Noël à Zaporijia
À Zaporijia, dans l’est de l’Ukraine, le centre New Hope¹ s’est retrouvé en première ligne dans le secours aux personnes déplacées et traumatisées par la guerre. Ces dernières semaines, l’intensification des attaques sur la ville l’a contraint à suspendre la plupart de ses activités. Face à des besoins et une détresse immenses, est-il encore possible de susciter un « nouvel espoir », une espérance ?
Je ne peux pas me mettre à la place de personnes ainsi confrontées à la violence de la guerre. Mais cette préoccupation m’a rappelé un texte étudié il y a quelques années. Il s’agit de la prédication apportée par Gerhard Ebeling, alors pasteur de l’Église confessante, le soir du 24 décembre 1944, devant quelques fidèles réunis dans une maison à Berlin². Est-il possible de célébrer Noël dans une ville dévastée, sous la menace des bombardements et de l’avancée des troupes ennemies ?
Loin d’offrir une parenthèse « Noël enchanté » à ses auditeurs, cette prédication débute par le récit d’une histoire qui apparaît bien triste : celle de la naissance de Jésus. Un couple sans abri pour la nuit, une femme qui n’a d’autre choix que d’accoucher dans une étable. En quoi une telle naissance peut-elle être source d’espérance ? La crèche parle de pauvreté, de rejet, de détresse.
La raison d’espérer est donnée à quelques pas de là, dans les champs. L’essentiel de Noël est tout entier contenu dans le message proclamé par les anges aux bergers : cet enfant est votre Sauveur, votre Rédempteur ! (Luc 2.11)
L’éclat dans le ciel, le chant des anges n’ont duré qu’un instant. La réalité misérable de l’étable est demeurée la même. Mais tout a changé. Le message des anges éclaire désormais la crèche d’une tout autre lumière. L’espérance a germé dans le coeur des bergers, puis s’est propagée, à travers les siècles et les calamités.
À Zaporijia, mais aussi à Kaboul et ailleurs, des femmes et des hommes veillent, témoins d’une Espérance que rien ne peut détruire.
¹ Ce centre de l’organisation Multiply est soutenu par le Mennonite Central Committee et par le réseau des oeuvres mennonites d’entraide EMRO.
² « Noël dans la sombre année 1944 » in JM Tétaz, Paroles de Noël, Genève, Labor et Fides, 2013, p. 229-235