Mettre de la couleur dans sa vie…
En quoi le beau fait-il du bien, est-il nécessaire dans la vie quotidienne ? Car après tout, l’art n’est pas que pour les élites, mais pour tout être humain, quelle que soit sa condition. Réflexions et témoignage.
Le beau : tant de rêves s’y rattachent, tant de moments agréables et émouvants lui sont dus. Quel rapport à la beauté entretenons-nous ? Est-elle luxe inutile, hasard extravagant ou bien nécessité voulue ? La Bible nous dit-elle quelque chose à son sujet ?
Tout d’abord, le beau se contemple. Mais affirmer que le beau ou l’émotion esthétique tient seulement à une opinion subjective revient à dire qu’il n’est qu’une simple expression verbale sans valeur objective.
La Rochefoucauld ose énoncer des normes un peu moins dépendantes des individus et des humeurs : « Une chose, de quelque nature que ce soit, ne saurait être belle et parfaite si elle n’est véritablement tout ce qu’elle doit être et si elle n’a pas tout ce qu’elle doit avoir. »
Le beau peut donc se trouver dans la plus majestueuse mais aussi dans la plus modeste des choses : le visage lisse et frais d’un bambin, comme celui ridé d’une vieille femme.
Ainsi, le plaisir des sens mais aussi la notion de plénitude sont intimement mêlés à la beauté.
De manière générale, nous adoptons une attitude utilitariste, c’est-à-dire qu’il nous faut produire des biens pouvant remplir une fonction utile. Produire et s’occuper du beau paraît alors une perte de temps.
AU COMMENCEMENT, LA BEAUTÉ…
Cependant, si l’on examine le livre de la Genèse, la beauté n’apparaît pas comme étant quelque chose de secondaire : dès le début, Dieu a investi des efforts inouïs afin que tout soit beau. La création était parfaite au point que ce que nous connaissons de beau ici-bas fait bien pâle figure en comparaison…
D’autre part, chez les hommes, le besoin profond du beau apparaît très tôt, car dès le début de l’histoire humaine, les arts sont cités avant même les techniques de la forge (Ge 4,20-21).
Le Nouveau Testament relate cet acte extravagant de la femme qui verse un parfum de nard très cher sur la tête de Jésus (Mc 14,3- 9). Les disciples s’offusquent de ce gâchis. Mais Jésus répond : « Ce qu’elle a accompli pour moi est beau… » Dieu se soucie du beau.
On constate que les Écritures sont également riches d’œuvres artistiques : des poèmes, des hymnes, des paraboles, des chants d’amour, des sagas historiques…
À LA FIN, LA BEAUTÉ…
Et à la fin de toutes choses, Dieu se soucie toujours du beau, car on peut difficilement lire la description de la Nouvelle Jérusalem sans admettre que ce sera certainement une œuvre de toute beauté (Ap 21,9-27).
Bien sûr, il nous faut reconnaître la fragilité et la vanité de ce qui est beau, puisque le beau est fugitif, un état passager, dont on se lasse…
Mais pour autant, Dieu n’a pas honte de s’associer à la créativité humaine. Dieu compare même ses interventions dans l’histoire humaine à l’interaction entre un potier et sa matière première l’argile.
L’artiste en somme, bien que d’une manière assez lointaine, imite le Christ qui prit de la matière brute au dernier repas, du pain et du vin, et lui imposa un sens nouveau. Un sens qui n’existait pas auparavant. De même, l’artiste pétrit la matière inerte, associe des couleurs, assemble des sons ou des rythmes incohérents, des paroles ou des concepts insolites et leur donne un sens nouveau. Il crée du beau, à l’image de son Dieu.
LOUANGE AU CRÉATEUR – TÉMOIGNAGE
Le printemps est là, et pour moi, la vie reprend dans toute sa beauté. Après le tapis blanc des perce-neige, voici les primevères de toutes couleurs, les jonquilles…
Un joli bouquet de fleurs de saison pour donner au culte une note de chaleur, d’accueil, une petite fleur du jardin apportée à une amie malade, un pot de peinture vive pour redonner vie à un salon de jardin défraîchi… Autant de gestes qui, pour moi, mènent à la louange.
Que dire d’un repas sans avoir le souci de composer un joli décor : fleurs assorties à la nappe, aux serviettes, plats composés harmonieusement. Et cela me paraît d’autant plus important pour un repas communautaire de l’assemblée.
En ce qui concerne l’habillement, j’aime porter du noir, mais je trouve cela trop triste, alors j’y ajoute une fleur rouge ou un foulard et des accessoires aux couleurs vives. Ne faut-il pas être bien dans sa peau pour refléter autour de soi la joie d’appartenir à notre Dieu ?
J’ai eu beaucoup de plaisir à peindre pour mes petites-filles, sur leur demande, leurs lits et armoires avec des fleurs aux couleurs vives, et aussi d’assortir les tissus d’un patchwork…
En hiver, quand tout est triste, mon mari m’offre très souvent des fleurs qui sont autant de preuves d’amour.
Vous l’avez compris, je ne peux vivre sans couleurs, sans fleurs, et c’est pour moi toujours des moments de louange, de reconnaissance à mon Créateur.
CHRISTIANE MULLER, ÉGLISE DE TOUL
L’ART CONSOMMÉ PLUS QUE PRATIQUÉ…
Le premier loisir national quotidien, toutes catégories sociales confondues, est la télévision (86 % des Français). Le palmarès des pratiques culturelles laisse les places suivantes au livre (58 %), au cinéma (50 %), aux visites de musées ou d’expositions (45 %), aux spectacles (29 %) et aux pratiques artistiques en amateur (14 %). Seule une personne sur six née entre 1976 et 1985 n’a pratiqué, au cours de sa jeunesse, aucune activité culturelle contre une sur trois pour les personnes nées avant 1935.
INSEE – JOURNAL L’HUMANITÉ