Le jugement d’Israël

 Dans Christ Seul, Stimuler

Le prophète Amos instruit le procès entre Dieu et son peuple. En cause : l’orgueil national d’Israël. D’où l’annonce du jugement. Plongée dans le texte biblique.

Pour comprendre le rôle du prophète de l’Ancien Testament, on doit toujours le placer dans le cadre de l’alliance conclue entre Dieu et son peuple, sur le modèle des alliances de l’Antiquité entre un suzerain et ses vassaux. Lorsqu’un vassal avait transgressé un point du traité d’alliance avec son suzerain, ce dernier lui envoyait un émissaire chargé d’instruire un procès selon les termes du traité. Le rôle d’Amos est comparable à celui de l’émissaire du Dieu d’Israël, face au vassal accusé, Israël, et plus particulièrement sa classe dirigeante, la haute société de Samarie. Il en dénonce les fautes et prononce le châtiment.

MISSION DÉSAGRÉABLE

Quelle désagréable mission, que celle du prophète qui doit apporter des paroles de jugement à ses auditeurs ! Il peut bien sûr choisir la voie des faux-prophètes qui se contentent de dire les paroles que leurs auditeurs aiment entendre : «… quand leurs dents ont quelque chose à mordre, ils proclament la paix…» (Mi 3,5). Heureusement qu’Amos avait les moyens de nourrir sa famille, parce qu’il n’avait pas de ticket restaurant (7,12) à espérer de sa proclamation !
Le livre d’Amos est un recueil de paroles prononcées à l’occasion d’un séjour que l’éleveur de Teqoa avait fait dans le Royaume du Nord. La façon dont tout le matériau littéraire a été réuni pour constituer cette oeuvre originale a de quoi dérouter le lecteur. Si Amos avait pour mission d’instruire le procès d’Israël, les différentes pièces de l’instruction semblent dispersées dans le dossier. Ainsi, la sentence parcourt tout l’ouvrage, depuis le chapitre 2, « Moi, je vous écrase sur place… » (v. 13), jusqu’au chapitre 9, « Tous les pécheurs de mon peuple mourront par l’épée… » (v. 10). Dans les chapitres 7 et 8, Amos relate quatre visions que le Seigneur lui a montrées pour illustrer son verdict. Fort étrangement, c’est entre la troisième et la quatrième de ces visions, destructure littéraire identique (le mur, 7,7-9 et la corbeille de fruits 8,1-3), qu’il choisit de relater sa rencontre avec Amatsia, le prêtre du sanctuaire royal de Béthel (7,10-17). Amatsia avait assisté à la proclamation d’Amos. Les paroles de jugement qu’il a entendues (la menace d’exil, 5,27 & 6,7 et l’épée qui menace la famille de Jéroboam II, 7,9) sont suffisamment subversives pour qu’il les rapporte à son roi (7,10).

DOUCHE FROIDE

Amos est un vrai trouble-fête, et le verdict sévère qu’il prononce doit faire l’effet d’une douche froide à ses auditeurs, un scénario catastrophe qui fait tache en particulier sur quatre causes d’orgueil national.
• Dieu a remarqué à quel point les riches Samariotes sont fiers de leurs propriétés, d’hiver et d’été, de leurs hautlieux et de leurs sanctuaires. Amos a une mauvaise nouvelle pour eux : tout va être écrasé (2,13), démoli (3,15), dévasté et réduit en ruines (6,11 & 7,9).
• Dieu est lassé du luxe dans lequel vivent certains. Il appelle sur eux par la bouche de son prophète le dépouillement (3,11), l’abandon de la cité (6,9), la famine (8,11), la soif (8,13), sans qu’il soit possible de fuir ou d’échapper à la sentence (2,14-15 & 9,2-4).
• Les alliances conclues par les prédécesseurs de Jéroboam II s’accompagnaient toujours de clauses religieuses, et la religion du Royaume du Nord pourrait être qualifiée de globale et tolérante. La réponse du Dieu de l’alliance est à la mesure de cette globalité : l’exil au-delà de Damas (5,27), les grands en première position (6,7) et ces peuples lointains qui les déporteront ne prendront pas des gants pour les tirer de leur quiétude (4,2), c’est même l’oppression qui les attend (6,14).
• Jéroboam II vient de mettre fin à une guerre qui a duré 100 ans et le royaume jouit sans retenue de cette paix. On comprend la colère d’Amatsia lorsqu’Amos vient avec des oracles de mort violente (6,9 ; 7,9 ; 9,10), des visions d’empilement de cadavres (8,3), des complaintes de deuils (8,10).
Pourtant, toutes ces paroles se réaliseront moins de 40 ans plus tard, en 722 avant notre ère, lorsque les troupes assyriennes de Sennachérib envahiront la Samarie. Le jour de l’Éternel ne fut malheureusement pas le jour de gloire pour les enfants de Samarie…

CHAMPS DE RUINES

On peut être frappé, à la lecture des sept lettres de l’Apocalypse, de constater que le Dieu d’Amos n’a pas eu plus de patience avec le peuple de la nouvelle alliance. À l’endroit des sept Eglises ne se trouvent aujourd’hui que des champs de ruines. Beaucoup de bâtiments religieux de ce qu’on a appelé pendant des siècles l’Occident chrétien sont aujourd’hui devenus des dancings ou des garages. La chrétienté est morte et le christianisme mondial a aujourd’hui plus de représentants dans le Sud et en Orient qu’en Occident. Que la méditation des jugements prononcés par Amos nous encourage à une pratique de notre foi qui soit humble, sans partage et libérée de toute autosatisfaction !

Les liens vers tous les articles de la série sont disponibles sur le blog.

 

RÉSUMÉ DE LA PROPHÉTIE DE JUGEMENT D’AMOS
« Écoutez cette parole que le Seigneur prononce sur vous Israélites, sur tout le clan que j’ai fait monter d’Égypte ! Je vous ai distingués, vous seuls, parmi tous les clans de la terre ; c’est pourquoi je vous ferai rendre des comptes pour toutes vos fautes. »
AMOS 3,1-2

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