L’église comme une chorale !
Ceci n’est pas un article sur le chant d’assemblée ni sur les chorales d’Eglise, mais sur l’unité et la diversité dans la communauté chrétienne ! La tension entre unité et diversité a accompagné le christianisme depuis sa naissance. Même si Jésus a prié pour l’unité (Jn 17.21), on trouve, depuis le début, les personnalités, les dons et les opinions les plus divers chez ceux qui suivent Jésus. Et même si Paul prône l’unité dans l’Esprit (Ep 4.4), nous remarquons dès l’Eglise primitive des débats et des controverses au sujet de questions de doctrine et d’éthique (Ac 15). Je passe sous silence le reste de l’histoire de l’Eglise. A tous les niveaux, nous connaissons le caractère multiforme de la communauté chrétienne, souvent enrichissant, mais présentant aussi un réel défi : dans les Eglises locales, au sein du mouvement mennonite et dans l’ensemble du monde oecuménique.
UNITÉ ET DIVERSITÉ
Le choeur à plusieurs voix est devenu pour moi une image pour concilier unité et diversité dans l’Eglise. Comme toujours, une image ne peut tout expliquer, mais elle m’a aidé à discerner quelques aspects. La beauté d’un choeur à plusieurs voix est fascinante. Mais tous ceux qui ont déjà chanté dans une chorale savent que le chant en commun ne peut devenir harmonieux qu’à certaines conditions. J’aimerais partager quelques conditions de réussite à l’aide de la métaphore du choeur.
LA MÊME PARTITION
Il faut que tous chantent la même partition. Imaginons un choeur où chacun et chacune ont une autre partition ou dans lequel se forment de petits groupes dont chacun crée ses phrases musicales. L’unité du choeur est brisée si certains commencent à ignorer une partie des phrases musicales proposées ou ajoutent leurs propres lignes mélodiques ou d’autres strophes. De même, il est indispensable que, dans le choeur qu’est l’Eglise chrétienne, tous s’orientent obligatoirement et fidèlement d’après la musique normative indiquée par la Bible.
REGARDER LE MÊME CHEF DE CHŒUR
Il faut que tous regardent le même chef de choeur. L’attention sans partage et concentrée sur le chef est la base de la réussite de chaque répétition et de chaque exécution. Les chefs de chorales en savent quelque chose. Celui qui ne regarde pas le chef rate les entrées et perd facilement le bon rythme. Le Christ est le point de repère de l’Eglise et la diversité dans l’unité n’est possible que si tous, sans exception, ne regardent qu’à lui.
S’ÉCOUTER MUTUELLEMENT
Il faut que chanteuses et chanteurs s’écoutent mutuellement. Et moi aussi, je dois m’écouter moi-même. C’est ce qui me paraît être le plus difficile : entendre ma propre voix, en même temps écouter les autres et arriver à combiner le tout harmonieusement. Souvent, il n’en va pas autrement dans les relations entre chrétiens. Il n’est pas rare que la conscience de soi-même et, tout aussi souvent, la volonté ou la capacité d’écouter l’autre, fassent défaut. Mais la diversité dans l’unité n’est possible que si nous avons le sens de notre propre rythme, si nous sommes conscients de notre propre voix et si nous percevons comment les autres fonctionnent et résonnent. Et il arrive qu’il faille faire remarquer à quelqu’un qu’il chante faux.
CONNAÎTRE SA PARTITION
Il faut connaître la partition du pupitre auquel on appartient. La concentration sur la même partition et sur le même chef ne signifie pas que tous chantent à l’unisson. On n’atteint la plénitude dans la résonance des différentes voix que grâce à la diversité des lignes mélodiques et des hauteurs de voix. Mais ce n’est possible que si les différentes voix sont chantées avec justesse, ce qui exige des répétitions par pupitre dans différents groupes. Ceci vaut-il aussi pour le grand choeur de toute l’Eglise dans le monde ? Nous avons besoin d’endroits où nous nous exerçons au chant anabaptiste pour faire entrer ensuite notre voix, sûre et originale, dans le grand choeur de l’Eglise de par le monde.
POLYPHONIE RÉCONCILIÉE
Jésus prie pour son Eglise, « afin que tous soient un… pour que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17.21). Le Nouveau Testament nous dit que cette unité ne signifie pas uniformité et grand mélange unitaire, mais plutôt polyphonie réconciliée. Comment cela est-il possible ? L’image du choeur peut nous aider à nous représenter cette réalité concrètement et à nous exercer à la vivre, sur tous les plans : dans l’Eglise locale, à l’intérieur du mouvement anabaptiste et en relation avec les autres Eglises. « Pour que le monde reconnaisse Jésus … » Ce n’est donc pas un mal nécessaire, mais c’est notre mission.
Traduction : Frieda Manga