Le vivre-ensemble, c’est la mission !

 Dans Christ Seul, Connecter

La rencontre inter-Églises mennonites a eu lieu à Lunéville le 1er novembre dernier dans le magnifique salon des Halles, au centre de la petite ville lorraine, en présence de 150 personnes environ. Échos du thème « La réconciliation, un projet missionnaire », traité par Neal Blough

Il n’est pas habituel d’entendre un orateur mennonite s’exprimer sous les stucs, les lambris et les lustres d’un bâtiment de prestige. Cela mérite une explication. Lunéville n’a pas toujours été la cité oubliée de la croissance que nous connaissons ; elle fut autrefois la résidence des derniers ducs de Lorraine, pour ensuite devenir la « cité cavalière », ville de garnison, dernier rempart face à l’ennemi héréditaire…
Dans le salon des Halles qui nous accueillait, les uniformes chamarrés des officiers se mêlaient alors aux toilettes de la bonne société locale. Je présume qu’aucun des nombreux anabaptistes (c’est ainsi qu’on nous désignait) habitant alors la région n’y avait ses entrées…Thème de notre rencontre : [URL]www.christ-seul.fr/article.asp?id=1336[::]« La réconciliation, un projet missionnaire »[/URL]. « Vaste programme », aurait dit en son temps le Général. Pour Neal Blough notre orateur, réconciliation et mission vont de pair, impliquant la connaissance du projet de Dieu avec ses trois moments : création, chute et rédemption, et ce, non simplement pour chacun, mais pour la création entière.
Suite à la chute, les hommes sont devenus incapables de vivre ensemble et Dieu ne l’accepte pas. Son projet commence à prendre forme avec Abraham, géniteur d’un peuple devant apporter la bénédiction aux nations, afin que, après la dispersion de Babel, le vivre- ensemble soit à nouveau possible.

LE PEUPLE DE DIEU, MICROCOSME DE LA RÉCONCILIATION

Souvent, le peuple ne l’accepte pas (Jonas), et même après la venue de Jésus, ses disciples (Pierre), ayant pourtant vécu à la Pentecôte grâce à l’Esprit un début de réconciliation, sont réticents. C’est Paul qui tranche : le salut n’est pas destiné qu’à quelques-uns. De même qu’Adam est à l’origine de toute l’humanité, le Christ, le nouvel Adam, est venu pour le salut de tous. Paul parle d’un projet destiné aux nations (les peuples et non les entités politiques). Ce projet est grand, il englobe les individus, mais aussi le monde brisé, cassé. Dans ce projet, la communauté est importante, le vivre-ensemble est important. Le baptême nous introduit dans un peuple nouveau, anti-Babel, il détruit le mur de séparation et la croix du Christ tue la haine. L’Église qui est « la seule institution tournée vers les non membres » se doit d’être missionnaire. Paul voit loin : la création gémit et sera libérée, Dieu va la restaurer et la guérir. Notre mission est d’entrer dans ce projet en actes dans tous les domaines.
En résumé, la mission est le projet de Dieu et vise la réconciliation. Dieu le réalise en Christ et envoie les hommes s’en occuper. L’Église bien composée est déjà une partie fondamentale de ce projet, elle doit travailler dans toutes les directions. Sachant que rien n’est jamais acquis, elle doit être une communauté de pardon, ceci devant se poursuivre tout au long de la vie de chacun.

RACINES

Si l’intervention du matin était axée sur le projet de Dieu à travers la Bible, l’après-midi, Neal nous invite à nous situer dans notre propre histoire. Paul demandait déjà à ses contemporains de le faire : « Sommes-nous conscients de la racine qui nous porte ? » Être mennonite a été considéré longtemps comme faire partie d’une tribu ayant Menno comme père. C’était ne pas être missionnaire. C’était rester entre nous… Nos racines disent pourtant le contraire.
Au moment de la Réforme, les anabaptistes ont envoyé des messagers pour répandre leurs idées. Les autres réformateurs, reproduisant en cela le modèle catholique, se sont servis des princes pour asseoir leur influence, avec pour résultat des affrontements cataclysmiques. Conséquence : les mennonites mis au ban de la société ont vécu leurs convictions à l’interne, la parole leur a été confisquée, ils se sont refermés sur eux-mêmes…
Heureusement, les temps ont changé. Nous buvons aux diverses fontaines du monde évangélique et des familles intègrent notre théologie non héréditairement, mais par le choix de sa pertinence (Neal et son épouse l’ont fait).

RÉCONCILIATION ENTRE ÉGLISES

Nos racines plongent aussi dans l’histoire de notre pays : d’abord omniprésence de l’Église catholique, puis dès le 16 e siècle, apparition du protestantisme, au 18 e siècle, la Révolution qui s’est faite contre la religion et au 19 e siècle, le concept de laïcité. Nous avons un passé français et européen, les chrétiens s’y sont forgé leur identité dans l’affrontement ; or, l’unité de l’Église est essentielle pour la crédibilité de l’Évangile.
Neal Blough a donné quelques pistes pour cela : il est important d’élargir notre compréhension de l’Évangile, en vue de la réconciliation ; nous devons être mennos sans honte ni complexe (supériorité ou infériorité) ; nous devons être mennos en étant conscients que nous ne sommes pas seuls, puisque notre identité vient d’une déchirure, la Réforme et que toute identité issue d’une rupture est incomplète et blessée. L’Église a besoin de réconciliation. Notre théologie nous encourage à être artisans de paix, des constructeurs de ponts ; nos Églises doivent oser, oser aller vers les autres, oser prêcher un Évangile de réconciliation.

Pour aller plus loin…
Les deux exposés de Neal Blough peuvent être écoutés ou téléchargés sur le blog des Éditions mennonites.

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