L’édito : Indifférents ou fascinés
La surmédiatisation dans laquelle nous baignons nous rend indifférents ou fascinés.
Indifférents : comme l’eau coule sur les plumes d’un canard, la masse des informations nous passe par-dessus, sans que nous soyons touchés émotionnellement ni portés à la prière ou à l’action.
L’indifférence aux drames de ce monde conduit à ne plus s’informer, à se réfugier dans des ersatz de communication, à se protéger de tout ce qui peut incommoder la vie quotidienne ; l’indifférence conduit aussi à s’habituer à la présence des idées d’extrême-droite dans le paysage politique…
Fascinés : si l’indifférence ferme les yeux, la fascination hypnotise le regard et nous scotche à nos écrans et à leurs images. Les médias jouent sur ce ressort, en proposant de suivre en direct telle tragédie, comme un film d’action… La focalisation extrême sur tel événement a un effet grossissant et déformant qui fait perdre le sens des proportions. Chaque drame semble être le pire. On perd tout recul historique. Et l’on risque de ne plus voir ce qui se joue à côté de soi.
Cette indifférence et cette fascination sont les symptômes d’une même maladie. Parmi les remèdes, citons d’abord un usage régulé des médias (sauf pour Christ Seul !) : le jeûne technologique par exemple permet d’être disponible autrement, de retrouver le sens de ce qui compte ; choisir des temps et des moyens d’information fait partie d’un équilibre de vie à rechercher.
Ensuite, poser des actes concrets même si modestes : écrire un courrier de soutien en faveur d’un prisonnier ou confectionner des trousses d’hygiène pour les réfugiés syriens et irakiens. Ces gestes comptent : pour les bénéficiaires bien sûr, mais aussi pour soi ; non pour se donner bonne conscience, mais pour lutter contre l’indifférence qui s’insinue et contre la fascination qui s’incruste.
Enfin, la fête (négligée) de l’Ascension (Ac 1.9-11) pourrait nous « sauver » ! L’Ascension « explique » pourquoi le mal continue à faire son oeuvre, puisque le Christ ressuscité est absent ; au ciel, il est installé dans le bureau du Directeur général d’où les directives sont données et là, il intercède pour nous ; l’Ascension annonce qu’il viendra achever le renouvellement de toutes choses dont Pâques est la préfiguration. La fête de l’Ascension nous délivre de l’indifférence envers tout ce qui est humain, car le Christ élevé porte les marques de sa crucifixion. La fête de l’Ascension nous délivre de la fascination, car le Christ élevé promet l’énergie du Saint-Esprit qui rend capable d’aller vers les autres… Belle fête de l’Ascension !