Non-conformité en RDC
Pour les chrétiens et les Églises mennonites en République Démocratique du Congo, que signifie l’appel à la non-conformité au monde, par conformité à Jésus-Christ ? Éléments de réponse.
L’énergie qui mobilise les chrétiens pour construire l’Église, le pays n’est pas un vague sentiment de patriotisme, mais émane de la force même du Christ ressuscité qui nous donne de réaliser l’appel de Dieu à soumettre la terre. Rester indifférents et se décourager devant le mal qui empire, assister impuissants à la dégradation de plus en plus grave de l’Église et du pays, n’est absolument pas chrétien.
OBSTACLES
Le pays ou l’Église ne peuvent évoluer s’ils ne savent pas se débarrasser de toutes leurs mauvaises racines et leurs mauvais penchants qui favorisent les compromissions, mènent à des situations de blocage, voire aboutissent à la sécheresse et à la stérilité : l’injustice sociale, le tribalisme, la corruption, la malhonnêteté, la paresse, le mensonge, le manque de respect pour l’autre, etc.
LE RESPECT DE LA PERSONNE HUMAINE
La coexistence sociale dans notre Église doit être régie par un principe moral essentiel qui est celui du respect de l’autre en tant que personne humaine.
Ceci englobe tout le parcours de la vie humaine dès la conception jusqu’à la mort. C’est pour cela que nous déplorons la pratique de l’avortement, ainsi que les mauvais traitements infligés aux personnes âgées. Négliger, marginaliser les anciens ou porter atteinte à leur dignité, c’est construire une Église sans sagesse, car ils sont porteurs d’une bibliothèque inestimable d’expériences.
LA POLITIQUE ET LE CHRÉTIEN
Même si l’Église, en tant qu’institution, n’a pas de compétence directe en matière politique, le chrétien par contre, en tant que citoyen à part entière de son pays, ne peut vivre en marge du monde politique.
VISION DES GÉNÉRATIONS
De façon très particulière, les vagues des générations nouvelles qui déferlent chaque année dans les écoles et les lieux de travail doivent nous interpeller. Nous pouvons alors nous poser quelques questions : quelle vie préparons-nous pour les jeunes et les enfants ? Dans cette Église que nous voulons (re)construire ensemble, où se trouve la place de la jeune fille et de la femme en devenir ? Quelle garantie donnons-nous à cette génération pour son épanouissement ? Quel héritage laissons-nous aux générations à venir ?
L’UNITÉ POUR SERVIR
Alors que les Églises mennonites au Congo s’apprêtent à revivre l’expérience de servir dans l’unité, nous invitons à œuvrer dans la paix et la non-violence. Il s’agit de vivre ces valeurs non seulement envers les membres de sa famille, les chrétiens de sa paroisse ou de sa communauté, mais envers toute personne, croyante ou non. L’unité chrétienne n’est pas synonyme d’uniformité, elle est plutôt une harmonieuse diversité, source de richesse. S’aimer les uns les autres, c’est vivre l’unité dans la diversité des hommes de toutes tribus, toutes langues et de toutes conditions. Nous exhortons à nous efforcer de réaliser entre nous et autour de nous cet idéal de l’unité dans la diversité, dans la paix des cœurs et des esprits, dans la fraternité et le bonheur.
Les Églises mennonites de la République démocratique du Congo méritent une particulière attention notamment pour que la non-conformité s’exprime réellement sur le plan fonctionnel et de la politique de gestion de l’Église.
EXPLICATIONS
Ceci est le premier article d’une série de trois que nous ont fait parvenir les Églises mennonites de la République Démocratique du Congo. Comptant environ 200 000 membres, ces Églises sont regroupées en trois « Communautés » : la CEM (Communauté Évangélique Mennonite), la CEFMC (Communauté des Églises des Frères mennonites du Congo), la CEMCo (Communauté des Eglises mennonites du Congo). Grâce à la très précieuse collaboration du représentant du Mennonite Central Committee en République Démocratique du Congo, Tim Lind, nous pouvons vous présenter un article émanant d’un membre de chacune de ces Communautés.
Ce premier article a été écrit par le responsable jeunesse de la CEM, le suivant par une étudiante en missiologie membre de la CEFMC et le troisième par un pasteur de la CEMCo.
Ces trois articles ont en commun de présenter les réalités du contexte journalier auxquelles nos frères et sœurs sont confrontés et de poser des questions quant à la pertinence d’un vécu « non-conforme » dans ce contexte.
Cette série d’articles sur le thème de la non-conformité a suscité des réactions très variées et d’une grande richesse. C’est pourquoi nous prévoyons de clore cette série en regroupant les principaux thèmes et questions qui ont été soulevés dans une synthèse qui sera réalisée par Michel Sommer. Mais ceci est de la musique d’avenir, puisque ces articles du Réseau francophone mennonite paraissent au rythme de tous les trois mois.
JEAN-PAUL PELSY, COORDINATEUR