G comme Grâce
La grâce désigne l’amour de Dieu, manifesté dans le don de son Fils Jésus-Christ. Ce mot évoque la découverte émerveillée des premiers chrétiens : en Jésus, Dieu nous tend la main pour nous offrir gratuitement son salut. « C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi ; vous n’y êtes pour rien, c’est le don de Dieu. » (Ep 2.8)
La Réforme protestante a insisté sur le caractère inconditionnel de cette faveur de Dieu qu’il suffit d’accueillir par la foi. Pour sauvegarder absolument l’initiative divine, Jean Calvin (1509-1564) parlait d’un « dessein éternel de Dieu » par lequel certains seraient prédestinés au salut. Pourtant, la grâce désigne l’intervention miséricordieuse de Dieu dans l’Histoire, en faveur de chaque être humain, de tout l’être humain et de tous les êtres humains.
GRÂCE ORIGINELLE
L’anabaptisme évoquait une « grâce originelle », créatrice dans la Genèse, toujours à l’œuvre dans la re-création de l’homme pécheur. Puissance transformatrice, elle permet au croyant de résister au péché, de retrouver ses « facultés perdues » (Balthasar Hubmaier, 1480/85-1528). Pilgram Marpeck (v. 1495-1556) voyait dans la grâce la restauration de la nature originelle de l’être humain. Être disciple de Jésus, c’est « marcher dans la grâce ». De sa prison, l’anabaptiste Leonhard Schiemer écrivait en 1527 : « Quand l’Esprit du Christ vient en moi… je suis désormais sous la grâce ». La grâce permet de devenir un avec le Christ, dans la vie comme dans la mort : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est Christ qui vit en moi. » (Ga 2.20)
GRÂCE TOTALE
Menno Simons (v. 1496-1561) prêchait une grâce totale, de la création au salut, englobant tous les aspects de l’existence. La rédemption acquise en Christ précède notre capacité à l’accepter. Elle concerne les petits enfants, qui n’ont donc nullement besoin d’être baptisés. Elle attend la réponse joyeuse de la foi de ceux qui voudront renaître pour une vie nouvelle et marcher dans la résurrection. À eux, Christ accorde, « par pure grâce, de devenir participants de sa justice, de ses mérites, de sa croix, de son sang et de sa mort cruelle, oui, de toute sa vie, de son amour et de son Esprit, car ils sont un seul corps et un seul esprit avec lui ». Dieu est amour depuis toujours. Mais c’est la signification actuelle de cet amour qui intéressait les anabaptistes. La grâce agit dans la vie des disciples de son Fils. Vivant avec le Christ, ils ressusciteront aussi avec lui.
« ELLE S’EST MANIFESTÉE, LA GRÂCE DE DIEU, SOURCE DE SALUT POUR TOUS LES HOMMES. » TITE 2.11