Des T-shirts blancs comme seule arme

 Dans Christ Seul, Explorer

Une des trois femmes ayant obtenu le prix Nobel de la paix 2011 a connu un parcours impressionnant et encourageant. Gros plan.

Le 10 décembre 2011, trois femmes ont reçu le prix Nobel de la Paix. L’une d’elles1 ,Leymah Gbowee, a été mentionnée dans les médias mennonites dès sa nomination. En effet, en 2007, elle s’est formée dans une université mennonite aux États-Unis où elle a acquis les fondements théoriques de son action – bien après les événements qui ont contribué à la faire connaître.

FIN DE 14 ANS DE GUERRE…

Les faits remontent à 2003. Le Libéria, épuisé par la guerre qui a amené le sinistre président Taylor au pouvoir, est secoué par une nouvelle vague de folie meurtrière. La population est prise entre forces gouvernementales et rebelles qui mettent le pays à feu et à sang. Les premières victimes sont les femmes, violées systématiquement, et les enfants, mutilés ou enrôlés comme combattants. C’est alors que Leymah Gbowee, assistante sociale et mère de famille, elle-même victime de la guerre, se lève. Avec des femmes chrétiennes et musulmanes, elle organise un mouvement de protestation contre la guerre. Leur slogan : « Nous sommes fatiguées de la guerre, nous sommes fatiguées de courir… nous voulons la paix. » Leurs armes : des T-shirts et des turbans blancs, la prière et le chant. Leur méthode : une présence embarrassante sur le passage du président jusqu’à ce qu’il reçoive leur requête et entre en négociation avec les rebelles. Suit une vigile entêtée sur le lieu des négociations jusqu’à l’obtention de résultats tangibles : le tyran s’exile, les combattants sont désarmés, des élections démocratiques ont lieu. Un film relate les épisodes du mouvement2 qui a mis fin à 14 ans de guerre.

… GRÂCE À UNE POIGNÉE DE FEMMES

Qui d’entre nous ne se sentirait impuissant face à des problèmes aussi graves ? Or voilà qu’une poignée de femmes résolues est parvenue, avec des moyens dérisoires, à faire l’impossible : vêtues d’un accoutrement ridicule, sans pouvoir officiel ni programme politique, avec une seule requête : « We want peace » [Nous voulons la paix]. Peu de vidéos ont été tournées sur la campagne, les journalistes estimant ces femmes « pitoyables » malgré leur nombre.

UN COMBAT SPIRITUEL NON-VIOLENT ET ACTIF

Je suis convaincue que la victoire de ces femmes s’explique par le fait que leur lutte a été pour beaucoup un combat spirituel.
– Leur « uniforme » blanc évoquait la paix et s’inspirait d’Esther qui prit le deuil avant de plaider la cause de son peuple auprès du roi.
– Prières de supplication, chants, pleurs ont porté le mouvement, surtout dans les moments délicats.
– Un esprit de réconciliation a uni chrétiennes et musulmanes – car « les balles ne font pas la différence ».
– Des actions inspirées et décisives eurent lieu à des moments cruciaux, où tout était bloqué : les négociations stagnant, les femmes envahirent le lieu où elles se déroulaient. Menacée d’expulsion, Leymah dit dans un mouvement de désespoir inspiré qu’elle faciliterait le travail de celui qui la menaçait en ôtant ses vêtements, geste synonyme de malédiction dans cette culture. Les négociations reprirent et aboutirent enfin.
– Leymah et ses compagnes ont fait preuve d’une endurance exemplaire – la paix obtenue, le mouvement continua jusqu’au désarmement des combattants et aux élections.

IMPACT DES ARTISANS DE PAIX

Un tel combat spirituel est à la portée de tous ceux qui se réclament de l’Évangile et de l’action de l’Esprit de Dieu dans notre monde. Il montre l’impact que peut avoir l’engagement de gens ordinaires, armés de leur seule foi, sur le cours de l’Histoire. Détail étonnant, c’est aux heures les plus sombres de sa vie que, victime d’un partenaire abusif, Leymah Gbowee a trouvé consolation dans les promesses d’Ésaïe 54. Sa carrière d’artisan de paix a véritablement commencé à ce moment-là.

Notes
1. Les deux autres sont Tawakkul Karman du Yémen et Ellen Johnson Sirleaf, présidente du Libéria et qui fait partie de l’église méthodiste de son pays.
2. « Pray the devil back to hell » [Renvoyer le Diable en enfer par la prière], 2008.

 

Cet article est publié conjointement dans « En route » (Union de l’Église évangélique méthodiste) et
« Christ Seul ». Il a été proposé par la rédaction de «Christ Seul ».

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