous convertir patiemment de jour en jour. Il veut abaisser nos barrières, attendrir nos âmes, nous donner d’accueillir sa grâce et son pardon pour les offrir à notre tour. Encore faut-il accepter durablement le risque d’être transformé et exposé !

LA DOUCEUR, UNE FORCE

La douceur n’est donc pas une faiblesse, mais le fruit d’une force intérieure. Jésus savait l’injustice et la cruauté potentielle des hommes, il savait de quoi le cœur de l’homme est fait. Mais il savait aussi que rien n’est impossible à Dieu et que l’Esprit souffle où il veut.
Oui Seigneur, j’aimerais faire partie de ceux dont tu dis : « Heureux les doux, car ils hériteront la terre » (Mt 5,5).

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L’AMOUR DE JÉSUS REND DOUX
L’amour est un bien immense qui rend léger ce qui est lourd, et fait supporter avec une âme égale toutes les vicissitudes de la vie. En effet, il allège tous les fardeaux et rend doux et savoureux tout ce qui est amer. L’amour de Jésus rend généreux : il pousse aux grandes entreprises et mène toujours à ce qu’il y a de plus parfait (…). Rien n’est plus doux que l’amour, rien de plus fort, rien de plus haut, rien de plus étendu, rien de plus délicieux et enivrant au ciel et sur la terre, car l’amour est né de Dieu et ne peut se reposer qu’en Dieu, au-dessus de toute créature.
EXTRAIT DE L’IMITATION DE JÉSUS-CHRIST : TROISIÈME PARTIE, CHAPITRE 5

LE FRUIT DE L’ESPRIT SAINT
Quant au fruit de l’Esprit, c‘est : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi.
GALATES 5,22

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