Vivre avec ses peurs…

 Dans Christ Seul, Stimuler

Des peurs, nous en connaissons tous probablement… Comment vivre avec, les reconnaître, pour les dépasser et gagner en liberté ? Réflexion et témoignage.

Dans notre société, où il s’agit avant tout d’être cool, la peur n’a pas bonne presse. Il peut alors être difficile de prendre conscience de ses peurs et encore plus de les avouer. Pourtant, la réalité est bien différente : en 2004, 9, 6 % des personnes en Suisse souffraient de troubles anxieux. En Allemagne, selon le Dr. Doris Wolf, une personne sur dix se sentirait fortement handicapée par la peur dans son quotidien.

La peur fait partie de notre condition humaine. Elle peut être utile et/ou problématique. Elle est utile lorsqu’elle nous aide à déceler des dangers et nous rend vigilants dans les situations à risque. Elle devient problématique lorsqu’elle nous paralyse et nous empêche d’agir de manière appropriée dans des situations qui ne sont pas réellement dangereuses.

Il y a donc des peurs qui sont saines, voire à apprendre et d’autres qu’il est bon de dépasser pour mieux vivre. Deux exemples.

Lorsque j’ai fait mes études aux États-Unis, j’étudiais et je vivais dans un quartier relativement « chaud ». On nous avait inculqué qu’il ne fallait en aucun cas se promener seule dans les rues après la tombée de la nuit. N’étant pas particulièrement craintive la nuit, j’ai décidé de ne pas déranger quelqu’un lorsqu’un soir je suis rentrée tard après avoir conduit quelqu’un à l’aéroport et après avoir mis la voiture sur le parking d’un collègue qui en avait besoin le lendemain matin. J’ai commencé à marcher en direction de mon appartement, lorsqu’une voiture de la police s’est brusquement arrêtée à mes côtés. L’un des policiers m’a demandé ce que je faisais seule dans la rue à cette heure-là… Il m’a rendue attentive au danger que je courais. Dans ce contexte, il aurait été bon d’avoir peur pour ne pas se mettre en danger !

Il y a quelques semaines, en prenant le train dans une petite ville suisse, je me suis souvenue, avec un peu d’amusement, des angoisses que j’avais ressenties lorsque j’avais, fillette de campagne, pour la première fois, dû me rendre seule dans cette ville et ensuite prendre le train pour rentrer. Aujourd’hui, j’aime énormément voyager en train et les grandes gares me fascinent. Heureusement que je n’ai pas cédé à la peur du début (en évitant les trajets en train) et que j’ai pu ainsi la dépasser !

Il ne s’agit donc pas simplement de vouloir éliminer toute peur, mais de différencier entre peurs saines et utiles et peurs exagérées et qui nous emprisonnent.

Mais au fait, comment s’exprime la peur ? Elle se manifeste dans quatre domaines:

a) au niveau corporel : par ex. transpiration, mains moites, rougissements, respiration plus forte et accélérée ou très plate, muscles tendus, boule dans la gorge, difficulté de contrôler sa voix qui peut se mettre à trembler ; boule dans l’estomac, vomissements, diarrhées, tremblements des jambes et ou des mains ;

b) au niveau des émotions : par ex. crainte, inquiétude, appréhension, peur, frayeur, angoisse, affolement, effroi, trac, sentiment de tête vide, impression de ne plus rien ressentir ;
c) au niveau des pensées : manque de concentration, car les pensées tournent autour des conséquences négatives ce qu’on redoute ; on s’imagine toutes les choses terribles et horribles qui pourraient arriver.

d) au niveau du comportement : on tente d’éviter ou de fuir les situations qui font peur, on prend des médicaments ou de l’alcool contre la peur.

En fait, très souvent on en arrive à avoir peur de la peur, ce qui met notre corps en alerte, augmente les émotions négatives, favorise les pensées négatives et nous pousse encore plus à vouloir éviter ou étouffer la peur. Un cercle vicieux s’installe et s’éloigne du réel problème de fond.

Lorsque ce cercle vicieux est fortement installé, il est bon de chercher de l’aide auprès d’une personne compétente (psychothérapeute, accompagnateur/trice en relation d’aide).

Mais dans la plupart des cas, nous pouvons apprendre à devenir conscients des peurs qui nous handicapent dans notre quotidien et à les travailler pour gagner plus de liberté.

 

Quelques pistes

 

1. Être sensible aux signaux d’alarme de notre corps et y répondre en nous détendant, ce qui permettra d’aborder les situations qui font peur avec plus de ressources. Apprendre et utiliser quelques méthodes de « relaxation » simples (par exemple : respirer profondément, serrer et desserrer les poings, penser à un lieu ou à une personne que vous aimez et qui vous inspire confiance, rire un bon coup – cela détend !).

2. Prendre nos émotions au sérieux, sans nous monter la tête pour autant. En parler avec quelqu’un, car ce qui est exprimé est moins menaçant. Parler de nos peurs avec Dieu, les lui apporter en lui demandant de nous aider à voir comment y réagir. Parfois, nous avons besoin de « revisiter » un événement passé traumatisant, de passer par une guérison de la mémoire, car la peur de revivre cette expérience nous pousse à nous sentir menacés dans des situations qui ne sont pas ou plus dangereuses.

3. Observer, analyser et corriger notre dialogue intérieur. Bien souvent, ce que nous pensons d’une situation rend la chose bien plus menaçante qu’elle ne l’est en réalité. Il ne s’agit pas de prétendre que nous n’avons pas peur, mais plutôt de reformuler les choses de manière adéquate et réaliste. Pour cela, il est bon d’aller jusqu’au bout de sa pensée, de ce qui peut réellement arriver et puis ensuite, d’adapter nos propos. Par exemple, plutôt que de me dire : « Si je rate cet examen ce sera la catastrophe », je peux dire : « Si je rate cet examen, cela me fera perdre une année, jusqu’à l’obtention du diplôme. Donc, il faudra encore une fois trouver des fonds pour financer le reste de ma formation. » Avec une telle formulation, on peut déjà commencer à réfléchir à la manière d’assumer l’échec qui devient moins menaçant. On sera plus détendu à l’examen et les chances de réussite augmenteront !

4. S’exposer aux situations qui font peur. On ne peut pas dépasser la peur sans se confronter aux situations qui font peur. Et là, il est bon d’être persévérant et patient avec soi-même. Souvent, la peur d’une situation ne part pas d’un seul coup, mais il faut l’apprivoiser lentement. En répétant l’exposition à la situation menaçante, on fait d’abord l’expérience que l’on « survit », puis que les réactions corporelles et émotionnelles diminuent pour finalement disparaître entièrement ou devenir juste mineures.

Un dernier encouragement pour conclure : le courage, c’est bien souvent de la peur transformée. Ou comme disait quelqu’un : « Le courage, c’est la peur qui a prié. »
Si vous êtes frustré par votre attitude de peur, lisez l’évangile de Marc. Dans cet évangile, on mentionne très souvent la peur des disciples ; pourtant, Jésus leur confie la grande mission d’aller dans le monde entier pour annoncer la bonne nouvelle du Royaume de Dieu… et ils y vont (cf. Mc 16.14-20) !

 

Contactez-nous

Envoyez nous un courriel et nous vous répondrons dès que possible.

Illisible ? Changez le texte. captcha txt
0

Commencez à taper et appuyez sur Enter pour rechercher