Pas de salon de l’armement à Paris !

 Dans Christ Seul

On se demande parfois ce que l’on peut faire pour soutenir la paix et exprimer son opposition au commerce des armes. Un collectif, auquel l’assemblée de Châtenay et la Commission de Réflexion pour la Paix sont associés, manifestera lors du prochain salon de l’armement à Paris. Invitation !

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Protestation lors du Salon Eurosatory 2014 Crédit photo: Anne-Marie Dutilly

Du 13 au 17 juin 2016 se tiendra à Paris le « Salon international de défense et de sécurité » ou plus clairement le salon de l’armement Eurosatory. Réservé aux professionnels, la dernière édition a attiré 1 500 exposants, 172 délégations officielles de 88 pays et plus de 55 000 visiteurs. La version 2016 promet son lot de nouveautés et surfe sur les besoins croissants d’un monde en guerre : oui, sans nul doute, Paris devrait tenir son rang de capitale, ouvrant largement ses bras au commerce du plus grand salon d’armement mondial. Les enjeux économiques sont énormes et l’argent fait loi sans remise en cause.

Et pourtant, n’y a-t-il pas aujourd’hui des arguments massifs pour remettre en cause cette logique du toujours plus d’armes et d’argent = toujours plus de sécurité ?

Il y a deux ans, un collectif, auquel s’associaient les mennonites de France, dénonçait ce cynique commerce d’armes et notamment l’accord de vente de deux navires de guerre de type Mistral à la Russie. Une pétition signée par 2 000 personnes était déposée à l’Elysée. L’invasion russe en Ukraine, la pression diplomatique des États-Unis et des autres états européens auront raison de cet accord de vente qui sera finalement cassé. Tiens, la France finit par reconnaître, avec embarras, que la Russie n’est pas cette grande démocratie avec laquelle il est maintenant temps de bâtir un espace de sécurité en Europe, comme l’annonçaient F. Fillon et N. Sarkozy en 2011 à la signature de la vente des Mistrals.

REGARD D’ENFANT

Et ce n’est là qu’un des multiples revers de ce commerce des armes. Lors de l’édition 2014, un journaliste posait cette question au ministre français de la défense : « Que répondriez-vous à un enfant demandant à quoi servent ces armes ? » « Ça sert à sécuriser, bredouille Jean-Yves le Drian, à se sentir en sécurité ». Pour un de ses conseillers, «  le ministre a été pris au dépourvu. Il aurait pu dire quelque chose comme : ‘‘On a besoin des armes pour ne pas avoir à s’en servir’’… »

Même mes enfants ne sont pas naïfs au point de penser qu’on construit quelque chose en vue de ne pas s’en servir. Et ils ne se sentent pas non plus en sécurité lorsqu’ils voient autour d’eux des gens armés, comme cela arrive maintenant régulièrement dans les lieux publics. Car, depuis 2015, ils vivent dans un pays qui a décrété l’état d’urgence suite aux bombes, kalachnikovs et autres ceintures d’explosifs à Charlie Hebdo, au Bataclan, au café d’à côté, ou tout récemment dans un aéroport de Bruxelles. Mon aîné, 8 ans, me demande de rester près de sa chambre au moment du coucher au cas où des terroristes armés voudraient le tuer. Il s’inquiète du sort de tous ces migrants déplacés de Syrie pour cause de guerre et me demande s’il devra partager sa chambre avec l’un d’eux et pour combien de temps, car il a entendu que la plupart d’entre eux ne repartiront pas.

Oui, voilà la France : ce grand pays, en guerre, dans lequel grandissent mes enfants et dans lequel l’équation politique du toujours plus d’armes et d’argent = toujours plus de sécurité n’est plus crédible pour personne. Voilà que notre Église se demande, à l’occasion d’un concert, si elle doit contrôler les sacs des participants. Voilà que mon ami pasteur de la ville voisine m’indique que la police municipale a décidé, pour le culte de Pâques, de faire stationner devant l’Église, une voiture avec policiers armés.

UN GESTE PROPHÉTIQUE

Alors, oui, la protestation 2016 contre la tenue de ce salon de l’armement a une valeur prophétique.

Elle dénonce :

• La fuite en avant vers toujours plus d’armes ne résout pas les besoins de sécurité et de paix des groupes sociaux, à l’échelle mondiale comme à l’échelle locale. Au contraire, elle fait peser sur l’humanité et sur l’individu isolé la potentialité de donner la mort. Martin Luther King déclarait : « La violence est aussi inefficace qu’immorale. Elle est inefficace parce qu’elle engendre un cycle infernal conduisant à l’anéantissement général. »

Elle annonce :

• Ouvrons un espace de dialogue, de débat local, national, mondial, sur l’utilisation de nos ressources. Peut-on réorienter les 1 800 milliards d’euros consacrés annuellement à l’armement vers des secteurs qui profitent aux populations ? Notre présence dérangeante, à l’entrée de ce salon, ouvre un espace pour penser autrement. Nous voilà traversés par des foules d’individus souvent enfermés dans des postures : « c’est le système » ; « on a toujours fait comme ça, on n’y peut rien… » ; mais leur besoin de se justifier, de parfois nous mépriser, dit quelque chose de leur mal-être, au cœur de cette industrie mortifère.

Vous pouvez participer à ce geste prophétique en signant la pétition (voir ci-contre) ou en venant tenir avec nous, le lundi 13 juin, une des bannières sur laquelle des milliers de personnes liront : « If weapons are the answer, we need a new question ! » [Si les armes sont la réponse, il nous faut une nouvelle question !] ».

 

Pour aller plus loin…
– Pétition à signer : http://pasdesalondelarmement.wesign.it/fr
– Manifester au parc des expositions de Paris-Villepinte le lundi 13 juin 2016 : 7 h 30, actions à la station de métro ; 8 – 16 h : vigile. Infos : silvie.hege@gmail.com

Contactez-nous

Envoyez nous un courriel et nous vous répondrons dès que possible.

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