S’engager dans un monde qui bouge
Quatre assemblées mobilisées dans l’organisation : Belfort, Champvallon, Delle, Montbéliard. Deux orateurs : Raphaël Anzenberger, secrétaire général de France Évangélisation et David Rowley, président de France Mission. Un thème : « S’engager dans un monde qui bouge » et quelque 200 auditeurs attentifs à la chapelle de la Prairie pour la journée inter-églises organisée par l’Association des Églises évangéliques mennonites de France.
UN MONDE QUI BOUGE
Rien n’est plus évident, selon David Rowley : l’horizon stabilisé d’hier quant au travail, aux croyances, aux idéologies, aux certitudes, aux espoirs, a cédé la place à un monde flou que les progrès de la mondialisation, de la globalisation, rendent inquiétant. On ne s’y sent plus lié par le passé et l’engagement est repoussé pour faire ses choix. La liberté acquise par l’individu a pour corollaire une méfiance sous-jacente : on a peur de tout, du chômage, de la pauvreté, de la maladie, de la nourriture, de l’embrigadement, etc. La révolution numérique écrase les hiérarchies et structure l’existence. Dans le monde chrétien, le réseau permet aux plus jeunes de surfer sur les opportunités sans que les pasteurs soient consultés. Ils peuvent se retrouver dans de grands rassemblements chrétiens à l’insu de la hiérarchie. On laisse le temps au temps, on regarde venir. Conséquence : chez les évangéliques, 3 % des responsables ont moins de 40 ans, 42 % entre 40 et 55 ans, et 26 % de 55 à 65 ans.
Que se passera-t-il dans 10 ans si les Eglises n’arrivent pas à faire émerger une génération de conducteurs ? A remarquer qu’Yves Perrier, il y a 15 ans en arrière disait déjà : « Quand je regarde derrière moi, je ne vois personne… »
S’ENGAGER
Croyons-nous que le Christ est la réponse dans un monde qui bouge ? Raphaël Anzenberger a répondu « oui » en montrant en quoi nous sommes concernés.
Paul – à une époque où tout était chamboulé, sur le terrain politique, religieux, philosophique – donne des pistes. Dans son épître aux Romains (15,22-33), l’apôtre indique que s’il désire passer à Rome pour y savourer la joie de la présence de l’Eglise, c’est en chemin pour l’Espagne où il compte apporter la bonne nouvelle ; auparavant, il lui faut se rendre à Jérusalem pour manifester la solidarité des Eglises de Macédoine et faire parvenir l’aide collectée pour les chrétiens de Judée.
Cet « engagement attitude » de Paul exercée dans trois directions est toujours d’actualité :
– l’engagement social commande d’assister le prochain dans les choses temporelles :
– l’engagement dans l’Eglise où chacun, sanctifié par l’Esprit Saint, oeuvre selon ses dons :
– l’engagement dans la mission pour annoncer l’Évangile là où le Christ n’est pas connu.
TROIS GROUPES…
S’engager dans un monde qui bouge… Après les exposés, c’est à l’assistance partagée en trois groupes selon les âges (15-25 ans, 25-45 ans, 45 ans et plus) d’en discuter, puis d’en partager les conclusions.
15-25 ANS
Pour les plus jeunes, il est primordial de mettre Dieu en avant, de prier, de lire la Bible ; puis vient l’ouverture sur les autres dans et hors l’Eglise, et enfin l’engagement selon les dons reçus. Une remarque : la prière intergénérationnelle est un défi compte-tenu des disponibilités, des formes de prière et des codes différents.
25-45 ANS
Les 25-45 ans (souvent mariés avec deux enfants…) ont le souci de développer une proximité avec ces jeunes dont ils se sentent encore proches ; ils recommandent de s’adapter à la demande, de proposer des changements, de communiquer. Ils veulent se donner les moyens de s’engager et sont en recherche de formation. Tout comme leurs cadets, ils sont conscients de la primauté du message du Christ crucifié.
45 ANS ET PLUS…
Au sein du groupe le plus nombreux (45 ans et plus), se manifeste un désir d’ouverture, même si on ne sait pas trop comment faire, avec aussi une crainte de s’exposer. Eux sont conscients des obstacles dressés sur la route que sont les conflits mal résolus, la captation des pouvoirs ; conscients aussi que les anciens ont toujours à se remettre en cause et doivent prendre du temps pour se ressourcer spirituellement…
EN CONCLUSION
Les deux orateurs du jour ont terminé en dégageant ce qui leur semblait important.
L’ensemble des groupes d’âge se retrouve sur la spiritualité vécue mais exprimée de manières diverses : le fond demeure, même si les formes changent. Attente très forte réciproque de relationnel (peu manifestent le désir de se retrouver entre gens de la même génération) ; mais il faut apprendre la vie communautaire autrement, sinon nous attend un vieillissement (déjà présent ailleurs) de nos églises. L’Évangile s’incarne et s’exprime au travers de l’inter-génération (le jeunisme n’est pas une solution). Il faut ouvrir des espaces, encourager le mixage des âges tout en laissant chacun exprimer sa spiritualité propre. Il faut surfer sur le changement et rechercher la créativité, mais ne pas laisser aux seuls jeunes cette gestion. Aux anciens aussi d’assumer la direction des opérations et la prise de risques, car le temps où le chef se contentait de crier : « En avant ! » est révolu. Il doit maintenant marcher à la tête de ses troupes.
LE MOT DE LA FIN
C’est au toujours jeune John Stott (86 ans) que pour moi reviendrait le mot de la fin : « La prédication la plus efficace provient de ceux qui incarnent le message. Ce qui passe en communication aujourd’hui, ce sont les personnes, pas les paroles ou les idées, mais l’authenticité personnelle, c’est-à-dire ressembler au Christ. »