Le corps, ce mal-aimé

 Dans Christ Seul

Dans l’histoire humaine, le rapport au corps n’a cessé de fluctuer et continue, aujourd’hui encore, à faire parler de lui. Pas si simple d’habiter son corps. Que l’on passe son temps à l’admirer, à l’ausculter sous toutes ses coutures, à s’en inquiéter, ou que l’on ne supporte pas l’image qu’il nous renvoie dans le miroir, il serait plus juste de parler du corps mal aimé.

COMPAGNON INTIME

Notre corps nous rend visible au monde, il fait partie intégrante de notre personne, nous donne consistance et nous permet d’être en relation avec notre environnement, avec les autres. Durant notre séjour terrestre, il va fidèlement porter notre vie, se transformer, nous accompagner dans tous les actes de la vie quotidienne. Fidèle serviteur de la vie, il sera présent à tous nos rendez-vous, petits et grands, et jusqu’au bout de la vie. Mais il peut être difficile de l’accepter tel qu’il nous est donné, tel qu’il devient au fil des ans, de la maladie, des épreuves qui vont le marquer, dans une société qui se fait d’une image fabriquée, une norme à suivre. On sera alors capable d’infliger à son corps beaucoup de violence pour tendre vers cette image inatteignable, et, pire encore, retourner contre lui haine, colère, désespoir.

BLESSURES

Si le regard des autres est important, doit-il peser autant ? Et quel lien y a-t-il entre ce regard extérieur porté sur nous et celui que nous portons sur nous-mêmes ? Le rapport à notre corps va se construire à travers les interactions, agréables et désagréables, vécues avec les autres depuis la prime enfance. Déjà tout petit, un enfant peut être rejeté par ses proches, par ses pairs, pour un rien, une différence, ou parce qu’il ne correspond pas à l’image attendue. Il va alors se sentir honteux de sa différence, honteux d’être en deçà des espérances qu’on avait placées en lui, et d’autant plus s’il ne se trouve, autour de lui, personne pour l’entendre. Il reste alors seul face à la violence du rejet, de la non-reconnaissance, du non-respect de qui il est dans son unicité.

ÊTRE À L’ÉCOUTE

Comment avons-nous été accueillis, portés, contenus, entendus, regardés et touchés ? Était-ce toujours dans un cadre respectueux et rassurant ? Non, bien-sûr, et notre corps en a gardé la trace émotionnelle. Le corps parle et ne ment pas, dit-on. Nous gagnerions à l’écouter davantage, à ne pas trop vite nous retrancher derrière la pensée rationnelle pour expliquer, voire pour minimiser ce qui se passe, ce qui se vit, quand il se rappelle à nous. Le désordre intérieur, le mal-être, va marquer le corps, lieu par excellence des combats que l’on mène contre soi-même, souvent de manière inconsciente. On peut batailler longuement avec son corps quand il ne correspond pas à l’image que l’on voudrait donner de lui, de soi. Il est possible de le surinvestir, de le désinvestir, totalement.

VERS LA RÉCONCILIATION

Dieu s’est fait couturier pour vêtir ses enfants qui se découvrent nus et fragiles, après être tombés. Si nous sommes coupables de manquer à l’amour, Dieu ne nous abandonne pas pour autant. Ce tissu dont Il nous recouvre protège notre fragilité, cette fragilité qui nous rend si vulnérable devant l’autre. Un jour on peut arriver, et c’est un très beau jour que ce jour-là, à se laisser revêtir de l’amour de ce Père et, enfin à s’en laisser aimer. Cet amour ne va pas seulement restaurer en nous ce qui a besoin de l’être mais, très vite, nous ne pourrons plus le contenir car sa vocation est de se répandre, de transformer tout ce qu’il touche, de sauver tout ce qui est perdu. Cela ne nous invite-t-il pas à nous regarder autrement, à prendre soin de ce corps qui prend si grand soin de nous ? Être dans la gratitude, lui dire merci, remercier notre Père pour ce corps qui nous fait exister et qui nous sert, jour et nuit, de mille et une façons. Se pencher sur le corps, c’est se pencher et méditer sur une œuvre divine et bonne.

Dieu nous a créé à partir d’humus, mais à son image et à sa ressemblance ; et j’aime beaucoup cette réalité humaine qui fonde notre identité et c’est celle-ci que je veux retenir et garder, pour me regarder, pour regarder l’autre, femme et homme toujours en devenir, avec un regard neuf et émerveillé.

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