Restez dans la barque

 Dans Christ Seul

Jésus vient d’accomplir le miracle de la multiplication des pains et a besoin de prendre de la distance. Il s’en est allé au sommet d’une colline pour prier. La nuit tombe et Jésus est là, tout seul. Il est là, lui, pendant que ses disciples, eux, sont dans le pétrin. Leur barque est en train d’être secouée par les vagues du lac de Galilée, à des centaines de mètres du rivage. Le vent souffle fort.

UNE NUIT DE LUTTE

C’est seulement vers la fin de la nuit que Jésus se décide à rejoindre ses disciples. On imagine leur état de fatigue après une nuit à essayer de contrôler leur embarcation pour qu’elle ne chavire pas. Une nuit à essayer de contrôler la situation.

Pour les rejoindre, le Christ n’y va pas par quatre chemins. Il marche sur l’eau. Et là, panique à bord : les disciples croient voir un fantôme. Un fantôme. Qu’est-ce que ça pourrait être d’autre après tout ? Jésus les rassure : « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur. » Mais c’est le fantôme qui a parlé. Leur Jésus à eux, il chasse des esprits mauvais, il guérit des malades, il nourrit une foule avec cinq pains et deux poissons. Il ne marche pas sur l’eau.

EST-CE VRAIMENT LUI ?

Personne ne reconnaît la voix du Christ. Cette voix qui les a un jour appelés, cette voix qui les a enseignés. Personne. Surtout pas Pierre. Pierre le bouillonnant, qui dégaine son épée lorsqu’on vient s’en prendre à son maître (Jn 18.10). Pierre l’aveuglé qui ne peut entendre le tragique destin du Christ (Mt 16.22). Pierre le borné qui ne veut pas que son maître lui lave les pieds (Jn 13.6). Pierre le naïf qui propose de monter trois tentes pour le Christ, Moïse et Élie au moment de la transfiguration (Mc 9.5). Pierre qui est si souvent passé à côté de ce qu’on attendait de lui, va maintenant faire preuve d’audace. Il n’a pas peur de s’adresser à ce fantôme. « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » Besoin d’une preuve. Cette demande ressemble étonnamment à celle du diable qui cherche à tenter le Christ: « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. » (Mt 4.3)

SEIGNEUR, SAUVE-MOI !

Jésus fait preuve de bienveillance en accédant à la demande de Pierre. L’ordre est donné et Pierre se lance. Mais bien vite les circonstances autour de lui, lui font prendre conscience de la situation terrifiante dans laquelle il a librement demandé à être mis. Alors qu’il commence à s’enfoncer, celui qui n’est plus un fantôme mais « Seigneur » rattrape le coup et lui tend la main. « Ta foi est bien faible ! lui dit-il, pourquoi as-tu douté ? » La question sonne comme un reproche. Pourquoi as-tu douté que c’était moi quand je m’approchais de vous ? On a passé tellement de temps ensemble, Pierre. Pourquoi n’es-tu pas capable de me reconnaître ? Pourquoi avais-tu besoin d’une preuve ?

Ici, Pierre passe encore une fois à côté de ce qui est attendu de lui. Notez d’ailleurs que la marche de Pierre sur l’eau n’est rapportée ni par Jean (Jn 6) ni par Marc (Mc 6). Personne n’attend de lui de marcher sur l’eau mais simplement de reconnaître la voix du Christ, et de lui faire confiance. Mais on l’excuse, il est fatigué !

FILS DE DIEU

Nous qui naviguons sur nos barques malmenées par tous types de vagues, apprenons – contre l’idée que notre foi devrait toujours nous faire faire l’impossible et admettant que le Christ ne se révélera pas à nous par la preuve – à cultiver l’extraordinaire capacité à reconnaître sa voix, malgré le vent contraire, les vagues et la peur, et à lui dire avec confiance : « Seigneur, toi qui es Dieu à qui rien n’est impossible, rejoins-moi, toi, dans ma barque. J’ai besoin que tu sois là pour affronter ces vagues. »

« Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. »

Amen.

Aussitôt Jésus obligea les disciples à remonter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. Et, après avoir renvoyé les foules, il monta dans la montagne pour prier à l’écart. Le soir venu, il était là, seul. La barque se trouvait déjà à plusieurs centaines de mètres de la terre ; elle était battue par les vagues, le vent étant contraire. Vers la fin de la nuit, il vint vers eux en marchant sur la mer. En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent affolés : « C’est un fantôme », disaient-ils, et, de peur, ils poussèrent des cris. Mais aussitôt, Jésus leur parla : « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur! » S’adressant à lui, Pierre lui dit : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » – « Viens », dit-il. Et Pierre, descendu de la barque, marcha sur les eaux et alla vers Jésus. Mais, en voyant le vent, il eut peur et, commençant à couler, il s’écria : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt, Jésus, tendant la main, le saisit en lui disant : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. Ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui et lui dirent : « Vraiment, tu es Fils de Dieu ! » MATTHIEU 14.22-33, TOB

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