Où est le Christ dans la cène ?

 Dans Christ Seul

Où est le Christ dans la cène ? Les gens répondent parfois à cette question ou à d’autres types de questions théologiques par « selon la tradition mennonite…», comme si cette tradition impliquait une seule réponse concluante. Mais nous devrions être attentifs au fait que la question de savoir où est le Christ dans la cène peut appeler plus d’une seule réponse¹.

DANS L’AMOUR FRATERNEL

Par exemple, Balthasar Hubmaier († 1528) conceptualisa la présence du Christ comme étant immanente à l’amour entre frères et sœurs. Comme le Christ l’a promis, le partage du pain et du vin devient une réaffirmation visible de son amour, mais c’est dans la fraternité même de la communauté qu’il est présent – cette présence n’étant pas attachée au pain et au vin.

Ainsi la communauté devient le véritable signe de l’amour du Christ et doit vivre en accord avec cette essence eschatologique. La ligne de pensée de Hubmaier était très en vogue parmi les théologiens mennonites modernes après la Seconde Guerre mondiale (comme H. Bender, J.H. Yoder et D. Weaver) qui aspiraient à conceptualiser la communauté comme une société engagée à contre-courant.

DANS LE GESTE SYMBOLIQUE

D’un autre côté, Pilgram Marpeck († 1556) percevait la présence du Christ dans l’action même de partager le pain et le vin. Selon ce point de vue, la cène est un acte symbolique donné par Dieu exprimant l’amour inconditionnel du Christ. Tout comme un cadeau peut devenir un signe d’amitié, ainsi en est-il de la cène : quelque chose de celui qui donne vient avec le cadeau, et en même temps, lorsque ce cadeau est reçu avec amour, le cadeau devient l’expression symbolique d’un amour et d’une loyauté mutuels. Le point de vue de Marpeck est étonnamment similaire à la conception moderne du sacrement comme « échange symbolique²» (Louis-Marie Chauvet).

DANS UN BANQUET NUPTIAL

Vient ensuite l’apport de Menno Simons († 1561) sur la cène vue comme un banquet de mariage. D’aucuns prétendent que Menno Simons n’était pas un mystique³, mais nul doute qu’il adopte une vieille image mystique pour exprimer comment le corps commun (la communauté des croyants) célèbre son lien avec le divin époux (Christ).

Lorsque l’on veut mettre des mots sur les manières dont Christ est présent quand nous partageons le pain et le vin en son nom, ces trois conceptions « traditionnellement mennonites » de la cène nous indiquent, il me semble, que la présence du Christ peut être exprimée de différentes manières.

Traduction de l’anglais : V. dos Santos

Notes

1. John D. Rempel a montré la diversité des théologies eucharistiques parmi les premiers anabaptistes dans son étude, The Lord’s Supper in Anabaptism. A Study in the Christology of Balthasar Hubmaier, Pilgram Marpeck, and Dirk Philips, Scottdale, USA, 1993.

2. Louis-Marie Chauvet, Les sacrements : parole de Dieu au risque du corps, éd. Ouvrières, 1993.

3. Joel Z. Schmidt, « The Challenge of Menno Simons’ Symbolic View of the Lord’s Supper », CGR 24:3, 2006, p. 3-26, ici p. 13.

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