Actes des Apôtres : l’Église, lieu d’entraide économique

 Dans Christ Seul, Stimuler

Dès les débuts de l’église, l’entraide économique est au programme.Zoom sur Actes 6.1-7.

Peu après le tragique épisode d’Ananias et Saphira (Ac 5.1-11), une deuxième crise frappe la toute jeune église de Jérusalem. L’église naissante était en forte croissance, et accueillait en son sein des chrétiens de diverses origines. Les chrétiens parlant hébreu étaient certainement majoritaires, mais il y avait aussi des chrétiens parlant grec. Ces derniers se plaignaient de ce que leurs veuves étaient négligées dans le service quotidien, c’est-à-dire l’aide aux plus nécessiteux (Ac 6.1). En réponse à cette plainte, les apôtres proposent à la communauté de choisir sept personnes qu’ils chargeront de ce service.
Ce récit est intéressant, car il montre comment, grâce à une meilleure organisation, un conflit est évité et l’unité retrouvée. Il nous fait aussi comprendre que pour appréhender une croissance, une bonne organisation est impérative. Enfin, il montre que service de la Parole et service du prochain vont de pair et ne peuvent être dissociés, sous peine de semer la division.

Un conflit…

Les douze apôtres prennent la grogne des Hellénistes au sérieux, car la communion fraternelle est en péril. Ils décident donc de convoquer la « multitude des disciples » (de nos jours, on parlerait de « convocation de l’Assemblée Générale »). Les responsables d’église évitent ainsi deux pièges : d’une part, celui de mépriser et d’ignorer la plainte ; et d’autre part, la tentation de vouloir régler le problème eux-mêmes en imposant une solution à la communauté.
Ils ne cachent pas la difficulté, mais exposent la situation à l’ensemble de la communauté, en précisant toutefois qu’il ne serait pas convenable qu’eux-mêmes délaissent le service de la Parole pour le service aux tables (v. 2). Ils ne disent pas que le service aux tables (qui pourrait correspondre à l’organisation de repas communautaires) ne leur convient pas, ils disent qu’ils ne veulent pas délaisser le service de la Parole. Ils ont donc besoin d’aide pour mieux accomplir leur ministère, et sont prêts à déléguer ce service à d’autres.
J’apprécie leur transparence, leur collégialité et leur souci communautaire : avant de parler à la communauté, les douze apôtres se sont certainement réunis pour trouver ensemble une issue au problème. La solution proposée laisse à la communauté la responsabilité de choisir ceux qui pourraient accomplir ce service, mais ce sont les apôtres qui définissent leur nombre et leur profil : « Sept hommes ayant un bon témoignage et remplis d’Esprit et de sagesse » (v. 3).

… résolu

Le discours des Douze plaît à toute la communauté (v. 5). On ne parle plus d’Hellénistes d’un côté et d’Hébreux de l’autre, la communauté est à nouveau unie. Il n’est pas dit comment ces hommes furent choisis, ni si ces hommes furent élus à main levée, à bulletin secret (cela paraît peu plausible à une époque où l’imprimerie est loin d’être découverte !), ou par quelque autre moyen d’élection. L’essentiel étant que cette nomination réponde à un besoin, évite un conflit, et préserve la paix et l’unité de la communauté. Avant qu’ils entrent dans leur service, ces sept hommes sont présentés aux apôtres qui prient pour eux et leur imposent les mains, en signe de bénédiction et d’envoi pour accomplir ce ministère.

Une bonne organisation favorise la croissance

Une difficulté bien résolue peut visiblement être une grande source de bénédiction. En effet, la conclusion de ce texte est sans équivoque : « La parole de Dieu se répandait, le nombre des disciples se multipliait rapidement à Jérusalem, et une grande foule de prêtres obéissait à la foi. » (v. 7). L’histoire de nos églises montre néanmoins qu’une difficulté peut malheureusement aussi provoquer de douloureux conflits, voire même aboutir à des divisions. Ce texte nous invite à réfléchir à une bonne organisation d’église qui accompagnera et suscitera la croissance, fortifiera la communion fraternelle, et favorisera l’expression des dons que le Seigneur accorde à son église. La foi ne va pas à l’encontre du bon sens, et ce serait une erreur de dissocier les aspects matériels des aspects spirituels, ou de spiritualiser un problème alors que la solution au problème tient du bon sens !

Parole et pain ensemble

Traditionnellement, on donne à ce passage le titre « institution des diacres ». Pourtant, le terme diacre n’apparaît pas dans ce texte, qui évoque deux formes de services (diaconie) : la diaconie de la parole et la diaconie du prochain. Ces deux services sont indispensables, complémentaires et indissociables, sous peine d’aller au devant de difficultés voire de conflits. Car tout comme on ne peut aimer Dieu sans aimer son frère (1 Jn 4.20), on ne peut dissocier le service de la parole du service des autres. Et toute parole ou prédication dite sans amour est creuse, semblable à une cymbale qui résonne (1 Co 13.1). Parmi les sept hommes choisis, deux exerceront non seulement un service du prochain, mais aussi un service de la Parole : étienne qui, suite à sa prédication, subira le martyre (Ac 7), ainsi que Philippe qui aura un ministère d’évangélisation (Ac 21.8). La Parole prêchée s’incarne dans des actes, afin que l’amour de Dieu soit non seulement proclamé, mais aussi et surtout vécu, à l’exemple et à la suite du Christ. Ainsi l’amour du Christ sera au cœur de la vie d’église.
« Jésus, homme de parole et de pain, a été le modèle du serviteur. » (Daniel Marguerat)

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