Un prophète de son temps… et du nôtre

 Dans Christ Seul, Stimuler

Un auteur canadien nous guide par trois articles dans l’étude du prophète Amos, dans le cadre d’une nouvelle série en 2008. Entrée en matière sur le personnage d’Amos et son message.

 

L’HOMME

Amos, qui exerce son ministère autour de 760 av. J.-C., est le premier prophète dit « écrivain », c’est-à-dire dont les oracles et visions ont été recueillis dans un livre biblique. Il diffère en cela de prophètes comme Nathan, Élie et Élisée dont les actes, visions et oracles sont rapportés dans des livres historiques comme Samuel et Rois. Le titre du livre (Am 1,1- 2) se distingue de celui des autres livres prophétiques en donnant le métier du prophète avant son appel. En mettant ce titre en lien avec 7,14-15, les exégètes se sont demandé si Amos n’avait pas accompli une mission prophétique ponctuelle. Après avoir livré son message en Israël, Amos serait retourné en Juda reprendre son métier d’éleveur, possiblement après avoir été expulsé de Béthel (7,12-13). Ce qui est certain, c’est qu’Amos n’était pas un « prophète de métier », contrairement à d’autres prophètes de son temps. Peut-être que son appel à prophétiser fut un « changement de carrière » permanent, comme ce fut le cas pour Élisée (voir 1 R 19,19-21). Mais il est aussi possible que Yahvé ait suscité quelqu’un qui n’était pas un prophète professionnel ou officiel, afin de mieux critiquer l’élite d’Israël, qui incluait non seulement les prêtres, le roi et sa cour, mais aussi des prophètes associés aux sanctuaires religieuxou au palais du roi (voir 1 R 18,19 ; 22).

PROPHÈTE OCCASIONNEL…

Amos dit (7,14-15) qu’il n’est pas un prophète, mais qu’il a été chargé de prophétiser. Il est possible qu’il entende par là qu’il n’est pas un prophète de profession, mais qu’il a reçu un message à transmettre. Il existe des parallèles à ce prophétisme non professionnel dans l’Ancien Testament même (par exemple 1 S 10,9-12) et surtout à Mari (tell Hariri), l’ancien royaume sur l’Euphrate, où des prophètes professionnels co-existaient avec des gens sans statut prophétique mais qui ponctuellement proféraient l’oracle d’un dieu. …

QUI PARLE DU PRÉSENT

Amos est donc prophète parce qu’il reçoit un message à transmettre de la part de Yahvé (3,3-8). Que sa vocation ait été ponctuelle ou permanente, il est clair que son rôle était d’abord d’annoncer à Israël le jugement de Yahvé pour ses fautes. On entrevoit ici une différence majeure avec la conception qu’on se fait souvent du prophète, soit un personnage fasciné par les prédictions. Amos s’intéresse plutôt au présent et voit où le présent mène le peuple, c’est-à-dire au jugement et à la ruine.

SENTENCES ET NON PRÉDICTIONS

Les prophéties bibliques doivent être comprises comme des sentences plutôt que des prédictions. Il s’agit de l’évaluation par Yahvé de la conduite du peuple et l’annonce des conséquences que cette conduite aura dans un avenir rapproché. En fait, l’avenir prédit peut même être changé par la repentance ou la prière/l’intercession (Am 5,14-15 ; 7,1-6 ; Es 38,1- 5 ; Ez 3,16-21 ; Jr 36,1-3.7 ; Jon 3,1-5.10-4,2). Les oracles ont donc un rôle didactique (ou rhétorique) plutôt que prédictif.

LE CULTE NE SUFFIT PAS

Un des principaux reproches d’Amos envers Israël est l’injustice flagrante qui y règne, de même que l’exploitation des pauvres et des faibles. Nous y reviendrons dans le numéro d’avril de CHRIST SEUL. Il suffira pour l’instant de noter qu’au temps d’Amos, Israël était prospère et en paix avec ses voisins. Malheureusement, la prospérité se faisait en partie sur le dos des faibles. Les Israélites s’imaginaient que Yahvé était content du culte qu’on lui rendait, puisqu’il y avait abondance de sacrifices en cette période faste. N’était-ce pas là l’essentiel ? Pas selon Amos, pour qui le culte devait être accompagné du respect de l’alliance et de ses dispositions éthiques. Les sacrifices sans la justice ne valent rien (4,4-5 ; 5,21-24). C’est une mise en garde que reprendra Jésus (Mt 5,23-24).

UN MESSAGE SUR L’ÉCONOMIE

Le message d’Amos peut ne pas sembler spirituel, puisqu’il est centré sur la justice sociale et l’économie. Les contemporains d’Amos arrivaient probablement à la même évaluation puisqu’au Proche-Orient ancien, les dieux ne se souciaient que du culte et des sacrifices qui les nourrissaient. Amos nous révèle un Dieu fort différent : adorer Yahvé, c’est aussi se comporter de façon juste avec son prochain. Sans cela, notre adoration ne vaut rien. Ce rappel, de même que le discours d’Amos sur la justice sociale et les inégalités entre les riches et les pauvres, semblent avoir été écrits pour nous. Comme quoi l’humanité a bien peu changé en près de 3000 ans !
QUI EST AMOS ?
Alors Amatsia, prêtre de Beth-El, fit dire à Jéroboam, roi d’Israël : Amos conspire contre toi au sein de la maison d’Israël ; le pays ne peut supporter toutes ses paroles. Car ainsi parle Amos : Jéroboam mourra par l’épée, et Israël sera exilé loin de sa terre. Amatsia dit à Amos : Va-t’en, visionnaire, va te réfugier au pays de Juda ; là-bas, tu pourras manger ton pain et parler en prophète. Mais ne continue pas à parler en prophète à Béthel, car c’est un sanctuaire de roi, et une maison royale. Amos répondit à Amatsia : Je ne suis ni prophète, ni fils de prophète ; je suis éleveur de bovins et cultivateur de sycomores. Le Seigneur m’a pris derrière le troupeau ; le Seigneur m’a dit : Va, parler en prophète à Israël, mon peuple.
AMOS 7,10-15, NBS

 

UNE SÉRIE D’ARTICLES SUR LE LIVRE D’AMOS
Pour 2008 nous débutons une série d’articles sur le livre du prophète Amos, dans le contexte actuel de la mondialisation.
Les textes bibliques plus directement en rapport avec cet article sont : Am 1,1-2 ; 3,3-8 ; 7,10-17.

Les liens vers tous les articles de la série sont disponibles sur le blog.

Marc Paré tient un blog intéressant, intitulé « Je suis anabaptiste, mais je me soigne »

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