Quand la maladie surprend
L’annonce d’une maladie grave retentit comme un coup de tonnerre ou comme un tremblement de terre… A travers les questionnements et les difficultés, que peut-on apprendre et retirer de la maladie ? Comment ? Essais de réponse…
« Les résultats ne sont pas bons… La tumeur est cancéreuse. »
Petite, les soirs d’orages, je me rassurais en comptant les secondes qui séparaient l’éclair du tonnerre : l’orage a toujours frappé à côté… Mais là, je n’ai pas eu le temps de compter…
Une fois encaissé le choc de l’annonce, la maladie incite à revoir ses priorités. Chaque instant est vécu plus intensément, conscient que l’on est de sa fragilité. La vie prend une autre saveur… Puis, lorsqu’une certaine sérénité est revenue, ce peut être l’occasion d’évoluer sur différents plans, notamment spirituel…
QUE PRIER ?
Alors que commencent les traitements, mes proches prient pour ma guérison. Mais moi, je n’y parviens pas, malgré les versets bien connus (Mt 21,21-22 ; 1 Jn 5,14-15…). Qui suis-je pour réclamer une telle chose alors que Dieu connaît mieux que moi ce dont j’ai besoin ? Son plan est parfait, alors que demander ? La lecture du livre, sobre et passionnant, de Samuel Bénétreau « La prière par l’Esprit »m’a éclairée. C’est vrai, Dieu n’a pas besoin de nos prières, mais il les veut. Lorsque, dans la faiblesse, nous lui adressons nos requêtes, elles sont le signe de notre confiance en lui. Nous ne savons pas forcément ce qui est réellement bon pour nous. Mais l’action de l’Esprit peut pallier notre insuffisance (Rm 8,26-27). La prière est rencontre de deux libertés : la nôtre et celle de Dieu. L’important est alors d’ajouter sincèrement « que ta volonté soit faite », ce qui est une façon de s’en remettre à l’autorité de l’Esprit.
DONNER DU SENS
La fragilité et la vulnérabilité que cause la maladie peuvent devenir une richesse : temps de repos et de solitude propices à la lecture, à la méditation, à la prière, à être simplement « devant Dieu », à son écoute ; il faut du temps pour faire taire son brouhaha intérieur et parvenir à distinguer en soi-même « le son doux et léger de la voix de Dieu » (1 R 19,12).
Thierry Janssen, dans son livre « La maladie a-t-elle un sens ? », écrit que « l’important n’est pas de chercher le sens (= signification) de la maladie, mais plutôt de lui donner du sens (= orientation) », en comprenant, par exemple, notre part de responsabilité dans les processus qui favorisent certaines pathologies et en décidant de changer certaines habitudes. La lecture du livre de David Servan-Schreiber « Anticancer » a été déterminante pour moi.
Se responsabiliser est aussi une façon d’exercer un vrai pouvoir sur la maladie et de prendre soin le mieux possible du corps que Dieu nous a donné.
LE MAL EN BIEN
Je veux lever les yeux, non vers cette épée de Damoclès qu’est la récidive, mais vers Celui qui promet : « Ma grâce te suffit, c’est dans la faiblesse que ma puissance se manifeste pleinement. » (2 Co 12,9).
Mon expérience n’est évidemment pas normative, chacun vivant sa maladie comme il peut. Mais je veux témoigner de l’amour de Dieu et de sa puissance à transformer le mal en bien.
« VOTRE MARI EST ATTEINT DE LEUCÉMIE AIGUË » – TÉMOIGNAGE
Quand, à l’hôpital, on vous annonce : « Votre mari est atteint de leucémie aiguë », c’est un peu comme si la terre s’ouvrait sous vos pieds. Cela m’est arrivé un jour de mai 2000… L’Église fut aussitôt informée de façon à ce qu’on prie pour nous. J’avais l’intime conviction que le Seigneur était avec Jean- Claude et me soutiendrait. Dans un premier temps, je me rendais tous les jours à Besançon, d’abord en voiture puis en empruntant le train et le bus ; le trajet durait plus longtemps mais j’étais moins stressée. Arrivée au service, il s’agissait de se « déguiser », afin d’éviter tout apport de germes pathogènes. Mais quelle n’était pas ma joie de retrouver un mari certes amaigri, certes ayant perdu poils, cheveux et ongles, mais heureux de ma présence ! Régulièrement, je communiquais à l’Église l’évolution de la maladie. Quand les visites furent autorisées, un message invita les volontaires à se manifester… Beaucoup se levèrent : il fallut même établir un planning. J’ai pu ainsi nouer des liens avec des personnes auparavant peu connues et m’en faire des amis. Quant au voisinage direct, il s’informait. Ce qui m’a émue aux larmes, c’est quand un soir j’ai retrouvé devant la maison une brouette pleine des pommes de terre que notre voisin déjà âgé avait arraché à ma place ! Jean-Claude fit trois passages successifs d’un mois à l’hôpital et tout au long de ces séjours, je peux témoigner que le Seigneur a renouvelé mes forces, calmé mes inquiétudes et « m’a entourée par devant et par derrière ».
LILIANE M.
À LIRE POUR SE FAIRE UN AVIS…
« Anticancer » de David Servan-Schreiber, neuropsychiatre (Pocket, 2009). Il raconte le choc de la maladie et ses approches pour faire face à son cancer. Prévenir la maladie ou sa récidive en jouant sur divers tableaux : proscrire par exemple aluminium, parabènes, phtalates…, équilibrer son alimentation et favoriser certains aliments révélés intéressants par des recherches, pratiquer de l’exercice physique, méditer et travailler sur ses émotions et d’éventuels traumatismes passés.