La prostitution : ni jugement ni fatalisme !
La prostitution n’a jamais autant fait parler d’elle. Il y a ceux qui défendent cette activité et ceux qui en dénoncent la violence, ceux qui en profitent et ceux qui font l’autruche. Pourtant, les chiffres ne trompent pas : 30 % des prostituées souffrent de dépression¹ et l’organisation mondiale de la santé alerte sur les violences et le nombre de maladies graves véhiculées dans ce milieu².
La prostitution existait déjà dans l’Antiquité comme prostitution sacrée ou dans des bordels³, sans que les prostituées n’aient aucun statut social. Au Moyen-Âge, la prostitution était tolérée pour prévenir les risques de viols et pour lutter contre l’adultère, notamment par Thomas d’Aquin au 13e siècle. Des responsables laïcs et ecclésiastiques commencèrent même à organiser la prostitution et à en tirer un profit financier⁴. Quelle ironie ! Dès le 16e siècle, en raison des maladies, la prostitution fut combattue en Europe par toutes sortes de mesures. Le clergé et les autorités continuaient toutefois à avoir un rôle ambigu, luttant contre l’immoralité tout en prélevant des taxes sur les maisons closes. Aujourd’hui, des conventions européennes contre la traite humaine ont été signées. Des États se mobilisent pour abolir la prostitution. D’autres la légalisent. Mais la situation reste globalement ambivalente.
UNE SPIRALE MORTELLE
Selon les Nations Unies, la pauvreté est l’une des principales causes de la prostitution⁵. Une fois dans ce milieu, les prostituées subissent la pression des proxénètes, des loverboys ou de leur propre famille. Interrogées, 98 % d’entre elles choisiraient une autre activité si elles en avaient le choix⁶. Toutefois, la violence vécue et les maladies physiques et psychiques les entraînent dans une spirale mortelle, aggravée par la culpabilité et les mensonges dont elles s’entourent. Peu sont aidées, peu s’en sortent.
PORTER L’AMOUR DE DIEU
Que faire ? Jésus s’approchait des prostituées pour leur redonner espoir et les affranchir de leur vie passée. Il enseignait les foules pour que chacun se responsabilise et démontre l’amour de Dieu aux pauvres, aux veuves et aux orphelins, de nos jours souvent victimes du système prostitutionnel. Nous croyons qu’aujourd’hui encore l’amour de Dieu est une force puissante pour redonner justice et dignité aux prostituées. Au-delà de l’ambivalence humaine et étatique.
La prostitution n’est pas une activité professionnelle mais une violence faite au corps, à l’âme et à l’esprit. Unissons-nous autour de cette cause, faisons entendre nos voix en faveur des victimes, et si Dieu nous y appelle, engageons-nous personnellement, par exemple en rejoignant une association agissant en leur faveur. Que nos prières puissent permettre à nos pays d’écrire une nouvelle page de cette histoire.
Notes
¹ Selon une étude menée à Zürich : Rössler et Koch, « The mental health of female sex workers », Acta Psychiatrica Scandinavica, vol. 122 n° 2, 2010, p. 143-152.
² www.who.int/gender/documents/sexworkers.pdf
³ Walter A. Elwell et Robert W. Yarbrough, Encountering the New Testament, Baker Academic, 2013, p. 309
⁴ www.matricien.wordpress.com/patriarcat/sociologie/prostitution/bordel-eglise/
⁵ Protocole additionnel à la convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, art. 10 point 4, 2000, p. 6
⁶ Statistique de l’Association Perla