Christ est vainqueur !

 Dans Christ Seul

Le Nouveau Testament nous livre une série de concepts pour décrire la signification de la croix : rédemption, rachat, expiation, sacrifice, amour, justice, rançon, substitution, victoire. À des moments différents de l’histoire chrétienne, ces images ont été rassemblées pour en faire des « théories » cohérentes. Cet article propose d’aborder la première « théorie » formulée dans les premiers siècles, celle du «Christ vainqueur » (Christus victor), perspective dans laquelle la résurrection est fondamentale. En parlant de la croix, l’Écriture présuppose la résurrection.

« Il nous a arrachés au pouvoir des ténèbres et nous a transférés dans le royaume du Fils de son amour. » (Col 1.13)

« Il a dépouillé les Autorités et les Pouvoirs, il les a publiquement livrés en spectacle, il les a traînés dans le cortège triomphal de la croix. » (Col 2.15-16)

LA CROIX À LA LUMIÈRE DE LA RÉSURRECTION

Une approche biblique saine cherchera à trouver un regard où la croix et la résurrection se trouvent étroitement liées. Une accentuation presque exclusive sur la croix comme sacrifice pour le péché individuel réduit la portée de la croix, avec le risque de négliger l’importance de la résurrection. S’il est juste d’évoquer la croix comme sacrifice, il est aussi important de donner à ce terme le sens que Jésus lui-même lui attribue. Jésus est mort à la Pâque, il est Agneau de Dieu, et le repas du Seigneur rappelle l’événement de la libération de l’esclavage en Egypte. Si ailleurs le Nouveau Testament évoque d’autres types de sacrifices, le sacrifice pascal représente le choix de Jésus lui-même. L’événement pascal rappelle que le péché est plus que ma relation brisée avec Dieu. Le péché est une puissance qui nous enferme et qui nous rend esclaves, nous vouant à la mort. Si la mort de Christ en notre faveur est pour la rémission des péchés, son lien avec la résurrection souligne l’importance de la victoire du Christ sur les forces du mal et de la mort. La résurrection est la victoire sur le mal.

« Lui aussi (…) partagea la même condition, afin de réduire à l’impuissance, par sa mort, celui qui détenait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et de délivrer ceux qui, par crainte de la mort, passaient toute leur vie dans une situation d’esclaves. » (He 2.14-15)

REGARD ANABAPTISTE

Cette victoire est une libération rendant possible une vie nouvelle dès maintenant. Quelques textes anabaptistes du 16e siècle montrent que nos ancêtres dans la foi, avec bien d’autres chrétiens tout au long des siècles, voyaient dans le « Christ vainqueur » une signification centrale de la croix et de la résurrection.

Dans une lettre rédigée dans les années 1540, nous trouvons les paroles suivantes de Pilgram Marpeck :

« Le Seigneur, la vraie lumière, par son éclat brillant et sa clarté, est sorti des ténèbres de la mort, du diable du péché et de l’enfer. De la mort, il est revenu vivant. De son propre pouvoir, il a repris la vie.

C’est seulement à ce moment-là que la mort a été engloutie dans la victoire et que le Christ avec ses élus passent de la mort à la vie. »

Nous voyons une formulation intéressante sous la plume de l’houttérien Peter Riedemann (1540-41) :

« La Parole procède du Père pour que le mal causé par la faute d’Adam soit réparé et pour que la chute soit restaurée. La Parole a assumé le caractère et la nature de l’homme. Elle s’est faite homme et chair. Ainsi, de même que la mort est venue par un homme, de même c’est par un homme que viennent la résurrection des morts et le salut. (…) C’est Lui le Sauveur. Il a arraché à la mort sa puissance, Il a rompu ses liens et son filet. Nous qui sommes son peuple, Il nous a affranchis et libérés.¹ »

Le souci des anabaptistes consistait à ne pas séparer la croix comme source du salut et la croix comme modèle de vie. Pour eux, la victoire de la résurrection et l’envoi de l’Esprit faisaient le lien entre la croix qui sauve et la croix comme vie à la suite du Christ.

VICTOIRE !

Dans cette perspective, nous pouvons concevoir le mal et le péché comme un grand cercle vicieux dans lequel nous naissons, qui laisse son empreinte sur nous et nous rend prisonniers. Le mal appelle le mal, la vengeance appelle la vengeance, la violence appelle la violence. L’humanité se trouve emprisonnée et incapable d’en sortir. Dieu en Christ fait pour nous, ce que nous ne pouvons pas faire. Le Dieu trinitaire s’incarne et assume en lui-même les conséquences du mal. Jésus refuse de jouer le jeu et « se laisse prendre ». C’est la seule manière de briser le cercle vicieux. Par la croix Jésus confronte le mal, donnant sa vie en notre faveur. La mort ne peut le retenir et la résurrection est la victoire sur les forces du mal. En même temps, Jésus nous montre le moyen d’affronter le mal, c’est-à-dire suivre ses traces, ne pas jouer le jeu. Par sa mort et sa résurrection, Dieu fait ce que nous ne pouvons pas faire, tout en rendant possible un chemin nouveau (« Que celui qui veut me suivre prenne sa croix »). Le Père vient dans le Fils, et ensuite l’Esprit est envoyé en vue de notre transformation. L’Agneau a vaincu, suivons ses traces !

¹P. Riedemann, Doctrine et vie des anabaptistes houttériens, Éditions Excelsis, 2007, p.62

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