Pennsylvania 2015 – Lenlen, c’est moi…

 Dans Blog, Pennsylvania 2015
Photo Ruedy Nussbaumer

Photo Ruedy Nussbaumer

Le jour se lève.

Les quelque 50 personnes de France et de Suisse qui participent à la Conférence mennonite mondiale (CMM)  sous les auspices de l’Association Joie et Vie prennent leur petit déjeuner. La première navette de 8h00 va emmener un premier groupe de l’hôtel  au gigantesque complexe qui abrite le rassemblement. Les officiels se déplacent en trottinette amish pour rejoindre les différentes salles du centre d’exposition (la surface du complexe représente 24 terrains de football dont 10 sont sous toit, donc sous forme de halles et de maisons).

Le 23 juillet, même déroulement que les autres jours mais avec des accents différents. Début à 9h30 (ceux qui dorment plus longtemps peuvent prendre la navette de 9h00) avec un temps de chants de louange mené par un ensemble de chanteurs et de musiciens international. Certains chants sont devenus des «hits», la salle est en ébullition, frissons, larmes de joie, le ciel n’est plus très loin, quelle joie d’être ensemble dans la présence du Seigneur.

Chaque matin, chaque soir dans les assemblées plénières des salutations œcuméniques  sont adressées de la part d’autres groupes d’Églises. Aujourd’hui, ce sont les Églises moraves, pentecôtistes, luthériennes et adventistes ainsi que le Conseil œcuménique des Églises qui expriment leurs vœux au rassemblement mennonite. Ensuite, Nancy Heisey des États-Unis, membre du Comité de la Paix nous apporte la prédication. Chaque matin, la prédication est donnée par une personne issue des 4 Comités de la Conférence (Foi et Vie, Paix, Diaconie et Mission). Le thème de la CMM est  «En route avec Dieu», des sous-thèmes sont proposés quotidiennement en fonction des accents représentés par les 4 Comités de la CMM.

Le 23 juillet, le sous-thème est  «En marche dans le conflit et la réconciliation» . L’oratrice reprend les paroles de l’apôtre Paul dans sa première épître aux Thessaloniciens 5, 5-9 :

«Vous tous, en effet, vous dépendez de la lumière, vous appartenez au jour. Nous ne dépendons ni de la nuit ni de l’obscurité. Ainsi, ne dormons pas comme les autres; mais restons éveillés, sobres. Les dormeurs, c’est la nuit qu’ils dorment, et les buveurs, c’est la nuit qu’ils s’enivrent. Mais nous, qui appartenons au jour, nous devons être sobres. Prenons la foi et l’amour comme cuirasse, et l’espérance du salut comme casque. En effet, Dieu ne nous a pas destinés à subir sa colère, mais à posséder le salut par notre Seigneur Jésus-Christ».

Où en sommes-nous ? Sommes-nous entrain de dormir ou avons-nous revêtu la cuirasse de la foi et de l’amour, le casque comme espérance du salut ?

Remilyn Mondez des Philippines répond à Nancy Heisey. Les jeunes mennonites des différents continents adressent chaque jour une réponse à la prédication du matin. Ramilyn raconte l’histoire bouleversante de Lenlen, une jeune fille des Philippines qui a été prise dans un conflit difficile à surmonter. Dans son pays, les missionnaires ont créé deux Églises bien distinctes, une Église libérale et une Église conservatrice.  Lenlen faisait partie de l’Église conservatrice qui paraissait parfaite. Des membres de sa famille ont quitté cette Église pour aller dans l’Église libérale. Des pressions ont été exercées sur elle pour qu’elle ne partage pas ses déceptions de peur que d’autres membres quittent l’Église. Pendant 6 ans, Lenlen a très mal vécu ces tensions, elle a finalement passé dans l’Église plus libérale.

Elle a alors posé cette question aux responsables de son Église: «Qui est à la tête de l’Église ? ». Si les responsables ne défendent que leurs intérêts, ils ne suivent pas le Christ. On entre dans des conflits, les jeunes s’en vont. «Chers leaders, ne vous étonnez pas de perdre les jeunes, vous devez prêcher l’Évangile» a-t-elle lancé avant de conclure: Lenlen, c’est moi… «Nos responsables ont besoin de notre pardon» a-t-elle encore ajouté.

Le temps de prédication du matin est suivi par un temps de partage en petits groupes pour répondre aux messages entendus; une manière de donner la parole à chaque participant.

L’après-midi est réservé à la visite du Village de l’Église mondiale, à des ateliers, des excursions, du sport ou encore à la Coupe du monde anabaptiste (tournoi de football).

Le Réseau mennonite s’est retrouvé en deux ateliers de 13h30 à 17h00. Des frères et sœurs du Burkina Faso,  du Burundi, du Canada, du Congo, de Haïti, de France, de Suisse, etc. se sont rencontrés pour partager leurs joies et leurs peines. On paraît parfois si proches les uns des autres et parfois si éloignés. Un dialogue plein d’amour et de compassion continue entre les différents membres du Réseau, mais comment dépasser l’information, entrer dans la communication et l’action ?

 

Serons-nous des Nabal ou des Abigaïl ? 

Le soir deux chorales africaines du Kenya et du Zimbawe ont exprimé de la plus belle des manières la diversité du corps du Christ. Le puissant message adressé par Nzuzi Mukawa du Congo a repris le thème du conflit et de la réconciliation à travers l’histoire de Nabal et Abigaïl dans 1 Samuel 25, 1-44 et 2 Corinthiens 5, 15-20. Cette histoire illustre bien le conflit à travers Nabal et la réconciliation avec Abigaïl. L’amabilité d’Abigaïl a sauvé David de la violence et de la vengeance:

« David répondit à Abigaïl: «Je remercie le Seigneur, le Dieu d’Israël, qui t’a envoyée en ce moment à ma rencontre. Je te remercie aussi, toi qui, avec bon sens, m’as empêché d’en venir au meurtre et de me faire justice moi-même. Vraiment, par le Seigneur vivant, le Dieu d’Israël qui m’a retenu de te faire du mal, je te jure que, si tu n’étais pas venue aussi rapidement à ma rencontre, demain à l’aube il ne serait plus resté un seul homme vivant dans la famille de Nabal.» David accepta ce qu’Abigaïl lui avait apporté, puis il reprit: «Retourne en paix chez toi. Tu vois, j’ai entendu ta supplication et je l’accueille favorablement» (1 Samuel 25, 32-35)

La question de l’orateur à la fin de son intervention était percutante: «Nous allons quitter ces lieux, serons-nous des Nabal ou des Abigaïl ?». Dieu nous a réconciliés avec lui par Jésus son fils (1 Corinthiens 5, 18). Nous chantons un dernier chant avec les chorales africaines réunies, le temps s’est arrêté, nos yeux, nos oreilles, nos esprits et nos cœurs vivent des signes du Royaume de Dieu. Nous connaissons bien cette tension entre le «déjà» et le «pas encore» du Royaume de Dieu, mais aujourd’hui, on était plus près du «déjà» que du «pas encore».

Une première navette nous ramène  à l’hôtel vers 20h30, une deuxième vers 21h30, ah qu’il est doux pour frères et des sœurs de demeurer ensemble, dit le Psaume 133, 1.

Michel et Margrit Ummel avec les magnifiques personnes du Groupe Joie et Vie

Rencontre du Réseau mennonite francophone - Photo Lionnel Santini

Rencontre du Réseau mennonite francophone – Photo Lionnel Santini

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Célébration de la Cène vendredi 24 juillet - photo Lionnel Santini