Aux frontières de l’Europe
J’ai remarqué que je commençais toujours par dire la même chose : « Mais tout le monde est malade, tout le monde est enceinte, tout le monde a besoin d’un meilleur endroit pour vivre, tout le monde a besoin d’une couverture ! » Rien de faux dans cette phrase, mais comment ces mots peuvent-ils t’aider dans ta situation ? Ils ne te rendent pas moins malade, moins enceinte, et pourtant c’est comme si en les disant je me sentais moins coupable de ne pas pouvoir faire plus pour toi. Et si je pouvais t’aider plus ?
Si je regarde à Jésus, je n’arrive pas à penser à une situation où il n’a rien fait parce qu’il était submergé par le nombre de personnes qui avaient besoin d’aide. Il a laissé les 99 moutons pour chercher celui qui était perdu. Il n’a pas guéri toute la foule. Il ne s’est pas arrêté pour chaque personne qui l’interpellait. Mais il a guéri, il s’est arrêté et il a cherché celui qui était dans le besoin.
Même si je ne peux pas agir de la manière que tu attendais, je sais que je peux t’aider en ne te disant pas que tu es comme tout le monde, parce que tu ne l’es pas.
Je vais devoir continuer à te dire non pour certaines choses dont ta famille a besoin. Je vais devoir continuer de te dire que je n’ai pas un meilleur endroit pour ton bébé. Mais je vais m’arrêter, je vais t’écouter et je vais prier qu’à la fin tu reçoives plus que ce à quoi tu t’attendais et plus que ce que tu as demandé. J’espère qu’un jour tu pourras trouver la paix dans ton cœur malgré la folie de ce monde, parce que Sa paix surpasse toute compréhension.
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Les réfugiés viennent principalement d’Afghanistan, de Syrie, de la RD Congo et de Somalie. Ils arrivent sur l’île de Lesbos par bateaux gonflables depuis la Turquie. Là, ils vivent pendant des mois dans des conditions très difficiles au camp de Moria en attendant que leur demande d’asile soit traitée.
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Une tente familiale fait 16 m2 et accueille entre 12 et 16 personnes. Cette famille de cinq personnes vit dans le tiers de cette tente avec des couvertures accrochées en guise de séparation avec les autres familles.
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La culture afghane est très différente de la culture africaine et pourtant leurs histoires les relient. Au milieu de ces situations très difficiles, la mixité culturelle et les interactions interculturelles sont ce qu’il y a de plus beau et de plus riche au camp de Moria.
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Une maman qui vit au camp m’a dit un jour : « Nous ne voulons pas que nos enfants voient ce que nous avons vu, c’est pour cela qu’on est parti. » Le camp de Moria accueille aujourd’hui plus de 19 000 personnes. 60 % de ces personnes sont des femmes et des enfants.
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Ce père de famille s’apprête à faire la queue pendant des heures pour recevoir un croissant au chocolat pour le petit-déjeuner. Il doit le faire trois fois par jour, c’est son activité principale de la journée.
POUR ALLER PLUS LOIN…
D’octobre 2018 à décembre 2019, Salomé Wiedmer a effectué trois missions pour une ONG venant en aide aux migrants dans le camp de Moria, sur l’île de Lesbos, en Grèce. À travers ses photos, elle nous invite à aller aussi les rencontrer. Pour plus de photos et d’histoires : une exposition est présentée à l’étage du café Oh my Goodness de Strasbourg jusqu’au 31 octobre 2020.
L’organisation avec laquelle Salomé Wiedmer a travaillé : eurorelief.net