Génération désenchantée

 Dans Christ Seul

J’ai profité de ce temps de confinement pour suivre certaines émissions télévisées. Dans l’une d’elles – The Voice –, j’ai été profondément interpellé par la performance d’une jeune femme de mon âge, Toni, chantant avec intensité : « Je suis d’une génération désenchantée. » En reprenant à son compte une chanson de Mylène Farmer (dont j’ignorais auparavant l’existence), Toni a su pointer avec justesse l’état de ma génération : désenchanté.

Car au regard de l’indignation portée par les mouvements #BlackLivesMatter, des millions de victimes de l’épidémie du Covid–19, des catastrophes environnementales qui se multiplient – comme dernièrement en Australie –, des crises économiques – de 2008 et d’aujourd’hui –, la « Génération Z » semble bel et bien désabusée. Sans chercher à victimiser ma génération plus qu’une autre, celle-ci présente la singularité d’avoir grandi dans le monde nouveau et anxieux d’Internet. C’est aussi une génération qui a assisté très jeune à la prise de conscience du dérèglement climatique, et à l’effondrement des mythes du consumérisme et du progrès qui animaient autrefois nos aînés.

Comment vivre en tant que jeune chrétien du 21e siècle ? Comment faire face à ce désenchantement ? Comment réussir à vivre et partager l’espérance biblique, aujourd’hui ? Voici trois pistes qui me semblent intéressantes à explorer.

I – Reconnaître que certaines désillusions sont nécessaires et salutaires

Si la Bible nous encourage, à de multiples reprises, à espérer, elle ne nous pousse pas pour autant à espérer en n’importe quoi ou n’importe qui. Bien au contraire ! Le croyant y est appelé à délaisser ses mauvaises habitudes ou ses « idoles » – ces choses qu’on idéalise ou qui prennent une place trop importante dans nos vies. Pour l’Ecclésiaste (en quelque sorte un « vieux sage » de l’Ancien Testament), il s’agissait de son travail : « J’ai réfléchi à tout ce que mes mains avaient entrepris, à la peine que j’avais eue pour le faire, et j’ai constaté que tout n’est que fumée et revient à poursuivre le vent ». Plus personnellement, je pense à ma réputation sur les réseaux sociaux, ma quête de succès, mon aspiration à – plus tard – avoir la famille parfaite… Tout n’est que fumée… Mais la bonne nouvelle derrière tout ça ? C’est que désespérer de tout ce qui trompe est souvent le seul moyen d’espérer en ce qui ne trompe pas !

II – Garder son cœur et cultiver l’espérance

Enfant, vous avez peut-être vous aussi appris ce proverbe biblique : « Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui viennent les sources de la vie. » À notre époque où les informations fusent et se contredisent, où les théories se confrontent aux contre-théories, je crois que l’exhortation de « garder son cœur » peut aussi passer par le garder des flux d’informations ou des discours démoralisants. Il ne s’agit pas de devenir indifférent, ni de faire l’autruche, mais plutôt de ne pas permettre que quelque chose assèche notre cœur profond ou encombre les sources de la vie qui s’y trouvent. Concrètement, cela me pousse à désactiver certaines notifications, à faire le tri dans ce que je regarde ou ce que j’écoute, ou encore à arrêter mon téléphone passée une heure de la soirée. « Garder son cœur », c’est aussi le nourrir de choses bonnes, vertueuses : l’amitié, la Parole de Dieu, la famille, la prière, la joie du salut, la beauté de la nature ou d’une musique, d’un film, d’un livre… L’espérance, ça se cultive !

III – Prendre le temps d’accueillir nos proches dans leurs désillusions

Regardons bien autour de nous, dans les séries TV, chez nos amis : derrière l’apparence du « tout va bien », la dépression et les pensées suicidaires sont omniprésentes. Et la crise sanitaire semble avoir accentué ce triste phénomène. Je suis convaincu qu’en tant que chrétiens, nous avons un rôle à jouer. Être le sel de la terre et la lumière du monde, c’est venir redonner de la saveur à l’existence des personnes qui nous entourent, c’est venir apporter un peu de clarté à leurs ténèbres. Nous sommes bien petits pour résoudre les problèmes de ce monde, mais pourquoi ne pas commencer par agir à notre échelle, auprès de celles et ceux que Dieu place sur notre route ? Je suis convaincu par la pertinence de l’Évangile pour notre génération désenchantée. Notre Dieu est « l’auteur de l’espérance », et il souhaite nous utiliser pour la faire connaître au plus grand nombre !

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