Actualiser l’Évangile : dangereux, légitime, possible ?

 Dans Christ Seul

Cette thématique soulève plusieurs questions sujettes à controverses. L’Évangile est immuable. Avons-nous le droit de l’« actualiser » ? N’est-ce pas le travail du Saint-Esprit de le rendre actuel dans le cœur de ceux que Dieu appelle ? Comment actualiser ce qui est une annonce de la vérité divine pour ce monde ? Et puis, en cherchant à actualiser l’Évangile, ne courons-nous pas le danger de trop l’adapter à notre époque et d’en trahir la signification éternelle ?

EST-CE DANGEREUX D’ACTUALISER L’ÉVANGILE ?

Au fil de l’Histoire, les préoccupations des individus évoluent. À moins d’être vigilants, nous risquons d’accorder plus d’importance aux valeurs changeantes des êtres humains qu’aux valeurs immuables de Dieu.

Notre époque est tiraillée entre diverses valeurs qui sont parfois contradictoires (égoïsme et solidarité, indifférence et engagement, etc.). Mais en Occident, du moins, une des principales valeurs est l’individualisme. Notre façon d’exprimer la foi chrétienne reflète cette préoccupation. Nous articulons l’annonce de l’Évangile autour de la relation personnelle avec Dieu et des avantages qu’il apporte à l’individu. Or, même si Dieu nous aime personnellement et individuellement, l’Évangile est une histoire communautaire. Jésus est venu instaurer le royaume de Dieu. Il n’est pas venu principalement pour notre bien-être individuel. Aucune actualisation de l’Évangile ne doit tomber dans le piège d’une adaptation du message du salut pour le rendre plus acceptable. Notre évangélisation ne doit jamais perdre de vue la primauté de ce que Paul appelle « la folie » de la croix (1Co 1).

AVONS-NOUS LE DROIT D’ACTUALISER l’ÉVANGILE ?

Photo : 123RF3 – sergwsq : « L’art est un miroir des interrogations de l’âme humaine. »

La réalité centrale de l’Évangile est immuable. Ce sont nos manières de le communiquer que nous devons actualiser. Nous savons que le terme « Évangile » signifie « bonne nouvelle ». Mais quelle que soit notre façon de dire l’Évangile, si nos auditeurs ne l’entendent pas comme une bonne nouvelle, nous faisons fausse route. Non seulement nous avons donc le droit d’actualiser notre annonce de l’Évangile, mais nous en avons le devoir.

Dès qu’il s’agit de changer notre façon de dire l’Évangile, certains hésitent, car nous rechignons souvent à assumer l’inconfort de la nouveauté. Mais deux vérités peuvent être affirmées. Premièrement, la durée dans le temps n’a jamais fondé la légitimité d’une façon d’annoncer l’Évangile. Le changement dans ce domaine est toujours permis, parfois nécessaire. Deuxièmement, l’évolution des modes de communication puise sa légitimité dans le précédent biblique : Dieu n’a pas toujours communiqué de la même façon, mais a adapté son propos en fonction de l’époque et de la culture (Mt 5.21-22,26-28, etc., Mt 19.8). Dieu agit et communique dans l’Histoire et avec l’Histoire, et non pas en dépit de l’Histoire.

COMMENT POURRIONS-NOUS MIEUX ACTUALISER  L’ÉVANGILE ?

Il nous faut apprendre à écouter les vrais questionnements de ceux qui nous entourent. Nos prédications mettent-elles en lien le texte biblique avec l’actualité ? L’art est un miroir des interrogations de l’âme humaine ; savons-nous lire des livres, écouter des chansons ou visionner des séries télévisées en tant que chrétiens, avides d’y repérer les préoccupations communes avec le récit biblique ? Nos Églises accueillent-elles les gens sans se laisser désarçonner par les questions difficiles ?

Plusieurs pièges nous guettent lorsque nous cherchons à communiquer l’Évangile. Ce que nous appelons « évangélisation » se réduit souvent à l’annonce de certaines informations. Même si ces informations sont vraies, notre effort sera inefficace si nos interlocuteurs ne voient pas en quoi ils sont concernés. Seule une relation authentique leur donnera l’occasion de vérifier la véracité de nos propos. Nos interlocuteurs veulent des valeurs plus que des « vérités », des conversations plus que des annonces, du temps plus que des paroles.

POURQUOI DEVRIONS-NOUS ACTUALISER  L’ÉVANGILE ?

On rencontre parfois des chrétiens qui semblent croire qu’il suffit de proclamer la vérité, sans se préoccuper de la manière dont nos auditeurs la perçoivent. Or, même si nous n’avons aucune obligation de résultat, Dieu nous demande une communication qui soit aussi efficace que possible.

Nous devons actualiser notre manière de dire l’Évangile, car les interrogations profondes de nos contemporains ont changé. Il y a une centaine d’années, les questions profondes ne se posaient pas de la même manière. Dans une société majoritairement agricole ou industrielle, les questions s’articulaient plutôt autour du bonheur et du malheur, et moins autour du sens de la vie. Quand on doit lutter simplement pour vivre, les questions abstraites s’estompent. Dans la seconde moitié du 20e siècle, la culture des loisirs, des médias et de la consommation a provoqué une remise en question du sens de l’humain. Aujourd’hui, de nombreuses personnes doutent de leur valeur, si elles ne sont pas considérées comme suffisamment productives, séduisantes ou intéressantes.

L’Évangile propose des éléments de réponse à ce genre d’interrogation. Le message biblique est clair : nous avons été voulus par Dieu, nous sommes aimés par lui, et il a tout mis en œuvre pour rétablir de bonnes relations avec nous après l’intervention tragique du mal. Ce message est beau, vrai et valorisant. À nous de l’actualiser.

 

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