Le désert
Ceux qui sont déjà allés dans un désert au sens géographique du terme en décrivent la beauté, la vie, le mouvement. C’est un puissant lieu de ressourcement face au stress et au rythme trop souvent effréné de nos vies. Le lieu théoriquement sans source devient lieu de ressourcement…
Cela dit, le ressourcement est possible s’il n’y a pas de soucis pour boire, manger ou dormir. Mais quand un ou plusieurs de mes besoins existentiels sont menacés ou non pourvus, je peux me sentir dans un désert même si je vis dans un pays globalement riche de toutes sortes de biens. Si ma santé ou l’état de mes finances sont ébranlés, alors ma sérénité sera probablement aussi touchée.
Le désert me place face à mes contradictions, éclaire parfois de façon désagréable mes choix. Mes assurances commerciales ont-elles plus d’importance que mes assurances célestes, celles qu’il est impossible de voler, celles qui ne rouillent pas ? Mise au défi par les difficultés, ma (petite) foi doit s’appuyer sur (un grand) Dieu, sur sa Parole écrite quand lui peut sembler absent… C’est probablement pour cela que Dieu amène ses enfants à vivre des temps de désert spirituel. Il offre ainsi, de façon un peu insistante, une occasion de nous recentrer sur lui, de cribler nos dépendances.
Trop souvent dans nos échanges, nos moments de partage, même dans ce journal, nous préférons dire nos succès, nos réussites, les belles réponses reçues à nos prières. Il est plus difficile de parler des moments sans réponse. Pourtant, le désert spirituel est un passage normal de la vie d’un enfant de Dieu.
Nelly Sinclair (p.12) nous donne à voir ces temps difficiles comme utiles. Dans le désert, nous remettons notre échelle de valeurs à jour. On réalise qu’il n’y a rien de plus précieux qu’un verre d’eau quand on est assoiffé. Et puis, comme le montre le récit de la traversée du Sahara en camion (p.31), un passage au désert accompli avec le soutien de frères et soeurs crée l’unité. Ces vécus partagés soudent entre nous des chaînes d’amour : quelle merveilleuse dépendance !
Vivons-nous tous suffisamment le verset de 1 Corinthiens 12.26, « si un membre souffre, tout le corps souffre » ? Que ceux qui vont bien pensent aux autres, pour que chacun des maillons dans l’épreuve tienne bon.