Prier ensemble

 Dans Christ Seul, Stimuler

Certains couples prient à deux depuis toujours… D’autres peinent à le faire, peut-être à cause de différences… Que faire ?

L’un est du matin, et s’endort épuisé pendant la longue prière de l’autre au moment de se coucher. L’autre est du soir et marche au radar quelque temps encore après le petit-déjeuner. Alors la prière après la lecture du feuillet… L’un veut que cela bouge, il veut louer l’Éternel bien fort, il transpire l’optimisme et affirme que Dieu a déjà tout exaucé. L’autre se veut discret, sobre, il réfléchit, avoue ses fautes et son manque de foi. Et comme il est difficile de prier ensemble quand on s’est disputé ! Il suffit d’ailleurs d’être déçu, de ne plus se comprendre.
La Bible le sait bien, elle qui nous a laissé un passage à ce sujet : « Vous de même, maris, vivez avec votre femme en faisant preuve de discernement : elles sont de nature plus délicate. Traitez-les avec respect : elles doivent recevoir avec vous la vie que Dieu accorde dans sa grâce. Agissez ainsi afin que rien ne vienne faire obstacle à vos prières. » (1 Pi 3,7, traduction Bible du Semeur).
Nous soulignons deux mots clés dans ce texte, si important.

DIFFÉRENCES HOMMES – FEMMES

Discernement. Le texte original a même : « connaissance ». Il y a quand même des choses à savoir ! La fatigue, ce n’est pas un péché. Les rythmes biologiques, ça existe. Les personnalités sont différentes. Un homme et une femme, ce n’est pas la même chose. Il y a des spiritualités fort diverses : les chaudes et les froides, les affectives et les intellectuelles, celles qui impliquent le corps et la fête, les autres l’intériorité et le calme. La relation avec le Seigneur n’en est pas moins sérieuse.

ESTIME POUR L’AUTRE

Le respect. Le texte original a même : « l’estime, le prix. » Ah ! Quand nous étions amoureux, tout était si beau chez l’autre ! Comment donc ? Vous n’êtes plus amoureux ? Bien sûr que si… et cet amour est plus profond, plus solide, car plus réaliste. Il (elle) a de la valeur, celui (celle) qui partage ma vie depuis si longtemps. C’est quand on a de l’estime pour l’autre que l’on peut former une équipe efficace, combattre au coude à coude, faire face, surmonter l’épreuve et même, se soutenir et s’encourager l’un l’autre.

LA CLÉ

Il y a en effet beaucoup d’obstacles à la prière. Le diable fait tout ce qu’il peut pour les multiplier… ne lui donnons pas un coup de main ! Il craint tellement les prières d’un couple uni. Rien ne doit y faire obstacle.
Rien, voilà qui est un peu présomptueux. Est-ce possible ?
Et si au lieu de se regarder l’un l’autre sans cesse, on regardait ensemble vers le Seigneur ? L’amour pour lui, le désir de lui parler et surtout la certitude qu’il écoute, qu’il va agir, que l’intercession est un combat dont il a la victoire, c’est cela qui réunit. Quand on aime, cela se sent, cela se vit, même si ce n’est pas tout à fait de la même façon. Aimer et être aimé, n’est-ce pas la clé qui ouvre toutes les portes ? En particulier celle de la prière… à deux !
PRIER À DEUX – TÉMOIGNAGE
Daniel a été élevé dans la foi catholique et Colette dans la foi mennonite. Daniel est un homme et Colette une femme, autre différence.
En fait, le plus grand obstacle ne se situait pas dans la culture différente, mais plutôt dans notre relation à Dieu. L’un comme l’autre, nous aspirions à une relation quasiment exclusive à Dieu. Daniel parce que ces moments de calme et de recueillement, seul face à Dieu, ont été des jalons importants de son parcours spirituel. Colette parce qu’elle considérait que la relation à Dieu est avant tout personnelle, ce qui est difficile de partager avec une autre personne.
Prier à deux a donc nécessité une adaptation pour faire entrer l’autre dans sa propre relation à Dieu. Il a fallu admettre que certaines de nos préoccupations, très intimes, puissent être montrées à l’autre en toute confiance. Il a aussi fallu comprendre comment l’autre communiquait avec Dieu, comment il priait, pour ne pas trop le gêner dans sa relation à Dieu. Cela s’est fait progressivement et naturellement.
Cette phase d’adaptation porte maintenant bien des fruits : le moment de prière est un point de repère et de resynchronisation important entre deux rythmes de vie qui peuvent être différents, suivant les besoins en sommeil, les horaires de chacun. Ces moments de prière amènent aussi à remettre nos préoccupations et nos sentiments à leur place : on ne peut pas prier à deux si l’on est fâché ou si l’on est indifférent. Enfin, connaître une relation intime à Dieu autre que la sienne permet de remettre en question et d’approfondir sa propre relation.
Finalement, à partir de la relation que chacun des deux avait avec Dieu, une troisième relation à Dieu a pu naître, celle du couple que la prière a permis de former et de consolider.
COLETTE ET DANIEL S.

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