Elle a participé à toutes les Conférences Mennonites Européennes !

 Dans Christ Seul

Brunhilde Horsch, présente aux 10 Conférences Mennonites Européennes (CME) qui ont eu lieu jusque-là dont celle de Montbéliard du 10 au 13 mai 2018, raconte… Interview.

Christ Seul : D’où venez-vous et quel est votre lien avec l’Église mennonite ?

Brunhilde Horsch : Mon nom est Brunhilde Horsch et j’ai 82 ans. Enfant de parents mennonites, j’ai grandi dans une ferme du Deutschhof, lieu d’implantation d’une communauté mennonite du milieu du XVIIIe siècle, près de la frontière alsacienne dans le Palatinat. C’est là que j’ai été baptisée. Plus tard, j’ai passé un an en tant que jeune fille au pair dans le Pays de Gex chez Willy et Gisèle Müller. Cela a été une expérience formidable pour moi. Au cours de cette année, j’ai appris à voir beaucoup de choses avec un regard différent et cela m’a été très utile.

C S : Quelle communauté fréquentez-vous en ce moment ?

Brunhilde Horsch : Il y a 60 ans, je suis arrivée en Bavière, de l’autre côté de l’Allemagne, suite à mon mariage. Depuis, je suis membre de la communauté d’origine de mon mari, la communauté mennonite de Regensburg. Pour moi, c’était un grand changement de devoir rouler 50 km pour aller à l’église, alors que chez moi, l’église est juste au coin de la rue.

Suite à l’implantation de deux nouvelles communautés dans la dernière décennie, notre communauté a diminué de près de la moitié (elle compte aujourd’hui 80 membres). C’était une perte énorme pour nous. Après une période difficile, les choses repartent vers le haut dans notre communauté. Il y a toujours de nouvelles personnes qui nous rejoignent. Les choses sont comme elles doivent l’être, nous en sommes reconnaissants, même si c’est très différent.

C S : Quelles sont vos passions/hobbies dans la vie ?

Brunhilde Horsch

Brunhilde Horsch : Je suis passionné de théologie et d’histoire, en particulier l’histoire anabaptiste. Cela est certainement lié au fait que ma communauté d’origine, un groupe fermé, était assez conservatrice et attachée aux traditions. Cela a soulevé beaucoup d’interrogation en moi au sujet de ce que nous croyons, pourquoi nous le croyons et comment nous croyons. Au fil des années, beaucoup de mes questions ont trouvé des réponses. Même dans mon grand âge, les questions ne s’arrêtent pas. C’est comme si je travaillais sur une mosaïque à laquelle j’ajoute une pierre à chaque nouvel apprentissage, de sorte qu’une image globale se révèle à moi un peu plus. Ainsi je peux dire que mes passions rendent ma vie extrêmement passionnante et riche.

C S : Quelle CME vous a le plus marquée ? Pourquoi ?

Brunhilde Horsch : C’est très certainement la toute première CME en 1975, au Bienenberg.

Rencontrer des frères et sœurs dans la foi au niveau européen était quelque chose de complètement nouveau pour moi. Je me souviens avoir rencontré pour la première fois des frères et sœurs des Pays-Bas. Beaucoup d’entre eux étaient très différents de ce que nous considérions comme typiquement mennonite. J’ai pris conscience pour la première fois du fait que nous sommes tous très fortement influencés par la culture dans laquelle nous vivons, et ce même si nous ne voulons parfois pas l’admettre.

Je me souviens d’un Néerlandais aisé que l’on trouvait toujours au restaurant, perdu dans un quotidien et entouré de nombreuses tasses de café vides posées sur la table. Depuis, je sais que les Néerlandais aiment le café !

Le thème de la CME à l’époque portait sur la Confession de Schleitheim. C’était la première fois que j’entendais parler de cette confession. Cela m’a encouragée à approfondir l’héritage spirituel de nos ancêtres anabaptistes.

C S : Qu’est-ce qui a, selon vous, le plus évolué dans les CME depuis 1975 ?

Brunhilde Horsch : Lors de la première CME, mon mari avait été sollicité pour distribuer la cène. Problème : il n’avait pas de cravate. J’ai trouvé cela superflu. Son problème a été résolu rapidement, il a pu en emprunter une. Aujourd’hui, tout est devenu beaucoup plus décontracté. On a pu le constater clairement à Montbéliard.

La manière dont la table de la cène était organisée était pour moi une belle image d’unité. Simplement un mélange de chacun d’entre nous, tels que nous sommes : des hommes comme des femmes, jeunes et vieux, et même sans cravate, très décontracté.

Une autre évolution que je constate est qu’aujourd’hui, il est devenu évident que les femmes soient impliquées dans tous les aspects du programme, même à la prédication. Néanmoins, je dois dire que les femmes m’ont manqué à Montbéliard dans les plénières.

Ce qui a aussi beaucoup changé depuis la première CME est le style musical et l’implication des groupes de musique dans les événements.

Nous ne chantons presque jamais de cantiques. Nos chants d’assemblée aujourd’hui sont déterminés par des chants modernes, qui correspondent simplement davantage à notre époque.

C S : Que gardez-vous de cette 10e CME ?

Brunhilde Horsch : Cette conférence était très encourageante pour moi.

En soi, le grand nombre de participants montre que l’intérêt pour la CME augmente, et ce à une époque où nos communautés décroissent à travers l’Europe.

Ce que je considère être la caractéristique la plus marquante de cette CME est la coopération de la plupart des organisations mennonites européennes à tous les niveaux de la conférence, malgré nos différences théologiques et culturelles.

Pour moi, cette conférence est également une étape importante dans notre relation avec nos frères et sœurs revenus de Russie auprès desquels nous avons fait les premiers pas. Cette rencontre a renforcé mon espoir qu’un jour nous pourrions trouver un langage commun.

J’ai trouvé que le remplissage des seaux de secours comme travail communautaire et le chargement du conteneur était un bon exercice pour mettre en pratique ce dont nous discutons toujours théoriquement lors de nos conférences. Voir le conteneur se remplir petit à petit et enfin se préparer à partir était pour moi une image forte de la réalisation du thème de la conférence : « Ce que tu ne peux pas garder pour toi » : transmettre l’amour de Jésus aux personnes dans le besoin…

C S : Un message pour la jeune génération ?

Brunhilde Horsch : Je voudrais encourager nos jeunes et leur dire : venez aux CME, car cela en vaut la peine, aussi de rencontrer d’autres personnes très différentes, et d’être en communion avec elles. La communauté est importante pour nous, mennonites, mais c’est plus que simplement nous rencontrer. Pour nous, la communauté signifie une communion réconciliée et pacifique, c’est la tâche que Dieu nous confie ! En venant à la CME, vous pouvez contribuer à ce que cette communion se réalise, en l’honneur de notre Dieu.

Propos recueillis par V. dos Santos

 

Les CME dans le passé

1975 : Bienenberg, Suisse

1977 : Elspeet, Pays-Bas

1981 : Enkenbach, Allemagne

1988 : Tramelan, Suisse

1993 : Colmar, France

1996 : Elspeet, Pays-Bas

2000 : Ludwigshafen, Allemagne

2006 : Barcelona, Espagne

2012 : Sumiswald, Suisse

2018 : Montbéliard, France

 

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