Israël – Palestine (1) : Bethlehem

 Dans Blog, Israël - Palestine

Premier article d’une série sur Israël – Palestine ! Où tout commence à Bethlehem…

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J’ouvre un oeil puis l’autre. Des bruits inhabituels me réveillent : aboiements insistants, chant du coq se relaient et sculptent une impression de relief sonore. Une cloche tinte, puis un jeu de cloches s’envole quelques minutes. Mais ce ne sont pas les matines que je connais.
Je me lève et pousse le lourd rideau ; le soleil se lève sur Bethlehem ; un paysage de collines pentues au flanc desquelles s’accrochent des maisons à toit plat séparées pas des terrasses où des arbres malingres rappellent l’oliveraie d’autrefois. Je suis en Terre Sainte. C’est ce que vantent les « tours opérateurs » dont les bus déversent les touristes d’un genre particulier sur la place devant l’église de la nativité que nous avons visitée hier.

Nativité côté pile…
Je suis en Terre Sainte mais pas forcément du bon coté de la Terre Sainte : quelques éboulis et ruines ici ou là rappellent qu’il y a 10 ans, Israël a envahi cette partie de la Cisjordanie. Mais les bus ne passent pas tous par ici. La plupart ne font qu’une incursion de quelques heures de ce coté-ci du mur. Ils traversent le check point sans encombres et se dirigent tout droit vers la place centrale entre l’église de la Nativité, la mosquée, les restaurants et les boutiques de cadeaux ; la consigne donnée est qu’ici rien ni personne n’est sûr sauf votre guide, le chauffeur et le boutiquier. Il ne faut parler à personne d’autre. On ne sait jamais. Alors que faire : respirer l’encens dans la partie orthodoxe de l’église, le respirer longuement parce qu’il faut ABSOLUMENT voir la grotte où Jésus est supposé être né : une file de centaines de personnes s’enfonce difficilement par l’escalier escarpé vers ce lieu béni… Dès le dernier commentaire et la dernière flânerie sur la place, il faut vite rejoindre la zone sécurisée.

Nativité côté face…
Mais notre guide à nous est palestinien : nous décidons de ne pas faire la queue interminable, mais de plonger voir la grotte du côté délaissé, celui de l’église franciscaine. L’image d’Epinal de l’étable de nos enfances avec ses santons est revue et corrigée par les données factuelles que détaillent tous les guides devant un public médusé : peu d’arbres, peu d’herbes, donc pas de construction dans ces matériaux en bois ou torchis ; l’étable était forcément une grotte et lorsqu’il est question d’une hôtellerie occupée, il s’agit probablement de la grotte supérieure réservée aux hôtes de passage. Pour plus d’intimité, le propriétaire des lieux aurait réservé le fond de la grotte pour Marie et Joseph, là où se trouvent le bien les plus précieux de la famille, le bétail. Dans la version palestinienne, l’hôtelier n’est pas ce propriétaire pingre et bourru auquel notre lecture occidentale nous a habitué.
Autre différence de taille, nous finissons la visite par le cloître et le récit du siège de la basilique où s’étaient réfugiés les Palestiniens qualifiés de terroristes par les Israéliens il y a 10 ans. Les impacts de balles témoignent des combats où des tireurs juchés sur des grues montées à cet effet surveillaient toutes la zone et abattaient tout ce qui bougeait. Cette chasse aux « terroristes » a duré trois semaines… Qui plaindre, les terroristes ou les envahisseurs ?

Justice restauratrice
Le décor est planté. Nous rejoignons pour la soirée et le repas le Centre palestinien de résolution des conflits. Dans une maison située à l’ombre (menaçante) du mur de séparation, son leader nous détaille avec verve ce qui l’a inspiré dans l’exemple des mennonites : ils ont brisé le cycle infernal de la violence qui s’abattait sur eux, ils ont refusé de se considérer uniquement comme victime, mais ont tendu une main secourable à leur ennemi. Notre ami a suivi les cours d’été de Eastern Mennonite University (Harrisonburg, Etats-Unis) où convergent des personnes venant de zones de conflits du monde entier pour se spécialiser dans la résolution non violente des conflits. A l’aide de volontaires locaux et internationaux, le Centre propose des activités pour femmes, enfants et jeunes, toutes centrées sur cet objectif : la justice restauratrice de relations entre victimes et agresseurs. Nous verrons les jours qui viennent comment ce noble idéal peut être mis en œuvre par des hommes et des femmes de bonne volonté.

Daniel Goldschmidt

Légende photo : Bethlehem. Photo Ruedy Nussbaumer

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