Le disciple et le tatouage
C’est une question que j’entends ou que l’on me pose régulièrement : un chrétien peut-il se faire tatouer ?
RÉFLÉCHIR AU SENS DE CETTE LOI DANS L’ANCIEN TESTAMENT
La réponse à cette interrogation n’est peut-être pas aussi simple que d’ouvrir la Bible en Lévitique 19.28, d’y lire : « Vous ne ferez pas d’incision dans votre chair pour un mort et vous ne ferez pas de tatouage. Je suis le Seigneur », et de conclure que Dieu interdit les tatouages, et que tous ceux qui en ont sont en abomination devant Dieu. Si vous prenez une concordance, vous remarquerez qu’il s’agit du seul verset qui parle de tatouage. Et cet unique verset se trouve dans l’Ancien Testament.
La vraie question que nous devons nous poser, n’est pas « Est-ce que je peux me faire tatouer ? », mais « Cet unique verset s’applique-t-il à moi qui suis un disciple de Jésus-Christ ? ». Je ne cherche pas à appliquer bêtement un verset biblique, mais j’essaye de comprendre quelle est d’abord la signification première du texte.
En tant que disciple, notre première attitude est d’écouter l’enseignement de notre maître. Jésus n’a pas parlé directement des tatouages, mais il a parlé du rapport que nous devons avoir avec l’Ancien Testament. Jésus nous enseigne dans le Sermon sur la Montagne (Mt 5.17-19) qu’il n’est pas venu abolir la Loi, mais l’accomplir, lui donner tout son sens. Jésus, avec ce sermon, fait entrer ses disciples dans la nouvelle Alliance, en leur donnant une nouvelle Loi. À partir de Jésus, l’Ancien Testament ne peut plus être lu comme il l’était avant Lui. D’ailleurs, l’auteur de l’épître aux Hébreux écrit : « Par le simple fait d’appeler cette Alliance nouvelle, le Seigneur a rendu la première Alliance ancienne ; or ce qui devient ancien et ce qui vieillit est près de disparaître. » On pourrait utiliser le mot « obsolète ».
LES LOIS DANS LE LÉVITIQUE
Revenons au texte de Lévitique 19. Il y a des choses qui ne nous posent pas de problèmes. Par exemple : « Tu n’exploiteras pas ton prochain et tu ne prendras rien par violence » (v.13), « Tu ne maudiras pas un sourd et tu ne mettras devant un aveugle rien qui puisse le faire tomber ». Nous comprenons que nous n’avons pas à mettre en pratique des lois, car elles ne nous concernent pas : « Quand vous serez entrés dans le pays et que vous y aurez planté toutes sortes d’arbres fruitiers, vous rejetterez ces fruits comme étant impurs … » (v.23-25)
D’autres lois nous laissent perplexes, mais ne nous posent pas de problème si nous ne les appliquons pas : « Tu n’accoupleras pas deux bêtes d’espèces différentes » (v. 19) (pour la petite histoire : ce sont les mennonites qui ont « créé » les vaches montbéliardes par le croisement de différentes races afin d’avoir des vaches plus productives en lait et en viande), « tu n’ensemenceras pas ton champ de deux espèces de semences » (mais très utile dans une agriculture naturelle, car les plantes se protègent mutuellement), « et tu ne porteras pas un vêtement tissé de deux espèces de fils » (il y a de fortes chances que certains de vos habits soient un mélange de coton et de polyester).
Un petit dernier. Juste avant la loi qui interdit aux hébreux de se faire des tatouages, nous lisons au verset 27 : « Tu ne raseras pas les coins de ta barbe » (les hipsters ont tout compris).
Autrement dit : si je me pose la question de savoir si le chrétien peut se faire tatouer, je dois me poser la question de savoir si un chrétien peut se raser la barbe. Paul nous dit ceci : « [Le Christ] nous a rendus capables d’être serviteurs d’une nouvelle Alliance, non de la lettre, mais de l’Esprit, car la lettre tue, mais l’Esprit fait vivre. » (2 Corinthiens 3.6)
POURQUOI DIEU A-T-IL INSTAURÉ CES LOIS ? DANS QUELLE MESURE DOIS-JE LES APPLIQUER ?
Dans Lévitique 19, il y a ce refrain qui revient : « Je suis l’Éternel ». Dieu appelle son peuple à ne pas faire comme les autres peuples qui n’avaient pas Dieu comme vrai Dieu, et cela devait être visible (dans leur alimentation, leur façon de se vêtir, …) mais cela ne restait finalement qu’une séparation dans la forme.
Jésus, dans le Sermon sur la Montagne, nous met en garde contre le formalisme et la religiosité. Il nous invite à réfléchir aux intentions les plus profondes. La question n’est donc pas « Est-ce que je peux me faire tatouer ? » mais « Pourquoi je veux me faire tatouer ? ».
Finalement, pour être un bon chrétien (anabaptiste de préférence !), laissons-nous pousser la barbe, c’est marqué dans l’Ancien Testament !