Rentrer ensemble

 Dans Christ Seul

Le livre de Ruth est le seul du canon biblique à porter le nom d’une femme étrangère. Il est centré sur Ruth, une Moabite, et sa belle-mère, Naomi, qui retournent au pays de Juda. Les cinq premiers versets parlent de calamités, de déplacements, de stérilité, de mort. Trois femmes ont survécu : une mère israélite et ses deux belles-filles moabites.

VULNÉRABLES

Ces femmes vulnérables se trouvent à la frontière entre Moab et Israël. Veuves sans enfants, elles ne savent pas si elles trouveront un endroit sûr ou un foyer dans un nouveau pays. Orpah choisit de retourner d’où elle vient, mais Ruth persiste à suivre Naomi. Ces deux dernières années, nous avons été témoins de l’horreur causée par la pandémie. Elle nous a séparés de nos proches et nous a isolés les uns des autres. Nous sommes Naomi, Orpah et Ruth. Aujourd’hui, beaucoup de gens vivent comme ces veuves vulnérables : le traumatisme de la violence domestique, les effets désastreux du changement climatique, l’hostilité envers les immigrants, l’injustice envers les personnes handicapées ou les minorités… Alors que nous concluons le rassemblement Indonésie 2022, nous sommes prêts à quitter l’île de Java. Mais où retournerons-nous ?

SANS VALEUR ?

Le retour de Naomi avec sa belle-fille Ruth n’est pas seulement une histoire de survie de deux femmes sans valeur. Elle peut être considérée comme l’une des plus belles histoires de réconciliation de l’humanité. Les Moabites étaient interdits d’accès aux rassemblements religieux d’Israël ; chez les Israélites, les épouses étrangères pouvaient être expulsées. Mais le livre de Ruth présente une histoire différente. L’engagement de Ruth à suivre Naomi révèle un profond courage pour briser les frontières d’ethnie et de race, de nationalité, de religion et d’âge. La réconciliation ne peut être atteinte lorsqu’il n’y a pas d’engagement à franchir les frontières.

Crédit : Barbara Zandoval

TISSER DES LIENS NOUVEAUX

En s’aventurant dans un pays étranger et auprès d’un peuple inconnu, Ruth refuse le statut de femme sans valeur fondé sur une définition patriarcale de la famille. Mais il y a plus. Ce lien non conventionnel entre deux femmes se situe entre la belle-mère et la belle-fille, une relation souvent empreinte de tension et de rivalité dans de nombreuses cultures. Les paroles de Ruth manifestent un caractère indépendant : cette femme marginalisée fait preuve de fidélité et de solidarité envers une autre femme. Ainsi, la graine de réconciliation est plantée.

OÙ VA NOTRE FAMILLE ANABAPTISTE MONDIALE  ?

Nous devons suivre Jésus au-delà des barrières, celles créées par les structures humaines qui nous séparent de nos voisins. Répandre l’Évangile ne signifie pas simplement offrir la Bonne Nouvelle aux non-croyants. C’est offrir pleinement une nouvelle famille, dans laquelle chaque personne peut expérimenter la présence aimante de Dieu. Les évangiles appellent cela le Royaume de Dieu. En effet, dans le Christ, nous trouvons de nouveaux frères et sœurs dans le monde entier.

NOS FRONTIÈRES

Aujourd’hui, nous ne sommes pas seulement appelés à célébrer ensemble notre foi, mais aussi à démanteler les longues répercussions du colonialisme, de l’esclavage, des génocides. Aujourd’hui, les migrations vers des terres étrangères en raison du changement climatique, de la guerre et de la pauvreté sont une réalité dans de nombreuses régions du monde. Les immigrants sont souvent confrontés à l’intolérance et à l’hostilité du pays d’accueil quand ils tentent de s’assimiler dans de nouveaux contextes et cultures. Nous sommes interpellés par les jeunes qui se donnent la main pour sensibiliser le monde à la crise climatique.

LA VOIX DES FEMMES

Bien des femmes vivent encore dans une société fortement patriarcale et sexiste. Des survivantes d’abus sexuels dénoncent la duplicité de chefs religieux, de stars, de héros sportifs et d’hommes politiques. Nous sommes mis au défi d’élever la voix avec elles. « À travers les yeux des femmes, écrit le théologien Darryl W. Stephens, on nous rappelle que ce qui est personnel est politique, que le rétablissement de la paix s’applique au foyer comme à la guerre et que la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ n’exige pas la souffrance et la docilité, mais la libération et la justice ».

ÉCRIRE UNE HISTOIRE DIFFÉRENTE

Frères et sœurs en Christ, continuons à suivre Jésus ensemble. Proclamons l’Évangile de la paix libératrice, en brisant les barrières et en franchissant les frontières établies par les pouvoirs injustes qui nous isolent les uns des autres. Puissions-nous trouver un foyer là où la lumière du Christ nous conduira, un foyer partagé avec les personnes que le monde juge sans valeur !

Traduction et adaptation : Élisabeth Baecher

Nindyo Sasongko est un théologien indonésien chargé d’enseignement à l’université Fordham et membre du groupe de travail de la CMM sur la protection de la création. Il a été pasteur au sein de Gereja Muria Kristen Indonesia (GKMI)

 

 

 

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