Au bonheur des ondes

 Dans Christ Seul, Stimuler

A l’heure du multimédia, comment se portent les radios chrétiennes et où vont-elles ?

Tour d’horizon

Le test est simple : racontez à un jeune (de moins de 30 ans) vos souvenirs de radio, en commençant par « Quand il n’y avait pas encore la FM », et il vous regardera avec de grands yeux… Alors que la modulation de fréquence est presque à son tour devenue quelque chose de très vieux, la manière d’écouter la radio est à nouveau en train de changer, avec les outils qui ont permis la naissance d’une nouvelle expression jargonnante : le « multi-support ».

Paradoxe tellement lié à l’époque, on peut maintenant écouter la radio sur son ordinateur, sa télévision, son téléphone, et même parfois sur son poste radio… Et la radio s’adapte en devenant elle-même de moins en moins « radiophonique », avec des sites Internet qui proposent aussi du texte, des photos, et même de plus en plus de vidéos. Et pourtant, il existe toujours une multitude de radios chrétiennes, qui cherchent leur avenir en diffusant vaille que vaille, avec des moyens pas toujours égaux…

Préhistoire

Faisons tout de même un petit peu de préhistoire : c’est François Mitterrand qui a fini par libérer le champ des radios privées associatives dès 1981 après des décennies de contrôle strict de l’état sur tout ce qui pouvait être transmis par les ondes. C’est immédiatement une explosion en France, y compris pour les médias chrétiens, à tel point que dès 1985 est créée la Fédération des radios locales et libres chrétiennes pour représenter et soutenir les radios dirigées par les protestants évangéliques. Ce paysage va évoluer très vite, car tous les acteurs nés de ce premier bouillonnement ne pourront pas survivre.

Poids-lourds

En France, les poids-lourds du secteur sont catholiques (au passage, Radio Vatican a commencé à émettre dès 1931) : RCF Radio chrétienne francophone, créée à Lyon par l’archevêque Philippe Decourtray, compte aujourd’hui 63 bureaux, 300 salariés et 3 000 bénévoles en France et en Belgique. Radio Notre Dame est plus centrée sur l’Île-de-France, mais ses programmes sont relayés par 45 radios dans le monde.

Pour les évangéliques, le paysage est plus clairsemé : 15 radios sont présentes, réparties en France ; parmi elles, le réseau Phare FM est le plus consistant avec huit fréquences en France et en Belgique.

Comme du côté catholique, il y a eu une explosion de créations de radios associatives protestantes et évangéliques entre 1982 et 1986, avant un puissant écrémage : certaines d’entre elles n’ont plus trouvé suffisamment de moyens pour fonctionner, d’autres n’ont pas vu leurs fréquences renouvelées par l’autorité de contrôle, notamment pour des questions de qualité du contenu. Denis Steffen, le président de la Fédération des radios et télévisions chrétiennes, rappelle qu’en 1985 il y avait autant de radios évangéliques que catholiques ; depuis lors, les radios catholiques ont pris leur envol contrairement aux autres.

Financement

Les radios qui subsistent ont trouvé leur équilibre ; en France, leur financement est assuré avant tout par des subventions publiques basées sur un système très égalitaire ; chaque radio associative – confessionnelle ou non – y a droit en proportion de son chiffre d’affaires. Seule une radio évangélique de Montauban a refusé ces sommes. Le reste des budgets est assuré par des dons…

Quel avenir ?

Reste la fameuse et lancinante question de l’avenir, avenir qui semble forcément passer par Internet. Or, si Internet offre des opportunités, il ne permet pas encore de vivre. Ce sont les programmes audio qui génèrent encore de l’audience et des revenus. Les web-radios sont faciles à construire, mais ne rapportent quasiment rien et surtout ont peu d’audience, car le public est beaucoup plus difficile à recruter sur ce média si vaste et si éclaté.

Cet allié encombrant est exploré par les radios chrétiennes comme d’ailleurs par les autres médias ; Phare FM par exemple a déjà créé son application pour téléphones. Reste à comprendre l’usage qui pourrait en être fait à l’avenir. Il existe de nombreuses initiatives inédites : ainsi, après une web-radio spéciale louange en 2013, Vital Radio a récidivé pour sortir à Pâques 2015 une nouvelle web-radio consacrée aux chants pour enfants : Vital Radio Kids. Le web permet une grande souplesse et une infinité d’idées de ce genre, mais paradoxalement son audience est encore microscopique. Tant qu’il y aura des postes dans les maisons et surtout des automobilistes écoutant leurs autoradios, la voie hertzienne semble avoir de beaux jours devant elle pour porter loin la Parole…

Crédit photo : www.flickr.com

Contactez-nous

Envoyez nous un courriel et nous vous répondrons dès que possible.

Illisible ? Changez le texte. captcha txt
0

Commencez à taper et appuyez sur Enter pour rechercher