Si j’étais président… – Mes 20 propositions, par Bernard Rodenstein
La série se poursuit… avec un troisième article, écrit par Bernard Rodenstein, pasteur, président fondateur de l’association Espoir à Colmar.
1. Je ferais la tournée des capitales européennes pour ancrer la France dans l’Europe, pour obtenir de nos partenaires la création d’une fédération européenne digne de ce nom, avec des politiques communes pour tout ce qui concerne la sauvegarde de l’environnement et de la paix.
2. Je proposerais, par voie référendaire, un profond changement de l’organisation administrative du pays. La plupart des collectivités territoriales seraient condamnées à disparaître. Quelques grandes régions suffiraient à la décentralisation. Les communes seraient fusionnées en districts d’une certaine taille, avec des compétences étendues.
3. Le nombre des élus serait drastiquement revu à la baisse. La suppression de plusieurs échelons intercommunaux et départementaux y contribuerait largement. J’interdirais le cumul des mandats et limiterais les indemnités à un montant symbolique, pour réintroduire partout la notion du volontariat dans l’exercice des fonctions électives.
4. En renforçant l’intégration des forces de défense au plan européen, des économies significatives seraient faites et réaffectées au système éducatif, aux soins et au logement social.
5. Toutes les politiques publiques seraient reconsidérées au crible des objectifs du long terme. La dictature des résultats ou du rendement immédiat serait abolie. Les grands équilibres qui structurent une société doivent être conçus dans la durée. C’est notamment le cas de l’environnement et de l’économie. Les rendements à très court, voire à court terme, sont souvent suicidaires. Ils nourrissent le capitalisme sauvage mais ils détruisent les solidarités et les valeurs immatérielles hautement indispensables au vivre ensemble.
6. Le Sénat disparaîtrait au profit d’un haut conseil de l’éthique politique. Des personnalités remarquables dans les divers domaines de la vie publique seraient appelées à siéger dans cet organisme chargé de veiller au respect des principes fondamentaux de notre république et de la démocratie en général, par les responsables en charge de la vie publique, et à empêcher les groupes de pression de prendre le dessus sur les parlementaires qui doivent faire les lois dans le seul intérêt du public.
7. Notre pays est un magnifique jardin qui manque de jardiniers. Au lieu d’encourager la concentration des personnes sur des zones urbaines de plus en plus étendues et souvent sans âme, je proposerais des primes pour la reconquête de territoires abandonnés, susceptibles d’accueillir des groupes humains décidés à faire revivre ou vivre des sites porteurs d’avenir.
8. Contre l’esprit de concurrence exacerbée, contre les tentations individualistes qui en résultent, je donnerais leurs chances aux hommes et aux femmes disposés à expérimenter des projets collectifs, en coopératives, en associations, en regroupements familiaux.
9. Je réintroduirais de la culture générale dans tous les cycles de formation. L’apprentissage du bien vivre et du vivre ensemble est à considérer comme la base de toute éducation.
10. Je prendrais à bras le corps le problème des banlieues. La réhabilitation de l’habitat serait accompagnée d’un vaste effort d’humanisation, grâce au renforcement des personnels éducatifs, dans les écoles, les collèges et les lycées, mais aussi dans les maisons de quartier et dans la rue. Les régies de quartier seraient développées pour créer des emplois sur place. La culture, les créations artistiques, les salles de musique ainsi que le commerce de proximité favoriseraient le développement des liens sociaux.
11. Les associations, dans leur grande diversité, serait enfin considérées comme de véritables partenaires de la puissance publique. Leur capacité d’innovation et de prise en compte des réalités du quotidien sont de puissants atouts que l’Etat devrait respecter et encourager.
12. Les transports en commun avec des cadences régulières prendraient peu à peu le dessus sur les voitures individuelles dans les villes. L’interdiction de l’utilisation des véhicules 4 x 4 dans les zones urbaines serait immédiate. Des pistes cyclables sécurisées seraient réalisées partout où cela est techniquement possible. L’investissement sur les moteurs non polluants serait accéléré.
13. La sortie progressive du nucléaire serait planifiée grâce au programme de fabrication des énergies renouvelables qui verrait le jour.
14. Les relations humaines sont rendues difficiles par le contexte de l’hyper concurrence qui met la pression sur les individus, dans de très nombreux domaines. De nombreuses violences résultent de ce climat dégradé. Une société plus « humaine » devrait être l’objectif politique majeur. Une société qui cultive, à tous les échelons, le dialogue, la concertation, le travail en équipe.
15. Les « blessés de la vie » doivent pouvoir trouver des accueils fraternels et sécurisants dans des « lieux de vie » dignes de ce nom, portés par des associations soucieuses du bien être de tous et de la paix sociale en général.
16. Les institutions judiciaires seraient assurées de pouvoir travailler dans la sérénité de leur indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques. Assurées aussi de disposer des moyens nécessaires à l’exécution de leurs missions. Les forces de police et de sécurité, de même, verraient leurs missions réorientées vers la prévention de la délinquance et vers la protection des personnes.
17. Une vaste réforme de la fiscalité serait entreprise pour garantir la progressivité de l’impôt sur les revenus. La taxation du travail serait réduite considérablement grâce à une très forte mise à contribution des détenteurs de revenus tirés des transactions financières.
18. Les pouvoirs publics favoriseraient partout l’émergence et le rôle indispensable de tous les contre-pouvoirs envisageables. Pouvoir, sans contre pouvoir, s’égare.
19. Si j’étais président, je voudrais rendre service à mon pays et au peuple français en oeuvrant, dans tous les domaines, pour plus de justice et de fraternité.
20. Si j’étais président, je voudrais protéger les plus vulnérables contre la voracité des plus rapaces et faire comprendre à celles et à ceux qui ne parviennent pas à maîtriser leurs appétits, que la vie n’est belle que lorsque tous sont admis à partager les richesses de tous, autour d’une même table. Au besoin, en leur signifiant clairement et fermement les limites à ne pas dépasser dans leur boulimie.
Bernard Rodenstein
Pour aller plus loin…
Bernard Rodenstein, Scripta – Eclats de colère et fragments d’espoirs, Editions Reber, 2004, 190 pages